Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Blanc, Charles
Histoire des peintres de toutes les écoles (École Hollandaise, 1): École Hollandaise — Paris: Librairie Renouard, Henri Laurens, éditeur, 1861

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.68747#0100
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
2

ÉCOLE HOLLANDAISE

Quelques maîtres, comme Cuyp, Ostade et Rembrandt, qui étaient, pour ainsi parler, des peintres sui
generis, échappèrent à l’entraînement général; mais la plus grande partie des peintres illustres de ce pays
vécurent longtemps à Rome et y laissèrent leurs meilleurs tableaux. Elzheimer, Poelenburg, Pierre de
Laer, Karel Dujardin, Herman Swanevelt, André et Jean Roth, Asselyn formèrent comme une colonie de
protestants et de Hollandais dans la cité des papes et des empereurs.
Il paraît que Breenberg était fort jeune lorsque l’amour de l’art le poussa à son tour sur la route de Rome.
Cette conjecture des biographes est justifiée par l’examen de ses œuvres, où l’on trouve dès le commencement
l’image de la nature italienne et l’influence des maîtres alors célèbres dans ce pays. D’ailleurs on ne sait rien
de sa vie. Il naquit à Utrecht, non pas en 1620, comme le disent les biographes, mais certainement dix ou
quinze ans plus tôt. La preuve en était claire dans un tableau qui parut à la vente du cardinal Fesch, portant
la date de 1632. Ce tableau, exécuté dans toute la.vigueur du talent de Breenberg, accusait un homme mûr ou
tout au moins un peintre qui avait plus de douze ans1. Breenberg mourut à Rome en 1660 2. Ces deux dates
composent à elles seules toute sa biographie. Il faut donc renoncer à connaître l’homme et se contenter
d’étudier l’artiste.
Breenberg a traité tour à tour les sujets d’histoire et le paysage. Quoique ses tableaux soient en général
de petite dimension , ils contiennent souvent beaucoup de personnages et représentent des scènes très-
compliquées. L’une de ses meilleures compositions dans ce genre est celle qui représente Joseph en Égypte,
faisant distribuer du blé au peuple pendant la disette. On y voit Joseph debout sur un pan de muraille, étendant
la main droite vers un homme placé au-dessous de lui et qui semble tenir le compte des ventes sur un grand
livre. Le ministre du Pharaon est vêtu à l’orientale : il porte un turban surmonté d’une aigrette et une robe de
velours sous un manteau doublé d’hermine. Sur le premier plan, trois vieillards assis autour d’une table empilent
les sequins que le peuple affamé apporte en échange du blé qu’on lui vend. Cependant un homme en haillons,
pâle, amaigri, étale sur la table des pièces d’argent que l’un des collecteurs examine d’un œil scrupuleux. A
droite de cet homme, deux femmes — l’une jeune, l’autre vieille — semblent implorer la pitié de Joseph en
lui montrant à leurs pieds deux enfants qui crient la faim. Les coins du tableau contiennent plusieurs autres
personnages secondaires et des animaux de différentes espèces, des chameaux, des bœufs, des ânes, des chevaux,
des moutons. Dans le fond, on aperçoit une place où s’élève une haute colonne, plus loin, les toits d’une ville,
et aux extrémités de l’horizon, de hautes montagnes. Cette composition savamment ordonnée produit cependant
un effet médiocre. Le dessin manque de mouvement, et les physionomies sont sans expression. Le peintre
avait été bien inspiré sans doute lorsqu’il avait eu l’idée d’opposer la maigreur et le dénûment des pauvres
depuis longtemps privés de nourriture, à la physionomie opulente, à la face réjouie des employés du monarque;
mais la mise en œuvre est restée au-dessous de l’intention. On dirait que le peintre a été plus préoccupé
de faire entrer dans le même cadre beaucoup de figures, d’animaux, de costumes et de palais que de
produire l’effet pathétique que l’on pouvait attendre d’une pareille scène3. On peut faire les mêmes
observations au sujet du tableau conservé au Louvre, qui représente le Martyre de saint Etienne. Dans ce
morceau d’un bel effet de lumière et d’un ton mâle, le côté dramatique est très-faible, et le spectateur
demeure aussi froid que dut l’être le peintre lui-même.
Dans le paysage, qui demande moins d’énergie, moins de passion, Breenberg réussit mieux. Ce n’est pas
qu’il ait un sentiment très-profond ou très-original de la nature; mais il l’observe avec patience et la rend
avec une étonnante vérité. Il lit sa constante élude des débris de l’ancienne Rome. Il dessinait toutes les ruines
qu’il rencontrait dans ses promenades et ne manquait pas de les adapter avec goût à ses petites compositions,
1 Voyez ce que dit à ce sujet M. Georges dans son Catalogue de la Vente du Cardinal Fesch.
M. Hubcr (Notice sur les graveurs} fixe la date de sa mort à l’année 1663.
3 Ce tableau a été gravé par Biscbop. L’épreuve que j’ai eue sous les yeux ne ressemblait pas tout à fait au tableau que je viens
de décrire. Breenberg a-t-il refait plusieurs fois le même sujet ou le graveur lui-mème s’est-il permis de modifier l’œuvre du
maître? Quoi qu’il en soit, dans la gravure, une partie des animaux placés à droite du tableau et quelques figures à gauche sont
supprimées. Ce retranchement du reste produit un heureux effet. Il donne plus d’ordre et d’unité à l’ensemble de la composition.
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen