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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 3) — Paris, 1838

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https://doi.org/10.11588/diglit.668#0024
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( i6)
La vue, dans cet endroit, est aussi belle qu'étendue; elle peut se prolonger vers la partie nord-est
jusqu'à Eubée, aujourd'hui Négrepont ; au sud-ouest jusqu'à Egine, et au sud-est jusqu'à plusieurs iles
des Cyclades.

Ce promontoire est exposé, plus que tout autre endroit, à la violence des vents qui soufflent dans
plusieurs directions : le mont Laurium lui donne même peu d'abri : il parait très-dangereux pour
les naufrages; on dit même qu'il était le refuge des pirates, Maniotes et Eubéens, qui de cet endroit
découvraient les navires à une grande distance, ce qui leur permettait de les attaquer avec avantage.
La partie supérieure du promontoire de Sunium est couronnée par les restes d'un beau temple eu
marbre blanc et de l'ordre dorique. Ce temple est construit sur une plate-forme soutenue, au nord
et à l'ouest, par un mur de soutènement, composé d'assises en marbre blanc. Sur l'un des côtés
de ce mur formant péribole, se trouvent les restes d'un petit temple également de l'ordre dorique
et en marbre blanc, que nous supposons avoir dû servir de propylées à cette enceinte. Vitruve affirme
que le temple de Castor, dans le cirque de Flaminius, à Rome, ressemblait à celui de Minerve à
Sunium'. Comment n'a-t-il pas ajouté que celui de Thésée, à Athènes, était aussi un de ceux qui
pouvaient le plus lui être comparés ?

Ce temple, d'après les auteurs anciens, parait avoir été consacré à Minerve, et portait le nom de
Minerve Suniade, à cause du promontoire de Sunium sur lequel il est élevé : de ses péristyles
latéraux il n'en reste plus aujourd'hui que onze colonnes portant encore leur architrave; deux colonnes
sont au nord et neuf au sud. On trouve en outre deux pilastres du pronaos dont un n'a plus que
deux assises, et au milieu sont deux colonnes dont une n'a qu'un seul tambour, ce qui fait en tout
quinze colonnes, pilastres compris. Une grande partie des débris de ce temple couvre le sol, et c'est
à l'aide de ces restes précieux que nous avons essayé de faire une restitution de ce monument.
D'après les indications de l'abbé Fourmont2, nous aurions dû trouver, au milieu des décombres
de ce temple, un bas-relief représentant «une femme assise avec un petit enfant qui, comme elle,
lève les bras, et parait regarder avec effroi un homme nu qui se précipite du haut d'un rocher. »
Nous cherchâmes ce bas-relief qui aurait pu nous indiquer la destination à laquelle il avait dû
appartenir : nous ne fûmes pas assez heureux pour le trouver : nous ne rencontrâmes qu'une grande
quantité de morceaux de dalles en marbre blanc que leur largeur et leur épaisseur régulières ont dû faire
prendre pendant longtemps pour des fragments de pavage; ces dalles ne sont autre chose que des
bas-reliefs dans l'état le plus complet de dégradation. On remarque sur ces marbres quelques traces à
peine visibles d'ancienne sculpture ; mais comme ils ne présentent plus maintenant que fort peu de
relief, on n'est convaincu qu'ils étaient sculptés que par l'espèce de patine jaunâtre, recouvrant la partie
unie de ces marbres, et par la blancheur éclatante de celle où se trouvait la sculpture. Il est à supposer
que ces bas-reliefs furent tout aussi bien détruits par le temps que par ces voyageurs animés d'un
zèle dangereux qui, tout en croyant prouver leur goût et leur amour pour les arts de l'antiquité,
mutilent leurs plus beaux monuments afin de pouvoir en rapporter quelques fragments informes.
Il paraît bien étonnant qu'à l'époque déjà assez ancienne où l'abbé Fourmont a vu ce temple
(puisque c'était en 1730), il n'ait pas trouvé plusieurs de ces bas-reliefs dans un meilleur état de
conservation : il parle seulement d'un bas-relief qui déjà était informe, et il se tait sur ceux que nous
avons observés ; parce que probablement alors, comme maintenant, ils étaient trop peu reconnaissables
pour fixer son attention.

MM. les architectes anglais, envoyés en Grèce par la société des dilettanti de Londres, pour mesurer
les antiquités inédites de l'Attique3, ont fait des travaux spéciaux sur ce temple, sans faire mention, ni
du bas-relief trouvé par l'abbé Fourmont, ni de ceux dont nous venons de parler. Quant à sir Edward
Dodwell4, il a vu ces bas-reliefs, mais il les regarde comme étant les métopes de la frise du temple :
il ajoute même que près du rivage, au bas de la partie la plus escarpée, il a trouvé une autre
métope, dont la sculpture, quoique bien endommagée, est mieux conservée que celle que nous avons
vue sur les bas-reliefs trouvés parmi les ruines. Nous regrettons, avant d'exprimer notre opinion

1 Vitruve, liv. IV, chap. vu.

3 Fourmont, Acad. Inscr. v. VII. Hist. p. ^5o.

3 Société des dilettanti, Antiq. de l'Attique, chap. VIII, p. 53 (édit. anglaise),

4 Dodwell, t. I, p. 537.
 
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