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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Hrsg.]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0158
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150 OPÉRATIONS

peau sur une quarantaine au moins, outre qu'il n'est pas de
chirurgien qni n'en observe de temps à autre. Il est probable
même qu'elle est encore beaucoup plus fréquente qu'on ne le
croit généralement, les malades n'étant portés à s'en plaindre
qu'autant que la douleur et les accidens qu'elle occasionne sont
intolérables.

En parcourant les auteurs, malgré le vague de leurs descrip-
tions qui rend quelquefois douteuse l'espèce de maladie dont ils
s'occupent, on reconnaît néanmoins la fissure à l'anus et on voit
qu'ils l'attribuent à des causes très variées : les hémorrhoïdes ou
'a constriction du sphincter de l'anus (Aétius) ; la constipation
habituelle (Albucasis) ; la fistule à l'anus, la syphilis, signalées
par divers auteurs ; les affectations squirrheuses de la vessie ou
de la prostate (E. Home). En général., la plupart des chirurgiens
confondent la fissure avec les rhagades et les diverses ulcéra-
tions superficielles de l'anus (G. de Chauliac, A. Paré, Dionis).
Confusion qui s'explique d'autant mieux qu'elle accompagne et
complique fréquemment ces diverses maladies.

Il paraît donc bien que la connaissance de la fissure est, comme
elle devait être, fort ancienne. Néanmoins ce n'est que tout
récemment qu'elle a été nettement distinguée comme une ma-
ladie particulière par Boyer, et encore son étiologie et son traite-
ment laissent-ils beaucoup à désirer. La constriction du sphincter
est le phénomène concomitant qui a le plus frappé les patho-
logistes. D'après Boyer, la fissure n'existant jamais sans la cons-
triction du sphincter, et la section de ce muscle ayant presque
toujours pour effet de la guérir, c'est cette constriction qu'il
regarde comme la cause première de la fissure. M. Velpeau, au
contraire, paraît croire que, dans cette concomitance des deux
affections, c'est la fissure qui précède et dont l'irritation , détermi-
née par le contact des matières fécalesproduit la constriction du
sphincter. Il nous paraît bien clair que ces deux opinions sont
également vraies, chacune des deux affections, l'une par rapport
à l'autre, pouvant être alternativement cause ou effet ; toutefois,
d'après un certain nombre d'observations qui nous sont person-
nelles, nous pensons avec Boyer que la préexistence de la con-
striction est le cas le plus ordinaire , la fissure étant le plus sou-
vent le résultat de petites déchirures produites par les efforts
journaliers pour aller à la garde-robe, chez les sujets affectés de
constipation habituelle, surtout lorsqu'il existe des hémorrhoïdes
ou toute autre affection qui a pour effet d'entretenir une irrita-
tion ou une pression au pourtour de l'anus.

La fissure anale, en raison de son siège , est une affection plus
sérieuse qu'il ne semblerait devoir résulter des légers désordres
anatomiques qu'elle entraîne. Outre qu'elle ne guérit presque
jamais spontanément, si elle ne met pas précisément la vie en
danger, chez certains sujets elle rend l'existence insupportable par
les douleurs atroces qu'elle occasionne pendant l'acte de la déféca-
tion et un ou deux jours après, tellement que les malades redou-
tant d'accomplir cette fonction , qui n'est praticable qu'à l'aide de
lave mens ou de purgatifs, mangent le moins possible et s'habi-
tuent à n'aller à la garde-robe qu'après cinq, six jours et même
plus; d'où une nouvelle source d'accidens et de maladies. Aussi
est-il important de guérir le plus tôt possible cette affection; mais
aucune autre n'est plus rebelle, les efforts d'expulsion tendent
toujours à la reproduire , outre que, dans les cas de complica-
tion, pour assurer la cicatrisation, il faut guérir d'un même
coup les maladies qui accompagnent la fissure et dont elle n'est
souvent que l'effet.

SPÉCIALES.

Tii/viTfiiviENT. Les moyens proposés sont : les topiques, la di-
latation , la cautérisation, l'excision et l'incision du sphinc-
ter anal.

Topiques. Diverses pommades narcotiques, astringentes et
siccatives ont été recommandées par les auteurs. Boyer employait
le saindoux, l'huile d'olives, les sucs de rhubarbe et de morelle mé-
langés à parties égales. Dupuytren a mis en usage avec succès
l'axonge, l'eau miellée et l'extrait de belladone, également dans
les mêmes proportions. M. Velpeau a réussi deux ou trois fois
avec une pommade composée d'une partie de calomélas pour
huit parties d'axonge. Enfin, pour la fissure comme pour les
hémorrhoïdes, les végétations et les diverses ulcérations à l'anus,
tout le monde a essayé avec plus ou moins de succès des divers
médicamens applicables en pareil cas , les émolliens, le cerfeuil
pilé ou en décoction, le cérat opiacé, etc. Mais, il faut le dire, le
grand nombre de ces moyens ne prouve que leur insignifiance.
La plupart réussissent effectivement à calmer les douleurs lors-
qu'elles sont très vives, mais ne réussissent pas à guérir la ma-
ladie.

Dilatation. Les mèches de charpie graduellement croissantes de
volume , introduites dans le but de vaincre la résistance du
sphincter anal, ont procuré quelques guérisons (Copeland, Bé-
clard, MM. Marjolin, Nacquart, Gendrin et Velpeau). La diffi-
culté est de vaincre la répugnance du malade qui redoute au
plus haut degré l'introduction de la mèche, fort douloureuse
pour la première fois. Au reste, comme la souffrance est à-peu-
près la même que la mèche soit un peu plus grosse ou plus petite,
il vaut mieux la porter de suite au plus grand volume possible, en
lui donnant une forme conique pour en faciliter la pénétration et
le glissement, l'objet cpie l'on doit se proposer étant de dilater ou
de tendre immédiatement toute la circonférence de l'orifice anal
pour forcer la fissure, ordinairement enfoncée, de venir s'offrir en
premier plan. Cette condition a pour effet de tendre les bords de
la fissure et d'en permettre le nettoyage, en étalant le pli muqueux
dont elle constitue le fond, et dans lequel se mêlaient et séjour-
naient les liquides stercoraux et ceux sécrétés par l'ulcération
elle-même. Enfin, un autre avantage de la dilatation, et qui est
considérable, c'est en offrant la fissure à découvert, d'en rendre
f acile la cautérisation sans que les bords puissent fuir et s'enfoncer
après cette opération pratiquée. La manœuvre d'introduction est
facile: la mèche enduite de cérat ou d'huile d'olives, étant dis-
posée à l'extrémité d'une tige métallique ou d'un gorgeret, sui-
vant son volume , le chirurgien faisant écarter les bords de l'anus
par un aide, insinue la mèche de la main droite et la guide avec
l'indicateur gauche. Pour faciliter l'introduction, tout en poussant
sur l'instrument, il est bon de lui communiquer de légers mou-
vemens de rotation dans un sens ou dans l'autre, suivant le degré
de résistance qu'il éprouve sur les divers points. Presque tou-
jours l'effort nécessaire pour triompher de la striction cause des
douleurs atroces ; néanmoins il faut continuer sans lenteur ni
précipitation, car un nouvel essai de dilatation serait encore plus
douloureux et plus difficile que le premier. La mèche doit être
insinuée jusqu'à une profondeur de 6 à 8 centimètres (2 pouces
à 2 pouces 1/2), de manière à ne pouvoir être expulsée par les
sphincters, (/opération terminée, l'essentiel est d'obtenir du
malade qu'il supporte la douleur, d'abord très vive pendant les
premières heures. Peu à-peu elle s'amortit, et enfin s'éteint tout-
à-fait. La première mèche dont le volume doit être celui du petit
 
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