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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 6, Text): Médecine opératoire — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.18363#0071
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PROLÉGOMÈNES.

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phules, syphilis, il faut essayer d'en obtenir la guérison complète
avant de tenter une opération, lors même que la maladie pour
laquelle on opère en serait ou en paraîtrait indépendante ; mais
sur-tout si cette maladie était évidemment liée à l'affection géné-
rale, toute opération serait téméraire et inutile avant un traite-
ment approprié, (d) Lorsque la maladie, soit cancer, soit fongus
ou tissu érectile , est de nature à faire supposer une certaine dis-
position de l'organisme à la reproduire, le chirurgien doit s'abs-
tenir d'opérer, ou du moins, si le cas lui offre assez de chances de
succès pour agir, il ne doit le faire qu'à la sollicitation du malade
ou de ses parais, préalablement éclairés sur sa situation, (e) En-
fin, en l'absence de toute maladie viscérale, l'état de faiblesse
peut être un motif de différer une opération nécessaire, s'il est
possible d'attendre que les forces soient un peu revenues, et si ce
retour est probable. Mais s'il y a urgence, à moins que le malade
ne soit dans le dernier état d'épuisement, l'opération, comme
étant la seule chance favorable, doit être immédiatement pra-
tiquée.

3° Etal moral. Le calme de l'esprit, le courage et la confiance
dans le résultat de l'opération et dans le caractère et les talens du
chirurgien qui doit la pratiquer, sont des conditions indispensa-
bles au succès. En chirurgie comme en médecine, l'homme le plus
habile est celui dans lequel le malade a la foi la j)lus vive. Il est
donc du plus haut intérêt de faire naître et de cultiver cette con-
fiance si précieuse; mais il faut qu'elle soit réelle et qu'elle vienne
spontanément du malade lui-même, sans suggestion étrangère.
La terreur incurable qu'inspire à certaines personnes l'idée de
l'opération, quoique par raison elles la réclament avec instance,
est toujours une condition fâcheuse; mais si elles l'expriment
franchement, ses effets, par cela seul, en sont moins à craindre.
Au contraire, on ne saurait trop se défier du courage simulé de
ces malades trop vaniteux pour montrer leur faiblesse, et qui
couvent et concentrent intérieurement leur effroi. Il est rare que
ces efforts contre nature ne soient promptement suivis d'accidens
nerveux ou de congestions mortelles. Mieux vaut le patient con-
vaincu de la gravité de sa situation, qu'il regarde presque comme
désespérée, mais qui, néanmoins, parce que l'opération est rai-
sonnable, s'y soumet avec un courage vrai, comme à l'unique
chance en sa faveur, quoique, du reste, il soit loin de s'abuser
sur l'espoir de la guérison.

CONDITIONS ATMOSPHÉRIQUES.

En principe général, une température douce et uniforme est
toujours désirable. La sécheresse de l'air est sa qualité la plus
essentielle; la condition est des plus favorables lorsqu'elle s'unit
à une chaleur modérée et à un bon état d'équilibre électrique.
Le froid en lui-même, et comme simple abaissement de tempé-
rature, est toujours à craindre; mais cet état existant, le froid
sec de la gelée est le moins défavorable, par les qualités qu'il
imprime à l'atmosphère; il excite les forces et il est facile de s'iso-
ler de son action délétère. Au contraire, le froid humide, tou-
jours funeste dans ses effets, est d'autant plus à redouter qu'il est
impossible de soustraire complètement le malade à l'influence
fâcheuse qu'il communique au milieu ambiant. Les variations
brusques de température, par les secousses réitérées qu'elles im-
priment à l'organisme et l'influence qu'elles ont sur la sensibi-
lité, les sécrétions et les exhalations, constituent l'un des plus
mauvais états de l'atmosphère. Enfin, une dernière considération,
d'une haute importance, a rapport à cette nuance d'action actuelle

des forces physico-chimiques, qui détermine les maladies épidé-
miques, périodiques ou spéciales, et que l'on nomme impropre-
ment la constitution médicale. De même que dans tous les cas où
l'équilibre fonctionnel est déjà ébranlé, l'opéré, toujours menacé
des maladies les plus graves pour la moindre cause, est à plus
forte raison, comme on l'a remarqué de tout temps, d'une ex-
trême susceptibilité à contracter les maladies régnantes; aussi le
chirurgien doit-il être très attentionné à le soustraire à leur in-
fluence.

Les conditions d'équilibre électro-magnétique, de chaleur et
de sécheresse étant établies, expliquent d'avance les considéra-
tions qui ont rapport à la saison où ces conditions se trouvent
réunies, et par conséquent au climat, qui, pour une époque dif-
férente de l'année, renferme l'idée d'une même saison sous une
autre latitude. Dans l'impossibilité ordinaire où sont le chirur-
gien et le malade de se transporter dans un autre pays, c'est donc
seulement le choix de la saison et de l'état atmosphérique qui
importe, lorsque la maladie permet de différer l'opération. Ainsi,
pour la cataracte, la taille, l'ablation de nombre de tumeurs, on
préfère généralement le printemps et l'automne. Du reste, il est
clair que, dans les saisons extrêmes, l'hiver et l'été, de même que
sous l'influence des maladies régnantes, le chirurgien contraint
d'opérer pour cause d'urgence doit toujours régler les soins in-
térieurs de l'ajipartement, de manière à entourer en quelque
sorte son malade d'une saison et d'une atmosphère artificielles.

PRÉVISIONS ET SOINS QUI CONCERNENT LES
OPÉRATIONS.

DISPOSITIONS GÉNÉRALES AVANT LOPÉRATION.

i° Préparations du malade. Elles concernent à la fois le moral
et le physique, l'esprit et le corps. C'est avant comme après l'o-
pération que l'homme de l'art doit se montrer tour à tour méde-
cin et chirurgien. Au moral, il entretient son malade dans la
confiance, le courage, la résignation, et l'assurance d'une guéri-
son certaine qui leur sert de base. Il stimule, rassure ou console,
suivant que le malade paraît craindre plutôt la douleur ou la
difformité ou la mutilation. Cette imposante mission du chirur-
gien, seul espoir et appui de son semblable dans une situation
toujours orageuse et souvent critique, suppose en lui la réunion
des qualités personnelles les plus précieuses aux talens les plus
rares. Doué d'une élocution facile et du tact le plus délicat, il
doit trouver dans son cœur les moyens de persuader, et plus
tard, maître de ses émotions et de celles de son malade, à une
vive sympathie et une douce sensibilité pour le malheur d'au-
trui il lui faudra allier une fermeté inflexible, un sang-froid et
un courage inébranlables. Le grand chirurgien, vraiment digne
de ce nom, n'est pas un homme ordinaire.

La préparation physique comprend l'ensemble des moyens pro-
phylactiques appropriés à la situation générale du sujet. Presque
toujours il est utile de disposer le malade par les bains, la diète,
les boissons délayantes, l'évacuation du tube digestif par les la-
vemens et les purgatifs. Si l'on a lieu de craindre des accidens
nerveux ou des congestions viscérales, on emploierait d'avance
les anti-spasmodiques, et même, au besoin, la saignée. Toute-
fois, si l'opération est de nature à donner lieu à des hémorrha-
gies, il faut être d'abord très réservé sur la phlébotomic, sauf,
s'il y a lieu, à y recourir après l'opération.
 
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