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Bulletin du Musée National de Varsovie — 16.1975

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Nr. 4
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Sandoz, Marc: Les peintures decoratives de la Chambre des Seigneurs du Château de Varsovie: "aujourd'hui au Musée National de Varsovie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18860#0135
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allégories, Mme Geoffrin, qui connaît bien les artistes, a été bien inspirée de penser à lui aussi
pour un sujet dramatique. Sa peinture pour Stanislas-Auguste inaugure dans sa carrière les
grandes peinture d'Histoire ancienne et d'épopée, où il reste aussi un des maîtres ; proche parent
de César son austère Fabricius... refuse les présents que Pyrrhus lui envoie (fig. 8) triomphe au
Salon de 1777, et son Serment de Priam et d'Agamemnon en présence de Paris et de Ménélas atteste
encore, au Salon de 1781, le grand souffle épique de ce peintre de tant de mythologies séduisantes.

Il semble que le César de Lagrenée soit la meilleure peinture de la décoration commandée
par Stanislas-Auguste. A elle seule elle justifie le roi dans ses projets. Elle plaide aujourd'hui
avec simplicité, mais avec force, le dossier difficile de la peinture d'Histoire. Elle fait triompher
la pensée féconde, à laquelle adhère Stanislas-Auguste, que la peinture véritable est celle d'une
intention qui lui est extérieure, issue des rêves millénaires de l'homme, et dont elle est la servante
dans son langage propre. Elle laisse loin derrière elle, dans son rayonnement poétique, la peinture
désorientée qui se prend soi-même pour but et pour objet.

Mme Geoffrin mande donc au roi, au printemps de 1768 : "L'emalleur qui emballe tous les
effets de Votre Majesté, qui est un parfait honnête homme et très entendu dans son métier,
a reçu des nouvelles bue le vaisseau qui était chargé des carrosses et autres effets pour Votre
Majesté était arrivé en très bon état à Dantzig, et j'espère que tout cela sera bientôt à Varsovie.
J'ai bien de l'impatience de savoir si Votre Majesté sera contente..."2'. Après quoi nous perdons
les traces scripturaires des tableaux. Nous savons cependant qu'ils furent installés dans les
lambris de la Chambre des Seigneurs, auxquels Victor Louis n'avait peut-être pas été étranger.
Ils sont accompagnés de cartels explicatifs, assez longs, en latin. Une devise, en latin aussi,
précisait le sens de chacun d'eux20.

En 1795, les malheurs qu'avaient prévus Mme Geoffrin, qui a quitté ce monde depuis dix-sept
années déjà, s'abattent sur la Pologne et son malheureux roi : Stanislas-Auguste est contraint
d'abdiquer, d'assister au troisième et total partage de la Pologne, et de prendre le chemin d'exil
à Saint-Pétersbourg. Sa collection est partagée, ses tableaux tombés en oubli.

En dehors de Pologne ils sont signalés, au XIXe siècle par Léon Dussieux dans ses Artistes
français à l'étranger". A notre époque Louis Réau les mentionne avec quelque détail, à Varsovie,
dans l'Histoire de l'expansion de l'Art français23.

Une nouvelle épreuve les attend : la destruction de la ville et du château au cours des hostilités
de 1939-1945. Toutefois, ils prennent place, après la guerre, au Musée National de Varsovie,
qui conserve ainsi un trésor franco-polonais, chargé d'Art et d'Histoire29.

25. Lettre du 2 mai 1768 (Correspondance... op. cit., p. 330).

26. Alexandri gloria exeitavit Caesarem (César devant la statue d'Alexandre) ; Suum cuique (Continence de Scipion) ; Concordes
invicti (Scilurus, roi des Scythes fair rassembler ses fils) ; ïnimici necem turpe patratam exhorruit Ceasar (La tête de Pompée
présentée à César). Citations extraites de L. Réau, Histoire de l'expansion... op. cit., p. 30-31.

27. Op. cit., p. 92 L. Dussieux les mentionne eronnément en Allemagne, au royaume de Saxe.

28. L. Réau, Histoire de l'expansion... op. cli, p. 30-32.

29. Deux peintres encore ont travaillé, d'après les consignes du roi sur mêmes sujets historiques prévus pour la Cham-
bre des Seigneurs au Château Royal de Varsovie: Jean Pillement qui a exécuté 18 dessins préparatoires (cf. Z.
Butowski, Jean Pillement na dworze Stanisława Augusta, Warszawa, 1936) et Franciszek Smuglewicz, auteur de 4
dessins (cf. E. Budzińska, ,,Z wczesnej twórczości Franciszka Smuglewicza, Projekty obrazów do Sali Rycerskiej
Zamku Królewskiego", Biuletyn Historii Sztuki, XXXIII, 1971, p. 152-161). Deux cartes manuscrites avec les
consignes du roi, ainsi que les dessins de Pillement et de Smuglewicz se trouvent au Cabinet des Estampes de la
Bibliothèque de l'Université de Varsovie. Au même Cabinet copies de tableaux de Vien, Halle, Lagrénée exécutées
par Carlo Quaglio (Note de la Rédaction).

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