Archives alsaciennes d'histoire de l'art (5.1926)

NOTE
SUR DEUX BUSTES D’ÉVÊQUES AU MUSÉE
DE MULHOUSE
par L. G. WERNER

IA sculpture, intimement liée à la peinture et aux travaux religieux,
| y était au Moyen âge un privilège de l’église. La fin de l’ère gothique
et la transition vers la Renaissance ont produit en Alsace une série d’œuvres
du plus haut intérêt, parmi lesquelles se trouvent de nombreux autels sculptés,
au caractère particulièrement puissant, qui accusent un style indigène, sinon
celui d’une école alsacienne.
Déjà aux xne et xme siècles le contact avec les idées françaises avait été
dans les pays rhénans l’apanage d’une élite composée de nobles et de reli-
gieux1. Au xive et dans la première moitié du xve siècle les idées flamandes
influencèrent les productions indigènes; à partir de ce moment l’influence
artistique néerlandaise, particulièrement secondée par Nicolas de Leyde,
pénétra peu à peu en Alsace, où elle s’unissait à celle des écoles rhénanes
et des ateliers français. Le mouvement vers la maison de Bourgogne s’était
dessiné en Alsace, surtout dans le Haut-Rhin, depuis le xive siècle et gagna
en intensité dans la seconde moitié du xve siècle ; l’ascendant de Nicolas
de Leyde, élève de l’école franco-flamande, n’était certes pas étranger à ce
développement rapide. Mais, si nous sommes amplement renseignés sur la
peinture et ses écoles des xive et xve siècles, la sculpture alsacienne reste
presque inconnue et il est fort difficile de reconstituer son histoire, vu que
seules quelques rares œuvres de maîtres ont échappé à la destruction par les
iconoclastes de la Réforme et les vandales de la Révolution.
Le Musée historique de Mulhouse possède, depuis 1883, deux bustes
d'évêques, accolés, en demi-grandeur naturelle, provenant de Saint-Amarin 2.

1 A. Girodie. Martin Schongauer et l’art en Alsace au xve siècle. Paris, 1912, p. 37.
2 Catalogue du Musée historique de Mulhouse, 1899, n° 155.