Bulletin du Musée National de Varsovie (15.1974)

Dariusz Kaczmarzyk

ISAIA DA PISA

AUTEUR PRESUME DU BAS-RELIEF D'APOLLON AU MUSEE
NATIONAL DE YARSOYIE

Dans le tome X (1969) de ce Bulletin1, W. Dobrowolski a mis en lumiere la juste provenan.ce
de l'epóque de la Renaissance d'un bas-relief representant Apollon avec une lyre, debout dans
une niche, faisant partie des collections du Musee National de Varsovie (marbre blanc,
34x59 cm)3 (fig. 1). Par une analyse iconographicpie et stylistique, il est arrive a la conclu-
sion cpie c'est une oeuvre d'ecole italienne de la seconde moitie du XVe siecle, mais il ne ten-
ta pas de resoudre la ąuestion de 1'auteur de la sculpture.

Parmi les sculpteurs italiens qui en cette periode cultiverent le nouveau style, les plus proches
analogies avec l'ouvrage de Varsovie se retrouvent parmi les oeuvres d'Isaia da Pisa. II s'agit
en particulier de sa sculpture en ronde bossę representant la Temperance qui, en compagnie
de la Prudence, orne le tombeau du cardinal portugais Antonio Martinez da Fonseca de Chavez
dans 1'ćglise S. Giovanni in Laterano a Rome3 (fig. 2). Ce monument fut execute dans les
annees 1447-1448.

L'allegorie de la Temperance est representee comme une femme nue dehanchee, la jambe
gauche avancee. Sa tete est tournee vers la gauche. Dans la main gauche le long du corps elle
tient une cruche, de la droite elle eleve une coupe. Une draperie, au drape regulier et decoratif,
est agrafee sur 1'epaule gauche, elle entoure le cou et retombe dans le dos, puis recouvre le de-
vant de la jambe gauche jusqu'a la hanche et la droite jusqu'au genou. La niche est flanquee
de deux piliers polygonaux canneles sur lesąuels repose un entablement riche en moulures qui
en perspective souligne la courbure de 1'intćrieur. Ensuite un coquillage avec cannelure en
eventail est surmonte par l'arc de la voute. Tout 1'interieur de la niche est egalement cannelć.
L'agencement spatial des elćments architectoniques et de la figurę humaine donnę une sensation
de profondeur et presque d'une statuę librę.

L'allegorie de la Temperance du tombeau du cardinal de Chavez et 1'Apollon du Musee Na-
tional de Varsovie ont de nombreux traits communs dans la composition. Identiques sont la
composition et 1'agencement des deus personnages, de la tete, du corps et des jambes, jusqu'aux
proportions anatomiques. Cela concerne aussi l'agencement des draperies decouvrant les memes
portions du corps. Inverse est la disposition des mains et la manierę de tenir les attributs, la
cruche et la coupe par la femme, la lyre par 1'homme. Sur les deux sculptures, les niches ont
une composition spatiale formee des memes elements et motifs de 1'architecture classique soumis
aux principes de la perspective. Les deux oeuvres sont en haut-relief. Tous ces traits communs
de la formę artistique prouvent leur parentć.

Le contenu sprirituel des deux oeuvres est absolument oppose: dans celle de Varsovie le
contenu est profane — la beaute personnifiee par le dieu grec, patron de tous les arts, de la
poesie et de la musique; par contrę le contenu de la sculpture du tombeau de Chavez est chre-
ticn — par personnification d'une des vertus cardinales. En ce dernier cas les traditions classi-

1. "W. Dobrowolski "Encore une imitatton de 1'Apollon de la gemmę Medici", Bulletin du Musie National de Varsoviet X,
1969, no 2—3.

2. Inv. n° MN 147025.

3. J. Pope-Hennesy, II Quatlrocento, Milano, 1964, p. 334, fig. 108; C. Seymour Jr, Sculpture in Italy 1400 to 1500, London,
1966, p. 134, fig. 67 B.

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