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bon que vous luy fassiez sentir, dans la lettre que je présume que vous
luy ecrirés, qu’une pareille conduite de sa port n’est pas reguliere et qu’il
doit éviter d’y retomber.
Je suis etc.
A M. l’Abbé Duboisj.
Le 17 8bre 1718.
Je réponds Mr à la lettre que vous m’avës fait l’honneur de m’ecrire, le
prend de ce mois, par laquelle, en me marquant que M. de Reynold fait
instance pour obtenir en faveur de deux sujets du Canton de fribourg, la
permission qui leur est necessaire, pour être admis dans l’abbaye de Lu-
xelles1 2, située en Alsace. Vous me demandés quel a été jusqu’icy l’usage
observé à cet egard.
Je dois donc vous dire Mr, que par une déclaration du mois de janvier
1G87, il est expressément deffendu à tous Collateurs, de nommer des
Etrangers aux Bénéfices situés dans les Pays, cédés par les Traités de Mun-
ster et autres qui ont suivi. Je vous ajouleray qu’en Alsace on a ctendu
cette delfense jusqu’aux Religieux des Monastères réguliers, la raison en
est evidente. Le Roy n’a point d’jndult pour les bénéfices en Alsace. Les
dignités des maisons Eclesiastiques sont remplies par le Roy de l’Election
qui est faite, en presence des Commissaires que le Roy y envoyé. Si une
maison venoit a être remplie de Religieux, nés non Sujets du Roy, il arri-
veroit que par succession de têms, le choix, pour remplir une première
dignité, ne pourroit tomber que sur un Etranger, et c’est précisément le
cas prohibé par la déclaration; lorsque les Commissaires du Roy assistent
à une Election, leur premier soin est de s’informer du lieu de la naissance
de chaque Religieux, et de donner l’Exclusion formelle pour toute voix,
active et passive, a tous ceux dont les parents ne sont pas établis dans les
Terres de Tobeissance de Sa Mte'.
Vous voyés M. que suivant cet usage, que je crois très important de ne
point allerer, la demande de M. de Reynold ne peut être accordée. Il fau-
1. Dubois, Guillaume (l’abbé), ministre des affaires étrangères de 1718 à 1723,
archevêque de Cambrai èn 1720 et cardinal en 1721.
2. L’abbaye bénédictine de Lucelles, sur les conlius de la Franche-Comté et de la
Suisse. Elle fut fondée au douzième siècle par des Seigneurs de Montfaucon. L’église fut
inaugurée par saint Bernard. Les vestiges de l’abbaye ont tout à fait disparu.
bon que vous luy fassiez sentir, dans la lettre que je présume que vous
luy ecrirés, qu’une pareille conduite de sa port n’est pas reguliere et qu’il
doit éviter d’y retomber.
Je suis etc.
A M. l’Abbé Duboisj.
Le 17 8bre 1718.
Je réponds Mr à la lettre que vous m’avës fait l’honneur de m’ecrire, le
prend de ce mois, par laquelle, en me marquant que M. de Reynold fait
instance pour obtenir en faveur de deux sujets du Canton de fribourg, la
permission qui leur est necessaire, pour être admis dans l’abbaye de Lu-
xelles1 2, située en Alsace. Vous me demandés quel a été jusqu’icy l’usage
observé à cet egard.
Je dois donc vous dire Mr, que par une déclaration du mois de janvier
1G87, il est expressément deffendu à tous Collateurs, de nommer des
Etrangers aux Bénéfices situés dans les Pays, cédés par les Traités de Mun-
ster et autres qui ont suivi. Je vous ajouleray qu’en Alsace on a ctendu
cette delfense jusqu’aux Religieux des Monastères réguliers, la raison en
est evidente. Le Roy n’a point d’jndult pour les bénéfices en Alsace. Les
dignités des maisons Eclesiastiques sont remplies par le Roy de l’Election
qui est faite, en presence des Commissaires que le Roy y envoyé. Si une
maison venoit a être remplie de Religieux, nés non Sujets du Roy, il arri-
veroit que par succession de têms, le choix, pour remplir une première
dignité, ne pourroit tomber que sur un Etranger, et c’est précisément le
cas prohibé par la déclaration; lorsque les Commissaires du Roy assistent
à une Election, leur premier soin est de s’informer du lieu de la naissance
de chaque Religieux, et de donner l’Exclusion formelle pour toute voix,
active et passive, a tous ceux dont les parents ne sont pas établis dans les
Terres de Tobeissance de Sa Mte'.
Vous voyés M. que suivant cet usage, que je crois très important de ne
point allerer, la demande de M. de Reynold ne peut être accordée. Il fau-
1. Dubois, Guillaume (l’abbé), ministre des affaires étrangères de 1718 à 1723,
archevêque de Cambrai èn 1720 et cardinal en 1721.
2. L’abbaye bénédictine de Lucelles, sur les conlius de la Franche-Comté et de la
Suisse. Elle fut fondée au douzième siècle par des Seigneurs de Montfaucon. L’église fut
inaugurée par saint Bernard. Les vestiges de l’abbaye ont tout à fait disparu.