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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 1) — Paris, 1831

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https://doi.org/10.11588/diglit.666#0141
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( 56

OLYMPIE.

Au nom seul d'Olympie, l'imagination d'un poëte s'enflammerait, et trouverait dans la description
de ce lieu , autrefois si célèbre , le motif de belles pages qui seraient consacrées ^ans doute à retracer ces
jeux qui durent leur origine aux dieux de l'Olympe, et auxquels Hercule, Apollon, Mars et Mercure
daignèrent prendre part. Laissant un libre cours aux pensées qui lui seraient inspirées, il nous
peindrait cette plaine couverte des plus beaux monuments, chefs-d'œuvre des Phidias et des Alcamènes,
où tous les cinq ans les peuples de la Grèce se rassemblaient, et où les plus beaux génies de l'antiquité
venaient mettre le sceau à leur gloire immortelle en se disputant une couronne d'olivier. Mais incapable
de rendre dignement la poésie de ces lieux inspirateurs , et devant d'ailleurs réduire tous ces beaux
souvenirs du passé à une simple description du présent, nous bornerons notre récit à faire connaître
fidèlement la vallée de l'Alphée, jadis brillante de toutes les richesses et de toutes les gloires, et qui
aujourd'hui n'offre plus qu'un désert.

C'est à Olympie que l'Alphée paraît dans toute sa largeur et sa beauté , ayant été grossi de plusieurs
autres fleuves considérables, tels que l'Hélisson , le Brenthéate , le Gortynius, le Buphagus, le Ladon
et l'Erymanthe'. Les Eléens prétendaient que dès l'âge d'or Saturne avait un temple à Olympie"; ils
attribuaient l'origine des jeux Olympiques à Hercule, qui (disaient-ils) proposa un jour à ses quatre
frères Péoneùs , Epimède, Jasius et Ida, de s'exercer à la course, et de décerner au vainqueur une
couronne d'olivier, arbre qu'Hercule avait importé en Grèce3 ; d'autres racontaient que Jupiter et
Saturne combattirent ensemble à la lutte dans Olympie, et que l'empire du monde fut le prix de la
victoire ; enfin il y en avait qui soutenaient que Jupiter ayant triomphé des Titans , institua lui-même
ces jeux, où Apollon, entre autres, signala son adresse en remportant le prix de la course sur
Mercure, et celui du pugilat sur Mars4.

Cinquante ans après le déluge de Deucalion, Clymenus, fils de Cardis, et l'un des descendants d'Hercule
Idéen, étant venu de Crète, célébra ces jeux à Olympie, ensuite il consacra un autel aux Curetés,
et nommément à Hercule, sous le titre d'Hercule Protecteur. Endymion, fils d'Atthlius, chassa Clymenus
de l'Elide, s'empara du royaume et le proposa à ses propres enfants pour prix de la course. Pélops, qui
vint trente ans après Endymion, fit représenter ces mêmes jeux en l'honneur de Jupiter, avec plus de
pompe et d'appareil qu'aucun de ses prédécesseurs5; mais depuis Oxilus, qui ne négligea pas non plus
ces sortes de spectacles, les jeux Olympiques furent interrompus jusqu'à Iphicrate , qui les rétablit.

La solennité des jeux Olympiques attirait de toutes les parties de la Grèce une foule considérable qui
y arrivait par terre et par mer6; elle était consacrée par un décret qui suspendait toutes les hostilités,
et en vertu duquel des troupes qui seraient alors entrées dans la terre d'Olympie auraient été condam-
nées à payer une amende de deux mines (180 livres) par soldat '.

Suivant l'ancien usage, les vainqueurs, déjà comblés d'honneurs sur le champ de bataille, rentraient
dans leur patrie avec tout l'appareil du triomphe8, précédés et suivis d'un cortège nombreux, vêtus
d'une robe de pourpre 9, quelquefois sur un char à deux ou quatre chevaux, et par une brèche pratiquée
dans le mur de la ville I0. En certains endroits le trésor leur fournissait une subsistance honnête " : à
Lacédémone ils avaient l'honneur, dans un jour de bataille, de combattre auprès du roi"; presque
partout ils avaient la préséance à la représentation des jeux ; et le titre de Vainqueur Olympique ajouté
à leur nom leur conciliait une estime et des égards qui faisaient le bonheur de leur vie '3.

Avant notre arrivée à Olympie, plusieurs voyageurs français et étrangers, comprenant l'importance
des découvertes qu'on pouvait faire dans cette mine féconde, avaient fait tous leurs efforts pour retrouver
quelques-uns des monuments que Pausanias a décrits. Parmi ces voyageurs nous devons citer MM. Fauvel,

1 Pausan., liv. V , chap. vu.
' Id.

3 H.

4 ld.

5 Id. liv. V, chap. vm.

6 Philostr., Vit. Apoll., liv. VIII, chap. xvm.

I iEschin. de Fais, leg., p. 397.

8 Mém. del'Acad. des Belles-Lettres, t. I, p. 27-i

9 Theocrit., in Idyll. 2, v. 74.

10 Plut., Sympos, lib. II, 55, t. II, p. 63g.

II Diog. Laert. in Solon., lib. I, § 55.
" Plut. inLyc, t. I, p. 53.

,3 Xenoph. ap. Athen., lib. X, chap. 11, p. 414.
 
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