Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 1) — Paris, 1831

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.666#0075
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
la plus grande activité

( *4)

Après la prise del'Ithome (454), les Athéniens recueillirent les Messéniens et les établirent à Naupacte;
mais ils en furent chassés par les Lacédémoniens , quand le succès de la bataille d'JEgos Potamos leur
eut rendu la prépondérance qu'ils avaient perdue. Quelques-uns alors allèrent rejoindre leurs frères en
Sicile ; d'autres fondèrent une colonie en Libye.

La victoire qu'Epaminondas remporta à Leuctres contre les Lacédémoniens (371) étonna la Grèce et
ébranla la puissance de Sparte. Pour tenir leurs rivaux dans l'abaissement, les Thébains se firent les
protecteurs de tous les peuples qu'ils avaient asservis ; l'Arcadie et la Messénie recouvrèrent leur indé-
pendance ; mais pour la consolider, Epaminondas fit relever leurs murailles, et les Arcadiens, d'après
son conseil, bâtirent Mégalopolis, afin de réunir en un seul point les populations de quarante villes
éparses. Il rappela de tous les pays où ils étaient dispersés les descendants des Messéniens bannis, et qui,
chose digne de remarque, rapportèrent dans leur ancienne patrie les mœurs, le costume et le langage
doriens qu'ils avaient conservés intacts 'au milieu de différents peuples.

Epaminondas songea à leur fonder une ville qui pût devenir un asile redoutable à l'ennemi.
L'heureuse position de l'Ithome et l'assiette du terrain à la base de ce mont, si admirablement dis-
posée pour asseoir une place de guerre, n'échappèrent pas à la sagacité d'un général si habile, et il
choisit ce lieu déjà sacré aux yeux des Messéniens. Mais pour se conformer aux idées religieuses du temps,
et pour agir puissamment sur l'esprit superstitieux d'un peuple que quatre siècles d'infortunes avaient
rendu craintif, il fit consulter les augures pour connaître la volonté des dieux, et la réponse, comme on
peut le penser, fut conforme à ses desseins (36g).

Il mit aussitôt tout en œuvre pour l'exécution de son projet, imprima
aux architectes et aux travailleurs, surveilla tout, et les temples, les maisons s'élevèrent, et une ceinture
de murailles formidables environna la cité nouvelle , qu'Epaminondas nomma Messène , voulant sans
doute réunir comme en un seul faisceau tous les souvenirs glorieux de la Messénie entière qu'il faisait
renaître forte et menaçante devant sa rivale humiliée '.

Depuis cette époque, la Messénie prit son rang parmi les Etats libres de la Grèce, et le conserva
jusqu'à la domination romaine. Seulement Messène fut surprise pendant la nuit par Démétrius, que
son père Philippe, roi de Macédoine, avait envoyé pour lever des tributs d'argent sur les contrées
voisines. Connaissant bien les localités, il escalada la muraille entre la ville et l'Acropole; mais repoussé
par les habitants de la cité, et écrasé par la garnison de la citadelle, il s'enfuit dans le plus grand
désordre, après avoir perdu presque tous ses soldats.

Dans le troisième siècle , le nom de Messène reparait encore , et Hiéroclès en fait mention au sixième.
L'oubli passa ensuite sur cette cité.

Parmi les ruines que nous offre cette ville célèbre , son mur d'enceinte, dont nous retrouvons encore
de grandes parties, tient le premier rang. L'abbé de Fourniont, qui voyageait en Grèce en 1729, dit
qu'alors les murs de Messène étaient flanqués de trente-huit tours. Aujourd'hui la porte de Mégalopolis,
celle de Laconie et plusieurs tours sont encore debout ; quelques-unes sont même dans un état parfait de
conservation ( voyez les planches ).

Aux endroits où ces constructions ont été renversées, on retrouve les traces de la muraille et l'em-
placement des tours ; et dans ceux où il n'existe plus rien, la forme du terrain, jointe à la disposition
des restes qui l'avoisinent, indique leur ensemble d'une manière qui n'est point douteuse, de telle sorte
que nous avons pu relever avec certitude le plan de ces murailles, ainsi que celui de la double enceinte
qui forme la citadelle sur l'Ithome.

Dans l'intérieur , on retrouve une quantité de ruines et de débris en place dont il est difficile de
reconnaître la destination ; d'autres ont suffisamment conservé de leurs formes primitives pour permettre
de les comprendre facilement. Parmi ces derniers se trouve le stade, entouré de portiques doriques d'un
beau caractère ; à son extrémité, nous avons retrouvé tous les fragments d'un sedicule passablement
conservé, et dont nous pourrons donner une restauration certaine. Ensuite, les ruines du théâtre ; des
soubassements d'édifices ; des files de colonnes renversées ou en place ; des bases de tombeaux; deux ou
trois fragments de sculpture ; quelques inscriptions et les restes antiques de la fontaine Clepsydre, qui,
aujourd hui encore, fournit de l'eau assez abondamment pour la consommation des habitants de Mavro-
matietpour la culture des terres de la vallée.

Sur la citadelle est un petit couvent qui occupe probablement l'emplacement du temple de Jupiter,

1 Voy. pour ces trois guerres et pour la fondation de Messène, Pausanias, Thucydide, Strabon, Polybe et Barthélémy.


 
Annotationen