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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1922

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Jamot, Paul: Sur la date d'un tableau d'Ingres et sur le titre d'un tableau de Delacroix
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https://doi.org/10.11588/diglit.19273#0334

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— 298 —

A ceux qui prétendaient reconnaître dans son tableau
Roger et Angélique, Delacroix aurait pu expliquer pour-
quoi son cavalier n’est pas le héros de l’Arioste. Roger
n’a pas pour monture un simple coursier, mais un animal
fantastique qui tient du cheval et du dragon et que le
poète appelle un hippogriffe. Delacroix, grand lecteur des
poètes, admirait fort l’Arioste. Son Journal contient de
nombreux témoignages de cette admiration. Il n’oublie
jamais l’auteur du Roland furieux, quand il énumère les
artistes et les poètes et il le met du côté de ses préférences,
du côté de Virgile, de Racine, de Mozart. « Que dire,
s’écrie-t-il, de l’Arioste qui est toute perfection, qui réu-
nit tous les tons, toutes les images, le gai, le tragique, le
convenable, le tendre (t. II, p. 441).

Comment donc Delacroix, reproduisant un des épisodes
les plus connus du fameux poème, aurait-il pris tant de
libertés avec son modèle, alors que le tableau d’Ingres
lui donnait l’exemple de l’exactitude? Dans un petit
tableau qui représente Roger et Angélique après la défaite
du monstre (Robaut, n° 1406), Delacroix nous montre son
héros volant en plein ciel, portant en croupe sa belle
conquête; sa monture n’est pas, à proprement parler,
l’hippogriffe de l’Arioste, ni celui d’Ingres, mais ce n’est
pas non plus un cheval ordinaire, c’est un cheval ailé.

Cependant, si, à n’en pas douter, le tableau du Louvre
doit reprendre le titre de Saint Georges, l’interprétation
que Delacroix nous donne de la légende du grand mar-
tyr de l’Orient n’est pas, il faut l’avouer, sans reproche.

Ce que l’Église retient de l’histoire de saint Georges
en fait une figure très semblable à celle de saint Sébas-
tien. Né d’une noble famille cappadocienne, d’abord
favori de l’Empereur, appelé par lui aux plus hauts
emplois de l’armée, il accomplit maintes prouesses ; tout
à coup il est touché de la grâce divine; il résiste aux
prières, puis aux ordres de l’Empereur, et, après s’être
longtemps tiré indemne des plus cruels supplices, il
meurt en confessant sa foi. L’iconographie de saint
Georges devrait donc nous montrer un martyr au milieu
de tortures variées. C’est ce que nous voyons au Louvre,
dans une série de quatre panneaux de l’école espagnole
 
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