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Bulletin du Musée National de Varsovie — 15.1974

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Nr. 3-4
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Verdier, Philippe: Un ivoire mosan du XIIème siècle et la reliure de l'Evangéliaire d'Anastasie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18859#0068
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sur une bandę decorative dans la collection de Mme Ernest Brummer a New York2". Les tranches
des plats de VEvangeliaire d'Anastasie sont estampćs de rinceaux de palmettes encore tres
proches de ceux des bands decoratives qui separent les bas-reliefs du retable de saint Remacle
h Stavelot et de ceux des portes de bronze de la cathedrale de Gniezno.

La Crucifixion da piat de reliure de V Euangeliaire d'Anastasie (fig. 4) suit le schóma de celle
au folio lv. de YEvangćliaire de Saint-Trond aux Archives de Diisseldorf, repetant les gestes de
douleur de la Vierge et de saint Jean, la gloire de rayons qui entoure le soleil et la lunę eclipsant
son visage d'un pan de son voile21. L'apótre Jean est a comparer encore avec le saint Jean grave
sous la croix-reliquaire a double croisee d'nne staurotheque mosane primitivement en formę de
triptyąue dans 1'ancienne collection Riitschli a Zurieh, et avec le saint Jean de la plaąue en
ivoire de la Crucifixion enchassee au centrę de la reliure emaillee de VEvangeliaire offert par
Sibylle, femme du comte de Flandre Thierry, morte en 1163 abbesse du monastere de Saint-
Lazare a Jerusalem (Musee de la Hcssc, Darmstadt)22. Le Corpus perdu (sauf les vcstiges des
mains) de V Evangeliaire d'Anastasie etait un Christus patiens, comme il est permis de le con-
jecturer d'apres la silhouette laissee par rarrachement. Le corps etait davantage brise et les
bras plus etires que dans 1'enluminure et la sculpture de bronze contemporains de la Meuse23.
Son iconographie etait d'inspiration nettement byzantine, a en juger d'apres le titulus aux
cótćs obliques, Tinscription: IHC et le pouce detache "en abduction" des doigts au lieu de
retomber "en adduction" dans la paume clouee24. Anastasie est agenouillee au pied de la croix,
comme Test la comtesse Sibylle sur la plaąue de crucifixion d'ivoire du Musee du Louvre, qui
est de la main qui a sculpte Fivoire encastre dans la reliure de YEvangeliaire a Darmstadt25.
Mais au lieu d'etre decoupee dans un demi-medaillon, comme Sibylle sur la Crucifixion du
Louvre, Anastasie etreint la base de la croix avec une passion anticipatrice du transport mystique
de la Madeleine dans les crucifixions de Part gothiąue tardif. Elle ne tend pas les mains en
suppliante, comme le font les donateurs sur un ivoire liegeois de la Crucifixion au Liebighaus
de Francfort-sur-le-Main (inv. n° 913)26. Sa posturę, son voile, la manche large ornee d'un

20. K. H. TJsener, "Reiner von Huy und seine kiinstlerische Nachfolge", Marburger Jahrbuchfur Kunstwissenschaft, VII, 1933
fig. 14, p, 16 du tirage a part. K. Hoffmann, The Year 1200, A Cenłennial Exhibition at the Metropolitan Museum of Art,
New York, 1970, n° 190, p. 184.

21. Rhcin und Maast op. cit., p.294.

22. K. H. Uscner, "Kreuzigungsdarstellungen in der mosancn Miniaturmalerci", Revue Belge d'Archeologie et d'Histoire de
VArt, IV, 3, 1934, pp. 207—8, fig. VI (avec le faux sous-titre: Strasbourg). Die Sammlungen des Baron von Hiipsch. Ein
Kolner Kunstkabinetl um 1800, Calalogue de rexposition au Schnutgen-Museum, 1964, n° 51, fig. 62. Les emaux sont
dans le style dc ccux du retable de Stavelot attr^b^les a Godefroid dc Huy. L''Evangeliaire de Sibylle est probablement
restd a Stavelot jusqa'a la Revolution Franęaise.

23. Un ehangement affectant la verticalite traditionnclle du corps et rhorizontalite des bras commenee a sc faire jour vers
1165, par excmple le Corpus en laiton des Musees d'Art et d'Histoire a Bruxelles: Timmers, op, cii., fig. 494, p. 346, ct la
Crucifixion emaillee du Vatiean: F. Stohlman. Smalti. Museo Sacro, (1939), pl. II (56).

24. Sur la difference entre 1'iconographie occidcntalc du Crucifie aux pouces en abduction et 1'iconographie byzantine aux
pouces en abduction: F. Witte, Die Skulpluren des Sammlung Schniitgen in Koln, Berlin, 1912, pp. 20—1; P. Thoby, Les
croix limousines de laftn du XII(:me siecle au debut du XIVeme siecle, Paris, 1953, p. 7.

25. Rhein und Mass, op. cit-, p. 289.

26. Ibid., p. 287. Les donateurs ont ete interpretes comme l'eveque de Liege Otbert (1092—1119) et 1'empcrcur Henri IV,
on comme Conrad III (1138—52) ct 1'abbe Wibald de Stavelot. Sur le retable d^r du maitrc-autel de Tabbatiale de Stavelot
Wibald s'etait fait representer avec Timperatrice Irenę (Bertbc de Sulzbach, bclle-seur dc Conrad III): RR. PP. Martene
et Durand, Voyage litteraire de deux religieux benedictins de la congrćgation de saint Maur, II, Paris, 1717, p. 152, de menie
ąu^u XIeme siecle Ricliard de Saint-Vanne s'etait deja fait representer avec la comtesse Mathilde dc Saxe sur rantependium
d"or de Fautel matutinal dc Fabbatiale de Saint-Vanne a Verdim: Chronicon Hugonis II, dans Monumentu Germaniae
Historica, VIII, cd. Pertz, Hanover, 1848, p. 374, et qu'on voit Henri II ct Cunegonde agenouillśs aux pieds du Christ
sur 1'antenpedium d'or offert par Fempereur a la cathedrale de Bale lc jour de sa dedicace, 10 octobre 1019 (Musee Cluny,
Paris): H. Reinhardt, "Bemerkungen zur goldenen Altartafel..." Jahrcabcricht 1962 des Historischen Museum, Basel, fig.
p. 39, et Marie Madeleine sous le Christ en Majeste du reliquairc d'argent du monastere de Tholey (Musee episcopal, Treves):
Rademacher, £>cr thronende Christus, fig. 12.

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