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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 1) — Paris, 1831

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https://doi.org/10.11588/diglit.666#0074
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(23)

MESSENE.

Lorsqu'on pense à décrire le site et les monuments de l'antique Messène, l'esprit se trouve entraîné par
la vive sympathie qu'éveillent les souvenirs d'héroïsme et de constance de son peuple, dans trois guerres
successives dont le récit offre l'épisode le plus intéressant, peut-être, de l'histoire de la Grèce.

Avant le rétablissement de l'indépendance de cette contrée, par les Thébains , à la suite de la bataille
deLeuctres, aucune ville n'avait porté le nom de Messène. Ce fut Epaminondas qui fonda cette nouvelle
cité au pied de l'Ithome, qui devint son acropole. Sur le sommet de ce mont, et dès la plus haute
antiquité, des temples étaient consacrés au culte des grandes déesses Cérès et Proserpine, ainsi qu'à
Jupiter Ithomate.

C'est sur l'Ithome, et presque dans le sanctuaire de leurs divinités tutélaires, que les Messéniens, acca-
blés par la puissante Lacédémone, vinrent, dans la première et la troisième guerre qu'elle leur suscita ,
chercher un dernier refuge et se défendre avec un courage désespéré; mais après des années d'héroïques
efforts, deux fois ils y virent expirer leur liberté.

Sparte, que les institutions de Lycurgue avaient rendue forte et ambitieuse, convoitait les riches
campagnes de la Messénie, et cherchait contre elle des prétextes de guerre. Une rixe violente, dans
laquelle Téléclus, l'un de ses deux rois, fut tué, éclata àLimna, ville située sur la limite des deux
Etats et consacrée au culte commun des deux peuples. Ayant exigé des Messéniens des réparations
humiliantes qui leur furent refusées , les Lacédémoniens s'emparèrent aussitôt par surprise d'Ampheïa et
des autres places frontières, dont ils massacrèrent les habitants ( 744 av- J- C. ).

Les Messéniens coururent aux armes, et après plusieurs combats meurtriers dont le succès fut dou-
teux, ils se retirèrent sur l'Ithome, dans la douzième année de la guerre.

Assiégés dans leur citadelle par une armée nouvelle, ils lui firent éprouver plusieurs défaites ; mais
une résistance si glorieuse et si longue épuisait toutes leurs ressources, et Aristodème, leur roi, après
avoir bravé pendant cinq ans les efforts des Spartiates, trouva sa position si désespérée qu'il se donna
la mort.

Les Messéniens découragés, et d'ailleurs épuisés par la famine, abandonnèrent la place dans la ving-
tième année de la guerre. Le peuple se retira sur le territoire de ses alliés, en Argolide et en Arcadie.
Ceux qui restèrent en Messénie furent soumis à l'humiliante condition de porter à Sparte la moitié du
produit annuel de leurs terres; mais ce joug était trop pesant pour qu'il pût durer (724)-

Quarante ans après la prise de l'Ithome , les Messéniens se révoltèrent et prirent pour chef un prince
du sang royal, Aristomène, général habile et audacieux.

Après un premier combat soutenu glorieusement, Aristomène courut en Laconie, et pénétra pendant
la nuit dans le temple de Minerve, au milieu de l'Acropole de Sparte, et y consacra à la déesse un
bouclier pris sur les Spartiates.

Ceux-ci, pour se conformer à l'oracle, ayant pris pour les commander le poète Tyrtée , n'en éprou-
vèrent pas moins trois défaites dans les plaines de Stényclaros; découragés par ces revers, ils voulaient
renoncer à la guerre, mais Tyrtée s'y opposa et les excita de nouveau à combattre. Les Messéniens, trahis
par le roi dArcadie leur allié, furent vaincus à la bataille de la grande Tranchée, et se retirèrent sur
le mont Ira, qu'Aristomène défendit pendant onze années.

Plus tard, profitant d'un orage, et instruits d'ailleurs par un transfuge de l'état souffrant de leur
général les Spartiates attaquèrent les Messéniens, et s'emparèrent dira, après quatorze années de
combats glorieux pour les vaincus (668). Aristomène fit néanmoins sa retraite au milieu des assiégeants,
et conduisit les débris de sa troupe chez les Arcadiens, où une nouvelle trahison fit échouer le hardi
projet qu'il y avait conçu de surprendre et de détruire Sparte.

Une partie des Messéniens restèrent en Arcadie, tandis que les autres allèrent s'établir à Zanclé,
en Sicile, qui reçut d'eux le nom de Messane, aujourd'hui Messine.

Deux siècles après la chute d'Ira(464), les Ilotes et les Messéniens, voulant profiter du désordre
qu'avait occasionné à Sparte un tremblement de terre qui ensevelit 20,000 de ses habitants, se
révoltèrent et prirent les armes; mais ayant été repoussés dans leurs premières attaques par Archi-
damus, roi de Lacédémone, ils se retirèrent sur l'Ithome, où leur courage héroïque et l'assistance de
Pise firent durer le siège dix années. I2
 
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