Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Blanc, Charles
Histoire des peintres de toutes les écoles (École Hollandaise, 1): École Hollandaise — Paris: Librairie Renouard, Henri Laurens, éditeur, 1861

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.68747#0164
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2

ÉCOLE HOLLANDAISE.

Harlem fut la patrie de Dusart, qui y naquit en 1665. Il apporta en naissant les facultés qui firent de lui un
artiste et l’humeur enjouée qui décida du caractère de ses œuvres. Tout ce qui frappait ses regards, dans
l’intérieur de la maison, dans la rue, au marché, à la porte du cabaret, à la fête du village voisin, se gravait
si vivement dans son esprit qu’il en conservait le souvenir présent et vivant jusqu’à ce qu’il eût rapidement
dessiné la conversation de buveurs qu’il avait observée, la querelle qui l’avait ému, la danse de villageois qui
l’avait amusé un instant. L’observation et la mémoire des formes, des physionomies et des gestes étaient donc
ses qualités dominantes. A l’exemple de son maître Adrien Van Ostade, il les appliqua de préférence à la
peinture des mœurs populaires et particulièrement des mœurs rustiques. Son bonheur était de suivre les
paysans à la guinguette, d’y entrer avec eux et d’épier leur contenance, la bonhomie de leurs moindres
mouvements, la grimace de leur sourire. Pris sur le fait, sans s’en douter et par conséquent dans toute la
simplicité de leur attitude ou de leur allure, les paysans des environs de Harlem se retrouvaient le lendemain
sur la toile du peintre avec ce cachet que la nature donne et que rien ne saurait remplacer : « Par cette vérité,
dit Descamps, il sut rendre ses tableaux plaisants et agréables. C’était un prodige pour la mémoire : une figure
originale qui le frappait dans quelque fête était rendue longtemps après dans son tableau comme s’il en avait
fait la copie sur-le-champ, d’après nature. »
Corneille Dusart avait un caractère doux et gai. Il est vrai de dire que la plupart des artistes, même ceux
qu’un maître domine, ne peuvent se dépouiller tout à fait de leur tempérament et contemplent dans la nature
précisément ce qu’ils ont au fond du cœur. Ce qui attirait Dusart au cabaret ou à la kermesse, c’était la
jovialité des villageois qu’il y voyait danser et boire, mais non le désir de boire ou de danser comme eux.
Personnellement, Corneille Dusart était un homme d’une complexion délicate qui n’aimait guère les festins
qu’en peinture et ne ressemblait point sous ce rapport à son compatriote Jean Steen, lequel se montrait aussi
adonné à l’ivrognerie qu’il fut habile à peindre les ivrognes. On peut juger du reste, au portrait qu’en ont
esquissé les biographes hollandais et après eux Descamps, que Dusart était un vrai citoyen de Harlem. En effet
les habitants de cette ville sont plus débiles que ceux des autres contrées de la Hollande. Ils ont une constitution
faible et le teint fort pâle. On ne leur voit point, comme par exemple aux bourgeois de Leyde, leurs voisins,
des yeux bruns, des cheveux noirs et l’apparence d’un tempérament robuste: mais leur caractère n’en est pas
moins gai pour cela, et d’ordinaire ils se livrent avec excès au plaisir et à leurs diverses passions, dont la plus
vive a trait à la culture des fleurs. L’eau-de-vie de genièvre est leur liqueur favorite, et ils y ajoutent un
usage immodéré du thé et du café, ce qui sans doute contribue à la faiblesse de leurs organes. Sur ce point,
Corneille Dusart faisait exception, car Houbraken nous apprend qu’il était sobre et ne paraissait dans les
compagnies que lorsqu’on y parlait d’art, de tableaux, de dessins ou d’estampes. Lui-même il avait formé
une collection rare de ces objets, et il paraît qu’il inspira le même goût à un ami qui ne le quittait point,
Adam Dingemans, lequel possédait également de riches portefeuilles de gravures et de dessins de maîtres.
Il est presque aussi rare de rencontrer un tableau de Corneille Dusart où ne se trouve point un violon, que
de voir un Philippe Wouwermans sans aucun cheval. Le ménétrier-est un de ses héros les plus assidus, par
cela même que la fête rustique est son sujet de prédilection. Ses bons villageois, moins trapus et moins lourds
que ceux d’Ostade, dansent d’un air plus déluré et font des grâces avec une certaine intention de malice. C’est
ce qui a fait dire à Descamps et à d’autres que Dusart était plus spirituel que son maître. Le fait est que ses
magot sont quelque chose de plus civilisé, partant, moins de caractère et, pour ainsi parler, moins de race. Mais
quelle franche gaîté! quel entrain ! Ses foires — il en a gravé de sa main — sont admirables par le mouvement
des figures et par un certain fouillis pittoresque qu’on ne retrouve point dans la précision un peu sèche de
Callot. Ici l’on se gaudit, l’on chante et l’on danse tumultueusement. Des acrobates élèvent sur un tréteau leurs
pyramides humaines; un charlatan crie à tue-tête son élixir; l’éternel violon grince pour tout le monde et
semble égayer les animaux eux-mêmes; les chiens sont en liesse, les cochons font entendre un voluptueux
grognement, et les poules échappées du sérail courent après leur sultan , qui agite fièrement sa crête écarlate.
Quelquefois les figures de Dusart rappellent le paysan grivois et caustique de Jean Steen : par exemple quand
il représente deux vieux paillards qui content fleurettes à une chaste Suzanne du Waterland, l’un tenant
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen