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https://doi.org/10.11588/diglit.27697#0595
LES CHASEYRS. m
venerie ne sçait parler Sc respondrc en termes propres comme on doit, ce
seroit vne grande confuiîon &C honte pour kiy de s’en entre-mettre. Car on
demandera àceuxquisont retournezdeleursquestes, quelles nouuellesils
en apportent : adoncques doit dire naïfuemét chacun d’eux ce qu’il en aura
trouuéeneffedt: ÔClîaucunaveuIecerf àveuè', onleluyfait deuiièrquel il
est, tant de pellage,que de corsage, & de ià rameure. Que s’il apporte des fit-
mées en la saison où l’on a accoustumé d'y asseoir iugement, il les mostre, 6C
on regarde lesmeilleures, dontonditlescauses &Craisonspourquoy. On les
interroge austî en quelle meute sont les cerfs qu’ils ont destournez : 6C puis
on arreste celuy qu’on doit aller courre,&ordone les chiens,tant de lameu-
te que des relais. Cela fait, ils sasseent sur l’herbe verde : &c boiuent &C repais-
sent ioyeusement, lors qui sçait bons mots si les die. Et quand on sçait bônes
nouuellesdubois, ôcqueletempsestbeau&serein, ÔCnature a prissare-
fedion si qu’elle est contente, il est bien raison austî que le cœur soit lie. Et là
dessus chacun endroit soy monte à cheual pour aller faireson deuoir. Maù
il ejt deformaù temps d'oüyr ce qùen ueut dire Philosirate.
T pourquoyne deuiserons-nous de ceux que la peinture
nous ramene icy de lachasse, Scde ceste source d’eau claire
propre à s'en refraischir Sc rinsser la bouche,voire en aualler
quelque traid, auec son ruisseauargentin? Mais voyez aussî
ce gentil bosquet tout autour, ouurage, comme il le faut
croire, de la sage Sc prudente nature, fort industrieuse en
tout ce qu’elle veut entreprendre,ÔC qui n’a aucun besoin d’artifice,comme ->
celle qu i mesme a donné commencement à toutcs les arts. Car qu’est-ce qui ”
luy defaut icy pour y apprester vn ombrage? Et de fai£f ces plaisantes vignes ”
sauuages rampans tout le long des arbres, viennent à ioindre les sommitez de
Ieurs sarments, qui s’entrelacent l’vn dans l’autreenformed'arceau. Plus ce
Üzeron Sc lyerre s’allongeans tant ensemblément que chacun à part, nous
rendent ie ne sçay comment ce lieu (ombre, Ô£plus agreableque sîlestoit
fait d artifice : la musique quant Sc quant de ces linottes Sc charderonnets,
de ces rossrgnols SC fauucttes,&les melodieux accords de tous les au tres oy-
sillons, qui desgoisent leur ramageàl’enuy, quid’vnesorte, qui d’vneautre,
nous ramenent icyfort artificiellement surlalangue lesemmiellezvers de
Sophocle, où il met que lc plus souuent tout aupres de luy ces gracieuses
Philomelesfont retentir hair dufondsdeleurs harmonieusesgorges. Mais
ceste troupe de chasseurs,les vns gais, ioy eux,est>audis, les autres vigoureux
Sc robustes,respirét encore la feruente ardeur de la poursuitte de leur chassè,
Ôclesautres s’occupans en diuerses manieres, se recrétnt du trauail passé.
Quel,ôDieux, Sccombiendeledtable à l’œil est ce que cet artifice nous
monstrc? Cartoutapertementonpeut voirla fortuneque chacun d’eux a
obtenuê. Certes, ce li£t a bonne grace, fait à la haste de fueilles Sc d’herbes,
comme il leur est venu en main. Or sur ceste paillassè bastie de pants de rets
ce me semble,sont assîs à table les Colomnels Sc Capitaines, pour parler plus
venerie ne sçait parler Sc respondrc en termes propres comme on doit, ce
seroit vne grande confuiîon &C honte pour kiy de s’en entre-mettre. Car on
demandera àceuxquisont retournezdeleursquestes, quelles nouuellesils
en apportent : adoncques doit dire naïfuemét chacun d’eux ce qu’il en aura
trouuéeneffedt: ÔClîaucunaveuIecerf àveuè', onleluyfait deuiièrquel il
est, tant de pellage,que de corsage, & de ià rameure. Que s’il apporte des fit-
mées en la saison où l’on a accoustumé d'y asseoir iugement, il les mostre, 6C
on regarde lesmeilleures, dontonditlescauses &Craisonspourquoy. On les
interroge austî en quelle meute sont les cerfs qu’ils ont destournez : 6C puis
on arreste celuy qu’on doit aller courre,&ordone les chiens,tant de lameu-
te que des relais. Cela fait, ils sasseent sur l’herbe verde : &c boiuent &C repais-
sent ioyeusement, lors qui sçait bons mots si les die. Et quand on sçait bônes
nouuellesdubois, ôcqueletempsestbeau&serein, ÔCnature a prissare-
fedion si qu’elle est contente, il est bien raison austî que le cœur soit lie. Et là
dessus chacun endroit soy monte à cheual pour aller faireson deuoir. Maù
il ejt deformaù temps d'oüyr ce qùen ueut dire Philosirate.
T pourquoyne deuiserons-nous de ceux que la peinture
nous ramene icy de lachasse, Scde ceste source d’eau claire
propre à s'en refraischir Sc rinsser la bouche,voire en aualler
quelque traid, auec son ruisseauargentin? Mais voyez aussî
ce gentil bosquet tout autour, ouurage, comme il le faut
croire, de la sage Sc prudente nature, fort industrieuse en
tout ce qu’elle veut entreprendre,ÔC qui n’a aucun besoin d’artifice,comme ->
celle qu i mesme a donné commencement à toutcs les arts. Car qu’est-ce qui ”
luy defaut icy pour y apprester vn ombrage? Et de fai£f ces plaisantes vignes ”
sauuages rampans tout le long des arbres, viennent à ioindre les sommitez de
Ieurs sarments, qui s’entrelacent l’vn dans l’autreenformed'arceau. Plus ce
Üzeron Sc lyerre s’allongeans tant ensemblément que chacun à part, nous
rendent ie ne sçay comment ce lieu (ombre, Ô£plus agreableque sîlestoit
fait d artifice : la musique quant Sc quant de ces linottes Sc charderonnets,
de ces rossrgnols SC fauucttes,&les melodieux accords de tous les au tres oy-
sillons, qui desgoisent leur ramageàl’enuy, quid’vnesorte, qui d’vneautre,
nous ramenent icyfort artificiellement surlalangue lesemmiellezvers de
Sophocle, où il met que lc plus souuent tout aupres de luy ces gracieuses
Philomelesfont retentir hair dufondsdeleurs harmonieusesgorges. Mais
ceste troupe de chasseurs,les vns gais, ioy eux,est>audis, les autres vigoureux
Sc robustes,respirét encore la feruente ardeur de la poursuitte de leur chassè,
Ôclesautres s’occupans en diuerses manieres, se recrétnt du trauail passé.
Quel,ôDieux, Sccombiendeledtable à l’œil est ce que cet artifice nous
monstrc? Cartoutapertementonpeut voirla fortuneque chacun d’eux a
obtenuê. Certes, ce li£t a bonne grace, fait à la haste de fueilles Sc d’herbes,
comme il leur est venu en main. Or sur ceste paillassè bastie de pants de rets
ce me semble,sont assîs à table les Colomnels Sc Capitaines, pour parler plus