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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 7, Text): Médecine opératoire — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.17186#0268
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OPÉRATIONS SPÉCIALES.

obligeait à se servir d'instrumens dilatateurs qui déchiraient la
prostate, le col de la vessie, quelquefois les vésicules séminales,
les canaux éjaculateurs, et pouvaient même déterminer la sépa-
ration complète de l'u rètre, d'où résultaient des i nflammations vio-
lentes, desorchites, des fistules urinaires ou des incontinences
d'urine, la stérilité et, enfin, fréquemment la mort. Imbu de ces
inconvéniens et de ces dangers, Maréchal crut pouvoir les éviter
en prolongeant l'incision plus loin inférieurement. Dans ce but, il
employait un lithotome à lame plus allongée et plus étroite ; lors-
que celle-ci était parvenue dans la cannelure du cathéter, il pre-
nait cet instrument par sa plaque , et lui faisait décrire lentement
un mouvement de bascule par lequel il forçait son bec à se relever;
pendant ce mouvement, appelé le coup de maître, la lame du
lithotome, dont la pointe n'abandonnait pas sa cannelure, était
poussée en arrière dans la vessie et en bas vers la prostate, pour
l'inciser dans son diamètre antéro-postérieur. Par ce procédé
Maréchal obtenait une incision de 20 à 22 millim. de longueur,
qui intéressait en même temps les régions bulbeuse, mem-
braneuse et prostatique, et qui lui permettait d'extraire avec
promptitude des calculs assez volumineux. Il obtint de la sorte
un grand nombre de succès; mais il était bien difficile, pour ne
pas dire impossible, de porter l'incision aussi loin en arrière
sans atteindre le rectum, et sans faire courir au malade le risque
de conserver une fistule recto-vésicale après la guérison.

Procédé de Facca Berlinghieri. Ce chirurgien, qui contribua
le plus à perfectionner et à répandre la taille recto-vésicale, s'ar-
rêta, après divers essais comparatifs, à la taille médiane, qu'il crut
être nouvelle : Voici comment il agissait. Le malade étant placé
comme nous l'avons dit plus haut, avec un bistouri ordinaire
terminé par une languette étroite propre à favoriser son glisse-
ment dans la cannelure du cathéter, il incisait le périnée sur la
ligne médiane depuis la racine des bourses jusqu'auprès de l'a-
nus. Après avoir divisé tous les tissus qui recouvrent la région
bulbeuse, le bulbe lui-même, et une portion du sphincter ex-
terne , la région membraneuse se trouvant à découvert, le doigt
indicateur gauche, porté au fond de l'incision dans la cannelure
du cathéter, lui servait de guide pour y conduire la pointe du
bistouri, qu'il enfonçait dans la vessie à une profondeur de un
centimètre, en même temps qu'il soulevait le cathéter vers la sym-
physe; alors abaissant le tranchant du bistouri, dont la pointe
abandonnait la cannelure conductrice, tandis que son talon res-
tait appliqué contre elle, il le retirait à l'extérieur en élevant le
poignet, et divisait, dans ce mouvement, la prostate et la partie
membraneuse dans le sens du diamètre antéro-postérieur. Im-
médiatement après, le doigt indicateur gauche, reporté dans la
plaie, indiquait si ses dimensions étaient assez grandes pour
permettre au calcul de la traverser. Lorsqu'elle était jugée trop
étroite, le même doigt servait de guide pour conduire le bistouri
et pour agrandir la plaie.

Procédé de Guérin de Bordeaux. Lorsque ce chirurgien avait
ouvert l'urètre dans ses parties bulbeuse et membraneuse, comme
dans le procédé de Vacca, il introduisait dans la plaie une tige
de carotte sèche, qu'il renouvelait tous les matins en augmen-
tant son volume dans le but de dilater la plaie, et ne tentait l'ex-
traction du calcul qu'au bout de plusieurs jours, lorsque l'orifice
était assez large pour lui donner passage.

Appréciation de la taille médiane. Pratiquée en suivant à la

lettre le procédé de Mariano Santo ou des Collot, la taille mé-
diane est une mauvaise opération, à cause des nombreux acci-
dens auxquels on est exposé par la dilatation et la déchirure con-
sécutive des parties. Au contraire, pratiquée par les procédés de
Maréchal ou de Vacca, non-seulement elle ne donne plus lieu
aux mêmes accidens, mais on peut dire que, sous certains rap-
ports, elle est moins dangereuse que les tailles latérales, car elle
n'expose à couper aucuns vaisseaux qui puissent donner lieu à
une hémorrhagie. En revanche elle est beaucoup plus fréquem-
ment suivie de la lésion du rectum, qui laisse quelquefois après
la guérison une infirmité dégoûtante; et en outre, comme on ne
divise la prostate que sur la ligne médiane, ou suivant son plus
petit diamètre, on n'obtient pas ainsi une ouverture aussi grande
que dans les cas où l'on fait à cette glande une incision latérale.
Cette dernière objection n'est pourtant pas insoluble ; on com-
prend qu'une fois le bistouri parvenu dans la cannelure du ca-
théter et la portion membraneuse de l'urètre incisée, rien ne
serait plus facile que d'y substituer un lithotôme double de Du-
puytren et d'agrandir l'ouverture à droite et à gauche. Cette
simple modification constitue une sous-méthode que nous ne
faisons qu'indiquer pour ne pas empiéter sur ce qui nous reste
à dire. Considérée en elle-même, la taille médiane, par le procédé
de Maréchal ou de Vacca, est encore employée assez fréquem-
ment par quelques chirurgiens. M. Clot, entre autres, annonçait,
dès l'année i83a, l'avoir pratiquée i3 fois avec succès ; toutefois
on lui préfère généralement la taille latéralisée.

TAILLE LATÉRALISÉE.

Long-temps confondue avec la taille latérale dont nous parle-
rons plus tard, la taille oblique ou latéralisée consiste essentiel-
lement dans la division de la partie membraneuse de l'urètre
prolongée au travers de la prostate suivant ses rayons obliques;
tandis que, dans la taille latérale, l'incision ne porte que sur la par-
tie gauche de la face inférieure du corps de la vessie, en laissant
intacte la prostate.

Historique. L'origine de la taille latéralisée n'est pas bien con-
nue.Franco paraît, àla vérité, en avoir donnélepremier les préceptes,
mais il n'est pas certain qu'il en ait été l'inventeur. Du reste, les
indications qu'il donne sont précises: il faut, dit-il (1), commencer
par introduire dans la vessie une sonde courbe et cannelée sur sa
convexité, puis, après avoir incisé les parties molles extérieures
dans une direclion oblique, on glisse le bistouri dans la cannelure
de la sonde, qui doit lui servir de guide pour diviser le col de la
vessie obliquement de dedans en dehors du côté de l'ischion.
Franco, à la vérité, recommande de pratiquer l'incision à droite;
mais ainsi que le fait remarquer M. Velpeau, il est possible, pour
ne pas dire probable, qu'il ait entendu parler de la droite de l'o-
pérateur, ce qui correspondrait à la gauche de l'opéré. Toutefois,
bien que Franco, G. Fabrice et quelques autres auteurs connus-
sent la méthode latéralisée, elle ne commença à se répandre (pie
vers la fin du xvne siècle, par les efforts du Frère Jacques, l'un
des personnages les plus singuliers parmi ceux dont les noms
figurent dans l'histoire de la chirurgie. Cet homme, dont la vie
la plus étrange n'a pu étouffer les rares qualités , était né de pa-
rens obscurs et pauvres dans un village de la Franche-Comté. Con-
traint de s'engager pour le service militaire, à l'âge de seize ans,

(1) Thèses de Haller, tome 3, traduct. française.
 
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