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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 1) — Paris, 1831

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https://doi.org/10.11588/diglit.666#0007
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i

INTRODUCTION.

PREMIÈRE PARTIE.

Ci est une erreur commune à tous les philosophes grecs de représenter les premières familles des hommes plongées
dans la barbarie, adonnées aux plus honteuses superstitions, vivant de glands et de racines, vêtues de peaux de bêtes et
habitant dans des cavernes. Ils ignoraient qu'après le déluge, le genre humain descendit dans la plaine de Sennaar, et
qu'il n'y avait qu'une même pensée parmi les hommes, celle de l'unité de Dieu.

LaloideMoïse fut donnée l'an du monde 2513 (av.J.-C. i49i)>cest~à-dire plusieurs siècles après l'établissement d'Inachus
et de Cécrops dans la Grèce, et même postérieurement à l'arrivée de Cadmus dans la Béotie. Le code des Hébreux tendait à
rappeler les hommes au culte du vrai Dieu : voyons comment les philosophes grecs expliquaient les origines primordiales
de l'univers.

Les sages de l'école antique admettaient en principe l'état de béte et de mutisme, mutum et turpe pecus, dont les
hommes sont sortis, par une expérience de tâtonnements et de hasards heureux ; comme si la brute pouvait changer de
condition. En effet, l'oiseau fait son nid ainsi qu'aux premiers jours de la création, et les animaux parviennent tout-
à-coup à un point qu'ils ne peuvent franchir, parce que l'instinct a ses limites invariables.

Un esprit divin anime, au contraire, l'homme! Pour lui seul la vérité a existé avant l'erreur, la science avant l'igno-
rance, les lois et les mœurs avant la barbarie; et le culte fut pur jusqu'à l'époque de la dispersion des familles patri-
ciennes de tunivers antédiluvien! Ainsi parle l'école chrétienne. Le principe de la civilisation remonterait donc aux pre-
miers âges de l'ère humaine. On voit, plus de 1800 ans avant J.-C., des rois de Sicyone et d'Argos, ce qui suppose une
société formée. L'un de ces rois sacrifie à Jupiter Phryxien, sur le Parnasse, pour l'avoir sauvé d'un cataclisme. Par-
tout on trouve des autels, des sacrifices, des expiations, des oracles, des rois , des tribunaux ; institutions qui ne peu-
vent s'accorder avec l'état de brute. Ainsi Dieu était glorifié par les hommes aux voix articulées, suivant l'expression
d'Homère, dès les temps les plus anciens dans la Hellade. Les Israélites étaient encore esclaves dans l'Egypte, lorsque
Eumolpe établit les mystères d'Eleusis, où cette formule était annoncée, en ternies solennels, aux initiés: Contemple le
roi du monde ; il est un ; il est lui-même; de lui sont nés tous les êtres ; il est en eux et au-dessus d'eux ; il a l'œil sur
tous les mortels, et aucun des mortels ne le voit. Voilà l'époque des premiers monuments et celle où le temple d'Apollon
de Delphes, qui n'était qu'une tonnelle en lauriers du Tempe, fut changé en édifice solide.

On peut conclure, par un passage de Varron, cité par saint Augustin, que la statuaire, quelle que fût la grossièreté
de son art, vint long-temps après les constructions architecturales. L'introduction des simulacres n'était point une
idée reçue, mais une innovation, et ce fut elle qui amena l'idolâtrie.

Homère et Hésiode étaient monothéistes ; leurs hymnes qu'on chantait dans les fêtes étaient, en même temps, le caté-
chisme des peuples qui habitaient la Hellade, les îles de l'Archipel égéen et les contrées voisines de cette mer au sable
doré, dont les flots baignent les rivages de l'Ionie et du continent hellénique.

Homère professa, avant Hésiode, la doctrine des unitaires de l'antiquité. Zeus, Deus, Jupiter, dit-il, est le maître
souverain des dieux et des hommes, lui seul lance la foudre. Réunissez-vous, dieux et déesses, employez vos plus grands
efforts, vous n'abaisserez pas vers la terre le dieu très-haut et impénétrable dans ses pensées; et s'il me plaît, je
vous enlèverai tous, avec la terre et les mers profondes, et je vous attacherai au faîte de l'Olympe, où vous resterez sus-
pendus ! Tel est le pouvoir sans bornes qui m'élève au-dessus des dieux et des hommes.

Hésiode, après avoir célébré la naissance du monde, qui tira son principe du Chaos (car l'Esprit, d'autres
disent XAmour, sommeillait étendu sur les eaux) représente Jupiter établissant l'ordre. La Justice, les Vertus, les
Parques, les Saisons, les Heures et toutes les Puissances sont à ses ordres ; il élève et il abaisse qui lui plaît; c'est au ciel
et sur la terre le distributeur de l'autorité, de la gloire et du bonheur.

L'idée publique d'un Dieu suprême se conserva au milieu du paganisme. Mais le pouvoir des fables, qui enfanta le po-
lythéisme , fut seul favorable aux arts de l'architecture, de la sculpture et de la peinture. Peu importait aux Grecs que
les mythes fussent vraisemblables, pourvu qu'ils fussent extraordinaires et merveilleux. C'est pourquoi ils sont quel-
quefois difficiles à démêler, parce que les premiers Hellènes, prenant pour des histoires positives ce que les Egyptiens
leur racontaient en style figuré, exprimaient à leur manière ce qu'ils avaient pu retenir et comprendre, en le défigurant
encore par des circonstances qu'ils y ajoutaient. Ainsi, Hérodote, Thucydide et, après eux, Pausanias, s'expriment
souvent d'une manière vague et obscure, quand ils parlent des premiers temps de la Grèce.

Nous ne pouvons juger de l'artchez les Grecs que par les débris de leurs monuments, de leurs temples, de leurs statues et de
leurs bas-reliefs, souvent mutilés ; de leurs vases qui représentent des fêtes publiques ou des scènes de famille ; de leurs pierres
gravées, de leurs médailles , de leurs cippes, de linteaux chargés d'anathèmes ou consécrations, de légendes, de décrets

Expéd. tn Morée. a

j
 
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