DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Jakimowicz, Irena: La collection de peintures de Stanisław Ignacy Witkiewicz (Witkacy): essai d'interpretation
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18860#0042
artistique de Witkiewicz-fils fut un processus de rapide affranchissement de l'influence de son
père qui, au cours du dernier quart du XIXe siècle, fut en tant que critique et peintre, un porte-
-parole du programme naturaliste. Ses tout premiers paysages naturalistes peints sous l'oeil
de son père, se transformèrent bien vite dans l'aura de la première fascination juvénile qu'exer-
cèrent sur lui les tableaux de Gauguin. Des toiles de la collection du Musée National: deux pay-
sages de montagne de 19110 et un Autoportrait de 1913 (ill. 1), caractérisé par un chaud et in-
tense coloris et une tendance à opérer à l'aide de taches plates, illustrent éloquemment ces deux
problèmes. D'autres travaux, pour la plupart de date tant soit peu plus récente, dont avant
tout des compositions dessinées au fusain (ill. 2) et des portraits des années 1911-1914,7 portent
l'empreinte du modernisme polonais et trahissent non seulement l'aura pleine de tensions et
de passion du roman orageux de l'artiste avec l'actrice bien connue Irena Solska mais avant
tout l'influence qu'exercèrent sur lui les peintres eracoviens tels que Stanisław Wyspiański
ou Józef Mehoffer.
S'étant déclaré très tôt déjà l'adversaire du principe de la construction du tableau confor-
mément au caractère tridimensionnel de l'espace naturel et à la fameuse logique du clair-obscur
de Witkiewicz-père, Stanisław Ignacy fut un adepte conscient des principes de la Forme Pure
depuis sa seizième année si l'on en croit ses confessions ultérieures8. Quoi qu'il en soit, on trouve
déjà dans les pages des "622 chutes de Bungo" certaines idées tout à fait conformes à sa théorie
mûre. Il n'aurait pu la formuler dès 1918, c'est-à-dire après quatre années perturbées par la
guerre, et la publier en 1919, s'il ne l'avait pas conçue plus tôt*. La notion de Forme Pure qui
concentrait autour d'elle toute la pensée esthétique de Witkacy découlait avec esprit de suite
de l'ensemble de ses idées philosophiques et historiosophiques. Voici présentées très brièvement
et simplifiées les thèses essentielles de la théorie de la Forme Pure.
L'oeuvre d'art se tient en dehors de la sphère de la logique pratique et de l'utilité, et la raison
de sa naissance n'est ni de nature pratique ni, au fond, de nature esthétique. La genèse de l'oeuvre
d'Art Pur est liée à l'essence de l'être, au Mystère de l'Existence qui se manifeste dans la dualité
du Temps et de l'Espace aussi bien dans l'immensité de la totalité de l'Existence que dans les
Existences Particulières. L'unité dans la multiplicité et son infini, chaque Existence Parti-
culière étant en même temps limitée, constituent le Mystère de l'Existence. Le sentiment de
solitude de l'Existence Particulière, du "moi" humain, repose à la base de l'effroi que cause
le monde, du trouble métaphysique qui, dans la crainte de l'inconnu, a engendré la religion,
l'art et la philosophie. De nos jours, seul l'art peut nous libérer de cette crainte inexplicable
et faire renaître le sentiment de communauté avec l'univers, car l'oeuvre d'art a pour trait pré-
cisément l'unité dans la multiplicité objectivisée en elle. On ne peut donc concevoir l'unité
d'existence et notre propre solitude en elle que par l'unité de la forme de l'oeuvre d'art créée,
de la forme qui en est la beauté et en même temps un but en soi. Un bon tableau éveille donc
un sentiment métaphysique par sa Forme Pure; la forme est son contenu essentiel, aussi consti-
tuent-ils une unité absolue. La Forme Pure de Witkacy était donc une notion qui unissait les
catégories formelles qui annonçaient les rigueurs de l'esthétique abstraite avec une mission
de nature morale.
Witkacy présente le processus de la création des oeuvres d'art dans le schéma suivant. Au
centre du psychisme de l'homme surgit parfois un sentiment métaphysique, c'est-à-dire un
6. Paysage de montagne (Granaty), inv. no 231036, Paysage aux arbres en fleurs, inv. no 182920.
7. Portrait de fillette, 1911, inv. no Rys. Pol. 5941, Composition symbolique, 1914, inv. no Rys. W. 1539, Composition figu-
rative, 1914, inv. no Rys. W. 1538.
8. S.I. Witkiewicz, "Bilans formizmu", Glos Plastyków, V, 1938, nr 8-12, p. 41.
9. S.I. Witkiewicz, Noive formy iv malarstwie i wynikające stii nieporozumienia, Warszawa, 1919; reproduction: Nowe formy
w malarstwie i inne pisma estetyczne, Warszawa, 1959 ainsi que Nowe formy w malarstwie. Szkice estetyczne. Teatr, War-
szawa, 1974.
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père qui, au cours du dernier quart du XIXe siècle, fut en tant que critique et peintre, un porte-
-parole du programme naturaliste. Ses tout premiers paysages naturalistes peints sous l'oeil
de son père, se transformèrent bien vite dans l'aura de la première fascination juvénile qu'exer-
cèrent sur lui les tableaux de Gauguin. Des toiles de la collection du Musée National: deux pay-
sages de montagne de 19110 et un Autoportrait de 1913 (ill. 1), caractérisé par un chaud et in-
tense coloris et une tendance à opérer à l'aide de taches plates, illustrent éloquemment ces deux
problèmes. D'autres travaux, pour la plupart de date tant soit peu plus récente, dont avant
tout des compositions dessinées au fusain (ill. 2) et des portraits des années 1911-1914,7 portent
l'empreinte du modernisme polonais et trahissent non seulement l'aura pleine de tensions et
de passion du roman orageux de l'artiste avec l'actrice bien connue Irena Solska mais avant
tout l'influence qu'exercèrent sur lui les peintres eracoviens tels que Stanisław Wyspiański
ou Józef Mehoffer.
S'étant déclaré très tôt déjà l'adversaire du principe de la construction du tableau confor-
mément au caractère tridimensionnel de l'espace naturel et à la fameuse logique du clair-obscur
de Witkiewicz-père, Stanisław Ignacy fut un adepte conscient des principes de la Forme Pure
depuis sa seizième année si l'on en croit ses confessions ultérieures8. Quoi qu'il en soit, on trouve
déjà dans les pages des "622 chutes de Bungo" certaines idées tout à fait conformes à sa théorie
mûre. Il n'aurait pu la formuler dès 1918, c'est-à-dire après quatre années perturbées par la
guerre, et la publier en 1919, s'il ne l'avait pas conçue plus tôt*. La notion de Forme Pure qui
concentrait autour d'elle toute la pensée esthétique de Witkacy découlait avec esprit de suite
de l'ensemble de ses idées philosophiques et historiosophiques. Voici présentées très brièvement
et simplifiées les thèses essentielles de la théorie de la Forme Pure.
L'oeuvre d'art se tient en dehors de la sphère de la logique pratique et de l'utilité, et la raison
de sa naissance n'est ni de nature pratique ni, au fond, de nature esthétique. La genèse de l'oeuvre
d'Art Pur est liée à l'essence de l'être, au Mystère de l'Existence qui se manifeste dans la dualité
du Temps et de l'Espace aussi bien dans l'immensité de la totalité de l'Existence que dans les
Existences Particulières. L'unité dans la multiplicité et son infini, chaque Existence Parti-
culière étant en même temps limitée, constituent le Mystère de l'Existence. Le sentiment de
solitude de l'Existence Particulière, du "moi" humain, repose à la base de l'effroi que cause
le monde, du trouble métaphysique qui, dans la crainte de l'inconnu, a engendré la religion,
l'art et la philosophie. De nos jours, seul l'art peut nous libérer de cette crainte inexplicable
et faire renaître le sentiment de communauté avec l'univers, car l'oeuvre d'art a pour trait pré-
cisément l'unité dans la multiplicité objectivisée en elle. On ne peut donc concevoir l'unité
d'existence et notre propre solitude en elle que par l'unité de la forme de l'oeuvre d'art créée,
de la forme qui en est la beauté et en même temps un but en soi. Un bon tableau éveille donc
un sentiment métaphysique par sa Forme Pure; la forme est son contenu essentiel, aussi consti-
tuent-ils une unité absolue. La Forme Pure de Witkacy était donc une notion qui unissait les
catégories formelles qui annonçaient les rigueurs de l'esthétique abstraite avec une mission
de nature morale.
Witkacy présente le processus de la création des oeuvres d'art dans le schéma suivant. Au
centre du psychisme de l'homme surgit parfois un sentiment métaphysique, c'est-à-dire un
6. Paysage de montagne (Granaty), inv. no 231036, Paysage aux arbres en fleurs, inv. no 182920.
7. Portrait de fillette, 1911, inv. no Rys. Pol. 5941, Composition symbolique, 1914, inv. no Rys. W. 1539, Composition figu-
rative, 1914, inv. no Rys. W. 1538.
8. S.I. Witkiewicz, "Bilans formizmu", Glos Plastyków, V, 1938, nr 8-12, p. 41.
9. S.I. Witkiewicz, Noive formy iv malarstwie i wynikające stii nieporozumienia, Warszawa, 1919; reproduction: Nowe formy
w malarstwie i inne pisma estetyczne, Warszawa, 1959 ainsi que Nowe formy w malarstwie. Szkice estetyczne. Teatr, War-
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