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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1922

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Guerlin, Henri: Les portraits de la famille Grimod de la Reynière
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https://doi.org/10.11588/diglit.19273#0014

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— 8 —

les plus intimes, on citait l’abbé Barthélemy, le colonel
des Suisses, baron de Bezenval, ou le comte de Vaudreuil.
Les mariages d’une sœur de Mme de la Reynière avec
M. de Nicolaï, et des deux sœurs de Laurent Grimod,
l’une avec M. de Levis et l’autre avec M. de Malesherbes,
augmentèrent encore le prestige de ce salon. On y donnait
de brillants concerts où l’on entendait les plus célèbres
musiciens, tels que Sacchini, Piccini, Garat et Richer.
Et l’on goûtait, en sortant, le plaisir suprême de couvrir
les hôtes de brocards, de se glisser dans l’oreille des anec-
dotes si divertissantes que l’écho en est parvenu jusqu’à
nous. Le fils de la maison, Balthazar, celui qui devait
acquérir, comme gourmet, une si prodigieuse renommée,
fournissait surtout à ces médisances un thème inépui-
sable. Élevé entre Mlle Quinaut et l’évêque d’Orléans,
frère de sa mère, cet enfant terrible avait aussi sa société,
plus mêlée, mais que l’on jugera non moins brillante que
celle de l’orgueilleuse Suzanne de Jarente, — si l’on a
pour les gens d’esprit le même penchant que Balthazar.
Beaumarchais, Restif de la Bretonne, Condillac, Colin
d’Harleville s’y rencontraient avec de pauvres hères tout
crottés de la boue des ruisseaux. On y disait et faisait
beaucoup de folies. Si vous voulez savoir lesquelles,
lisez Desnoiresterres et Monselet1. Ce n’est pas ici le lieu
de répéter les anecdotes du grand mystificateur qu’était
Balthazar. Celui-ci aimait à prêter à ses amis. Et ses his-
toriens le lui ont bien rendu.

Pénétrer dans le salon de Mme de la Reynière, c’est
donc entrer en relations avec des grands seigneurs de la
plus historique noblesse, des fermiers généraux, des
hommes de lettres et des artistes, des gens d’esprit et des
gens d’argent; c’est apercevoir d’un seul coup d’œil les
types les plus caractéristiques de cette fin de l’ancien
régime. Et rien ne nous permettra de nous représenter
les hôtes de ce salon illustre, comme le témoignage des

i. Gustave Desnoiresterres, Grimod de la Reynière et son
groupe. Paris, Didier, 1877; — Charles Monselet, Les oubliés.
Alençon, Poulet-Malassis, 1857.
 
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