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unique fois, car il jura le lendemain qu’il ne la reverrait jamais et tint pa-
role ». Tandis que le duc s’occupait de franc-maçonnerie, comme les Hesse
d’ailleurs, la duchesse, un peu isolée à la cour, mais non sans crédit, se liait
avec le prince Emmanuel de Salm-Salm. Elle recevait à Paris la visite de
Madame d’Oberkirch. Un des fils de la landgravine, Chrétien de Hesse, de-
venu chanoine du Grand Chapitre de Strasbourg en 1767, à l’âge de 17 ans
vivait à Strasbourg sous la surveillance de son gouverneur, l’abbé Collignon.
Charles de Hesse (1752-1822), frère du chanoine, le futur «prince jacobin»,
le « général Marat », qui était entré au service de la France à 14 ans en 1765
avec le titre de capitaine au Royal-Allemand et qui aura un régiment en
1778, commande en 1772 à Strasbourg, la « Compagnie du Prince de Hesse » ’.
Venue à Strasbourg voir ses fils, la landgravine mourut d’hydropisie au
Palais épiscopal où elle logeait, le 12 décembre 1773, âgée de 51 ans. Les
laïques qui « avaient rendu des services distingués à la patrie » ou qui « étaient
issus d’une illustre origine 1 2 » pouvaient être inhumés dans la Cathédrale ;
Marie-Sophie fut enterrée le 16 décembre, à 5 heures du soir, aux flambeaux ;
au pied du premier pilier droit, en partant du chœur (au pied du second
pilier de la nef, car le chœur « anticipait » alors sur la nef et avançait jusqu’au
premier pilier actuel). Le convoi fut solennel, car il s’agissait d’un grand
de la terre, et Grandidier nous le décrit par le menu ; les cérémonies
durèrent jusqu’au 20 décembre 3. Le landgrave, qui devait épouser en 1775
une marquise de Bombelles, fonda en 1774 un anniversaire dans le grand-
chœur en faveur de Marie-Sophie et, désireux de « rendre à la mémoire de la
défunte ce que sa tendresse lui dictait », il décida de faire « élever un mausolée
sur sa tombe » et chargea l’abbé Collignon de « prendre les arrangements
nécessaires ». L’abbé commanda le mausolée à Pertois qui s’engageait à
« l'exécuter et à le parfaire »4 pour le 22 février 1777 5 6. Nous avons conservé
le dessin du mausolée, monument élégant et sobre, du style « Louis XVI »
le plus pur : en bas le sarcophage à l’antique, masqué par une plaque où
devait être gravée la longue inscription que rapporte Grandidier ; plus haut
1 Grandidier, Abbé. Essais sur la Cathédrale. Strasbourg, 1782, p. 369. Essais... supplé-
ment et appendice publiés par J. Liblin. Strasbourg, 1868, p. 6-7 et p. 27-28.
Chuquet, A. Un prince jacobin. Charles de Hesse. Paris, 1906.
Bord, G. La franc-maçonnerie en France des origines à 1815. T. I, Paris, p. 337-339-
Oberkirch, Baronne d’. Mémoires. Édit, de Bruxelles, 1854. T. I, p. 168-169. 25 mai 1782,
p. 195, Ier juin. (Clauss, J. M.-B. Das Munster als Begrabnis — Strassb. M.-Blatt. Il,
1905. III. 1906.
2 Grandidier. Essais, p. 369. T. II, p. 195, 22 février 1786.
3 Grandidier. Essais. 1868. Livre IV, tombeau N° XI, p. 6 et 7.
4 Archives municipales. Fonds du Préteur Royal. AA 2482. Pièces relatives au mausolée de
Hesse.
6 Archives municipales. Fonds du Préteur Royal. AA 2567. Pièces relatives aux contestations
entre la corporation des maçons et Pertois.
unique fois, car il jura le lendemain qu’il ne la reverrait jamais et tint pa-
role ». Tandis que le duc s’occupait de franc-maçonnerie, comme les Hesse
d’ailleurs, la duchesse, un peu isolée à la cour, mais non sans crédit, se liait
avec le prince Emmanuel de Salm-Salm. Elle recevait à Paris la visite de
Madame d’Oberkirch. Un des fils de la landgravine, Chrétien de Hesse, de-
venu chanoine du Grand Chapitre de Strasbourg en 1767, à l’âge de 17 ans
vivait à Strasbourg sous la surveillance de son gouverneur, l’abbé Collignon.
Charles de Hesse (1752-1822), frère du chanoine, le futur «prince jacobin»,
le « général Marat », qui était entré au service de la France à 14 ans en 1765
avec le titre de capitaine au Royal-Allemand et qui aura un régiment en
1778, commande en 1772 à Strasbourg, la « Compagnie du Prince de Hesse » ’.
Venue à Strasbourg voir ses fils, la landgravine mourut d’hydropisie au
Palais épiscopal où elle logeait, le 12 décembre 1773, âgée de 51 ans. Les
laïques qui « avaient rendu des services distingués à la patrie » ou qui « étaient
issus d’une illustre origine 1 2 » pouvaient être inhumés dans la Cathédrale ;
Marie-Sophie fut enterrée le 16 décembre, à 5 heures du soir, aux flambeaux ;
au pied du premier pilier droit, en partant du chœur (au pied du second
pilier de la nef, car le chœur « anticipait » alors sur la nef et avançait jusqu’au
premier pilier actuel). Le convoi fut solennel, car il s’agissait d’un grand
de la terre, et Grandidier nous le décrit par le menu ; les cérémonies
durèrent jusqu’au 20 décembre 3. Le landgrave, qui devait épouser en 1775
une marquise de Bombelles, fonda en 1774 un anniversaire dans le grand-
chœur en faveur de Marie-Sophie et, désireux de « rendre à la mémoire de la
défunte ce que sa tendresse lui dictait », il décida de faire « élever un mausolée
sur sa tombe » et chargea l’abbé Collignon de « prendre les arrangements
nécessaires ». L’abbé commanda le mausolée à Pertois qui s’engageait à
« l'exécuter et à le parfaire »4 pour le 22 février 1777 5 6. Nous avons conservé
le dessin du mausolée, monument élégant et sobre, du style « Louis XVI »
le plus pur : en bas le sarcophage à l’antique, masqué par une plaque où
devait être gravée la longue inscription que rapporte Grandidier ; plus haut
1 Grandidier, Abbé. Essais sur la Cathédrale. Strasbourg, 1782, p. 369. Essais... supplé-
ment et appendice publiés par J. Liblin. Strasbourg, 1868, p. 6-7 et p. 27-28.
Chuquet, A. Un prince jacobin. Charles de Hesse. Paris, 1906.
Bord, G. La franc-maçonnerie en France des origines à 1815. T. I, Paris, p. 337-339-
Oberkirch, Baronne d’. Mémoires. Édit, de Bruxelles, 1854. T. I, p. 168-169. 25 mai 1782,
p. 195, Ier juin. (Clauss, J. M.-B. Das Munster als Begrabnis — Strassb. M.-Blatt. Il,
1905. III. 1906.
2 Grandidier. Essais, p. 369. T. II, p. 195, 22 février 1786.
3 Grandidier. Essais. 1868. Livre IV, tombeau N° XI, p. 6 et 7.
4 Archives municipales. Fonds du Préteur Royal. AA 2482. Pièces relatives au mausolée de
Hesse.
6 Archives municipales. Fonds du Préteur Royal. AA 2567. Pièces relatives aux contestations
entre la corporation des maçons et Pertois.