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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

\" 2.

Arrive ensuite la Révolution. On peut dire que, dans ces
corporations et ateliers anciens, l'enseignement était pure-
ment oral. Il ne reste aucune trace d'un enseignement
transmis autrement. Cela tient à ce que ces institutions —
corporations, jurandes et maîtrises — étaient « fermées »;
c'étaient des institutions de privilège qui voulaient pro-
fiter seules de leur enseignement. L'éducation profession-
nelle ne s'étendait pas au delà des murs de l'Atelier. C'est
ainsi que l'enseignement était à la fois oral et manuel,
comme chez les francs-maçons du moyen âge.

Quand survinrent les guerres de l'Empire, tous les par-
ticipants à cet enseignement et à la production artistique
et industrielle passèrent dans les armées, et la plupart
d'entre eux sont tombés sur les champs de bataille. Et
Renseignement technique — qui est toute la tradition —
disparut avec eux.

Messieurs, il nous faut aujourd'hui faire un effort de
volonté, et reconstituer de toutes pièces un ensemble mé-
thodique et complet, qui ne soit pas uniquement un
enseignement d'art, mais plutôt un enseignement profes-
sionnel qui se proposerait en même temps le développement
du goût, et qui ne s'adresserait pas seulement aux ouvriers,
aux métiers manuels, mais encore aux autres professions,
à tout le public.

Car il a été constaté (pour choisir un exemple dans les
choses de la vie ordinaire) que dans des expertises judi-
ciaires auxquelles prennent part des personnes appartenant
aux professions dites libérales, il y a des jurés, des pro-
priétaires, des avoués, des avocats, des juges, etc., qui ne
savent pas même lire un plan. Or tout le monde peut avoir
des contestations de propriété, et c'est bien le moins que
tout le monde sache une chose si simple, sans avoir recours
à des dires d'experts.

Posséder cette faculté de lire couramment un plan, une
carte topographique, ce n'est là qu'un exemple entre mille;
mais c'est par l'enseignement du dessin dans l'école pri-
maire qu'on donnera cette connaissance à tous, en même
temps que la facilité de faire un croquis, capacité nouvelle
et très enviée du public à l'heure où je parle. Il faul aussi
une extension du Goût, qui dirige le public dans ses
achats et dans l'appréciation des Œuvres d'art.

Il me parait inutile d'insister sur la nécessité de cet
enseignement du dessin, dans l'école primaire, à titre
obligatoire. Nous devons tous être d'accord, il me semble,
sur ce point. » ■— (Assentiment.)

Xota. Les indications de ce rapide Exposé seront com-
plétées dans nos Bulletins par des études spéciales sur les
institutions professionnelles du passé : elles nous apporte-

ront de précieux matériaux pour la Réorganisation pro-
jetée de nos Industries d'art. Quant à la question de
l'Enseignement du Dessin, il a été donné prompte satis-
faction au vœu de la Commission d'enquête : la loi du
28 mars 1882 a compris les « Eléments du Dessin » parmi
les matières obligatoires de l'Enseignement primaire.
Restent à étudier les moyens d'organiser efficacement cet
enseignement nouveau. Nous traiterons cette question
avec tout le soin qu'elle comporte.

Le Musée Reiber

-o-

Le Musée Reiber est une collection privée, réunie par
un artiste qui s'occupe de compositions décoratives pour
les industries d'art. Elle se compose d'objets divers, source
inépuisable d'inspirations : Œuvres gravés des maîtres,
livres d'art, incunables, ouvrages illustrés anciens; spéci-
mens de céramique, verrerie, bronzes, fers ouvrés, meubles,
lapis, tentures, étoffes, broderies, etc. Cette collection est
destinée à former un jour le fonds de quelque Musée de
quartier, adjoint à uns Ecole professionnelle, et à être
utilisée ainsi (par voie d'aliénation, d'échange, de legs ou
de donation) pour l'instruction des travailleurs de l'indus-
trie. Déjà elle rend à Y Art pour Tous le service d'alimenter
sa publication de matériaux de choix : elle a aussi fourni
les motifs des 00 planches du 1er volume des Albums Reiber.
Les circonstances ne permettent pas encore de fixer la
date à laquelle elle sera rendue accessible au public.

Mouvement des Arts

_©_

MINISTÈRE DU L'iNSTHUCTION PUBLIQUE, DBS BEAUX-AKTS ET Dbb CUL'TBS

DIRECTION DES BEAUX-ARTS

BUItEAU DES TRAVAUX d'aKT ET DES MANUFACTUHKS NATIONALES

PRIX DE BEAUVAIS

Concours de 1886-1887

PROGRAMME
Le Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Ails
et des Cultes,

Vu l'arrêté ministériel en date du 1er décembre 1885, por-
tant règlement général du « Prix de Beauvais »:

Vu le vœu émis par la Commission de la Manufacture
de Beauvais, en sa séance du 5 janvier 1886,

ARRÊTE :

Art. \". — Le sujet du concours pour le prix de Beau-
vais 1886-1887 est :

1° Un ensemble décoratif composé de deux panneaux en
tapisserie symétriquement placés par rapport à une porte
monumentale formant entrée principale du musée Thiers,
au palais du Louvre;

2» Le dessin d'une cantonnière formant couronnement à
la portière centrale, laquelle, étant prévue en velours, n'est
pas comprise dans le programme du concours.

Art. 2. — La figure humaine ne devra être employée
par les concurrents qu'açcessoirem:'nt et à l'état orne-
mental.

Art. 3. — La première épreuve consistera :
1° En un ensemble au Irait, à l'échelle du plan commu-
niqué ;

2° En une esquisse peinte au cinquième d'exécution
(0"»20 par mètre) et comprenant ;
Le dessin de l'un des panneaux ;
Un arrachement de la cantonnière;

La variante, s'il y a lieu, pour le motif intérieur du se-
cond panneau.

Art. 4. — Le montant et l'importance des primes à allouer,
en conséquence de cette première épreuve, à ceux des
concurrents admis à subir la seconde, seront réglés con-
formément aux prescriptions de l'article 4, paragraphe 4,
du règlement général susvisé.

Art. 5. — La somme que recevra le titulaire du prix
d'honneur de 1886-1887, à la suite de la seconde épreuve
et après l'acceptation par le jury du modèle définitif, est
fixée à 4,000 francs.

Art 6. — Les esquisses devront être, pour la première
épreuve, remises le 31 mai prochain au plus lard, avant
quatre heures du soir, au secrétariat de l'École nationale
et spéciale des Beaux-Arts, 14, rue Bonaparte.

Art. 7. — Chaque esquisse devra porter une devise et
être accompagnée d'un pli cacheté portant, en suscripfion,
la même devise et renfermant le nom et l'adresse du con-
current.

Les plis accompagnant les ouvrages admis à la seconde
épreuve seront seuls ouverts à l'issue du premier juge-
ment.

Paris, le '£> janvier 1H86.

Pour le Ministre et par délégation :

Le Sous-Secrétaire d'Etat,
Signé : Edmond TURQUET.

A\ 1S. — Le programme du concours et le règle-
ment général sont mis à la disposition des artistes, à
la Direction des Beaux-Arts (Bureau des Travaux
d'art et des Manufactures nationales), 3, rue de Valois.

Nota. — On trouvera au Bulletin d'Avril le Règlement
général visé à l'art. 4.

L'auteur s'était proposé d'y joindre quelques notices plus
spécialement consacrées à l'industrie et à l'art allemand,
belge et russe (1), et qu'il avait recueillies au cours de l'Ex-
position. Mais outre que cet écrit, déjà terminé, se fût accru
ainsi d'une quantité notable de considérations étrangères
à son but premier, on verra qu'il contient implicitement ce
qu'il y avait à gagner sous le rapport d'une critique des
productions de ces diverses nationalités.

Londres, 24 novembre 1851.

G. S.

I

A. — Influence de l'Exposition universelle de 18S1.

A peine quatre semaines se sont écoulées depuis la clô-
ture de l'Exposition. Les marchandises attendent encore
en grande partie leur emballage définitif dans les galeries
solitaires du vaste édifice de Hyde-Park : et déjà l'attention
publique s'est envolée par-dessus cette « apparition uni-
verselle » au devant d'autres événements plus saisissants
et peut-être imminents (2).

Aucun des correspondants attitrés des gazettes, aucun
de ceux qui, avec le jour de l'ouverture de ce « marché du
monde », avaient commencé à compter une Ère nouvelle,
ne fait plus entendre sa voix. Mais dans des milliers de
cerveaux qui pensent, et d'esprits qui aspirent aux choses
élevées, les idées que cette entreprise colossale a remuées
continuent à fermenter : la portée de l'impulsion donnée est
incalculable.

Chacun est libre de considérer la légende de la confusion
babylonienne des langues comme une forme mythique de
ce fait acquis à l'histoire, d'une conception précoce des

(1) Évidemment l'auteur met ici hors de cause la production
française. 11 en fait plus loin l'objet d'un examen spécial. Voir aux
Feuilletons des Bulletins qui suivent. (Noie du trad.)

(2) Allusion aux événements de décembre 1851 en France?

droits internationaux, el le désordre qu'elle mentionne,
comme le commencement d'un ordre plus naturel.

C'est ainsi que cet immense amoncellement de 1851, dont
les peuples apportèrent à l'envi les matériaux, amènera
une sorte de Babel moderne. Mais cette confusion appa-
rente ne sera autre chose que la mise en pleine lumière de
certaines anomalies que présente la constitution actuelle de
la société, et qui ne pouvaient être reconnues jusqu'ici de
tout le monde d'une façon aussi claire et aussi générale,
dans leurs causes et dans leurs effets.

C'est là précisément qu'éclate l'importance incalculable
de l'œuvre à laquelle nous venons d'assister. Si le monde
n'était si exclusivement préoccupé de ses contradictions
intérieures, quelle que soit la nature des entraves exté-
rieures, celles-ci ne sauraient avoir assez de force pour
arrêter le développement, de l'impulsion nouvelle. Ces
obstacles tomberont d'eux-mêmes quand la hâte extrême
qui agile l'époque présente sera plus généralement
consciente de son effort.

Là est la victoire, là est la liberté !

Que chacun de ceux qui ont la foi, et qu'une vocation
ou une aptitude spéciale y a préparés, prenne donc pour
lâche d'agir, sur le terrain qu'il s'est choisi, de telle sorte
que cet important résultat soit atteint. Quand on embrasse
toute la sphère d'action qui est à sa portée, et que de là
on cherche à imprimer au mouvement général la direction
qu'on croit la meilleure, la vérité et le progrès ne pourront
qu'y gagner, qu'on ait raison ou qu'on se trompe dans
son effort individuel. Car, dans les deux cas, on préparc à
la Haute Science l'étoffe de travaux plus approfondis des-
tinés à éclairer les questions plus générales de la philo-
sophie de l'éducation, qui sont le vrai thème, justifié par la
mise en action de moyens aussi puissants et aussi dis-
pendieux.

Partant de ce point de vue, un spécialiste, un praticien,
a voulu examiner un des problèmes qu'offre l'époque
actuelle, et qui, rentrant dans le cadre de ses travaux
habituels, a, pendant ses nombreuses visites à l'Exposition,
été l'objet de ses méditations constantes.

B. — Projets de classification.

A l'époque de l'ouverture de l'Exposition de l'Industrie,
j'étais préoccupé de l'idée de donner, en une série de
notices, un aperçu comparatif de son contenu, et je cher-
chais le plan à suivre.

Trois chemins s'ouvraient devant moi.

I.e premier et le plus simple consistait à me promener
d'un bout à l'autre de l'édifice, et de décrire, à la suite les
unes des autres, les productions des diverses nations. Cela
sentait trop son « Guide-Book. »

Le second se trouvait dans les « Head Juries », classifi-
cation des objets élaborée par la Commission royale, el.
d'après laquelle ceux-ci étaient d'abord groupés dans des
espaces déterminés, puis répartis dans les sections des
divers jurys.

Ce plan est conçu avec beaucoup d'entente et présente
de l'intérêt pour la répétition de semblables entreprises. Il
comprend quatre divisions principales :

1° Matières premières.

2" Machinerie.

3° Manufactures.

4° Beaux-Arts.

J'y renonçai également: car il me semblait, à cette
époque, qu'on avait renversé l'ordre des choses, el qu'en y
regardant de près, ce plan de classification était tout
aussi fondé sur des motifs extérieurs et matériels que le
premier.

Dans une Exposition de l'industrie, ne semble-t-il pas
en effet que les produits industriels ressortissant aux
besoins de l'alimentation, de l'abri, de la défense, de la
mesure du temps et de l'espace, etc., doivent fournir les
premiers poinls, les plus essentiels, à l'examen ? Dans ces
grandes classes seraient à tailler des « sections » d'après
la spécialité des objets, et cela d'après les matières et les
moyens employés à leur exécution. Comme compléments
accessoires prendraient place ensuite les matières pre-
mières, les outils, les machines; bref, tous les facteurs de
la production.

(La suite au Bulletin d'Avril.)

B2
 
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