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Blanc, Charles
Histoire des peintres de toutes les écoles (École Hollandaise, 1): École Hollandaise — Paris: Librairie Renouard, Henri Laurens, éditeur, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.68747#0312
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ÉCOLE HOLLANDAISE.

libres, et la justesse de l’œil par la recherche des tons les plus fins. Les Hollandais, au contraire, ont toujours
donné à la nature la première place dans leur amour aussi bien que dans leurs tableaux. Tant qu’ils suivirent
leur propre impulsion, je veux dire les conseils de leur tempérament et de leur climat, tout leur fut matière à
chef-d’œuvre. Il leur parut que c’était bien assez de peindre les bords d’un ruisseau, de rendre une muraille
pittoresque et verdoyante, d’exprimer la grâce d’une fleur, son élégance joyeuse ou austère, son caractère
triomphant ou mélancolique, ses nuances légères, ses doux reflets. Le Gaulois peint les fleurs afin de réjouir
l’œil de l’artiste par le rapprochement imprévu de toutes les couleurs que fait vivre le soleil. Le Hollandais
s’adresse à l’amateur des jardins et se propose de réveiller en lui les sensations qu’éprouve son âme à la vue
des fleurs dont il sait l’histoire, la famille, les variétés et les parfums; il veut donner sur sa toile des siècles
de durée à la fraîcheur de cette rose odorante qui ne dure qu’un jour. Baptiste n’arrange un bouquet de fleurs
tpie comme un moyen d’arriver à quelque effet merveilleux; Van Huysum prend les fleurs pour le but même
de sa peinture.
Le pays du monde où l’on aime le plus les fleurs fut précisément la patrie de Van Huysum. Il naquit à
Amsterdam en 1682; il était le fils aîné et il fut l’élève de Juste Van Huysum, peintre de fleurs, qui avait fait
de sa maison une sorte de manufacture où l’on trouvait tout ce qui peut contribuer à la décoration des
appartements et des jardins. A la tète de cette espèce d’entreprise, Juste Van Huysum avait placé son fils Jean
et, sous la discipline de leur aîné, travaillaient ses autres enfants, auxquels il avait également appris la peinture;
mais bientôt les pures occupations du métier fatiguèrent Jean Van Huysum. qui se sentait fait pour atteindre aux
délicatesses de l’art. Les ouvrages d’Abraham Mignon, de Verelst et de David de Heem furent l’objet de ses
études les plus attentives, et ces maîtres lui enseignèrent à voir la nature, livre charmant et lumineux, mais
dans lequel rarement on sait lire du premier coup. Cette imitation fut très-heureuse pour lui, parce qu’étant
destiné à surpasser des peintres qui jusqu’alors avaient paru inimitables, il découvrit en eux les défauts qu’il
importait de fuir; défauts légers en apparence, mais qui devaient offusquer un homme dont le rêve était la
perfection même. La nature observée de près, avec passion, et dans ses plus belles espèces, acheva le talent de
Van Huysum. Voyant se dérouler tout un monde dans la seule étude des fleurs, il explora jusqu’aux plus petits
recoins de son domaine : oiseaux, papillons, guêpes, mouches à miel ; il n’oublia, pour ainsi parler, aucun
des satellites de la fleur. U s’exerça aussi de bonne heure à imiter les consoles de marbre qui servaient de
support à ses corbeilles, les vases en terre cuite où devaient tremper ses bouquets, et les bas-reliefs qui
rehaussaient les fleurs de ces vases, et les mascarons et les chimères qui en formaient les anses. Il s’arma ainsi
de toutes pièces pour aller à la conquête des roses.
Les Hollandais poussent à l’extrême le goût des collections. Ce goût est ce qu’ils appellent dans leur langue
liefhebbcry, mot qu’on ne saurait traduire en français que par celui de curiosité. Les uns font des cabinets de
coquillages, les autres collectionnent des médailles; tel marchand de fromages aura une bibliothèque de raretés
ou fera des folies pour des porcelaines de la Chine ou du Japon. Mais, à vrai dire, la plus grande curiosité des
Hollandais est celle de la peinture et des fleurs. On juge par là si Van Huysum, déjà parvenu à éclipser Abraham
Mignon, dut avoir du succès parmi ses compatriotes. Par un seul tableau il flattait leur double passion pour les
fleurs et pour la peinture. Toutefois, un des premiers à rechercher ses ouvrages et à vanter son talent, ce fut
l’envoyé de France, le comte de Morville, qui lui commanda quatre tableaux, deux pour le duc d’Orléans et
deux pour lui-même. Cette haute protection mit Van Huysum en vogue, attira sur lui l’attention des grands
personnages étrangers, et dès lors, dit Descamps, on paya chacun de ses tableaux jusqu’à 1,200 florins
de Hollande. Sa réputation s’étant ainsi répandue bien vite au dehors, tous les princes d’Allemagne,
tous les souverains de l’Europe furent jaloux de posséder des fleurs de la main d’un peintre qui avait pour
atelier les jardins des plus riches fleuristes d’Amsterdam et de Harlem ; le roi de Pologne, le roi de Prusse,
l’électeur de Saxe, le prince de Hesse, lui en demandèrent qui furent payés des prix considérables, et un
homme qui était alors en Europe presque autant qu’un souverain, sir Robert Walpole, fit venir quatre tableaux
de Van Huysum pour en orner son palais de Houghton-Hall dans le Norfolk : de là le goût passionné des
Anglais pour ce peintre d’ailleurs si charmant, car il est permis de penser qu’à cette époque l’initiative d’un
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