Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LÀRTPOUR-TOU&

FJVCYCL OPEFÎEDE L'ARTINDUSTRIEL ET DECORA TIF
parais sant to'us les nvois

ETOILE REIBER

Dire cleur-zFon date ur

Ltt raine- des Imprimeries réunies

Ari.cie.nn,& .Maison. T^oraL

/!Ui)X^Iui-^]lL Çy PARIS j^y m^(\V-W^fk JÛWZ^

25e Année <^S^^ V^ Août 1886

BULLETIN'D'AOUT 1886

RÉORGANISATION DU TRAVAIL

PROPOSITIONS

pour la création
d'une

FACULTÉ DU TRAVAIL

par la fondation , aux Gobelins
d'un

Institut national
des Ateliers-modèles

avec rattachement des

Palais Nationaux

convertis en Musées régionaux des Industries d'Art
avec Écoles professionnelles

adressées

à Messieurs Ed. Lockrov, Ministre du Commerce
et de l'Industrie, et R. Goulet, Ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, en Avril et Mai 1886,

par

EMILE REIBER

Architecte
fondateur de Y Art pour Tous.

-o-

Le but de la Réforme est le maintien de la Supré-
matie de nos Industries d'art, et la prédominance du
goût français sur les marchés de l'étranger.

Pour réaliser ce but ;

Pour parer à la décadence de nos industries au-
jourd'hui sérieusement menacées :

1° Par la concurrence internationale ;

2° Par les efforts puissants tentés à l'étranger pour
nous ravir une supériorité jusqu'alors incontestée, et
par les institutions efficaces créées autour de nous,
conséquences de ces efforts ;

3° Par l'état de désuétude dans lequel sont tombés
chez nous (voir les Enquêtes) l'apprentissage et la
solide éducation artistique nécessaire à tous les par-
ticipants de nos industries ;

4° Par la fausse éducation introduite depuis nombre
d'années dans nos Ecoles publiques, laquelle a eu pour
effet « de détacher les élèves du métier manuel et de
leur inspirer une ambition hors de mesure avec leur
position et leurs besoins » (Rapport de M. Marins
Vachon, p. 72);

5° Par la préoccupation exclusive (ibid.) « de former
des artistes industriels, des dessinateurs de profes-
sion et des candidats aux Écoles supérieures, au lieu
de former d'excellents artisans et ouvriers munis
d'une solide éducation professionnelle autant que
d'une éducation artistique sérieuse » ;

6° Par la décadence graduelle de nos anciennes
Manufactures royales (aujourd'hui nationales) et par
l'oubli de ce fait : qu'elles ont été créées pour établir
et maintenir la suprématie française en matière de
goût, et que leurs Ateliers, véritables Écoles pratiques
modèles, servaient de pépinières — les anciens sta-
tuts de Colbert disent en toutes lettres « séminaires »
— à toutes les branches de l'indu strie nationale, et

répandaient les semences d'art sur tous les points
du territoire, tout en portant les marques du goût
français jusque dans les résidences princières de
l'étranger ;

7° Par les distractions qu'ont apporté aux esprits
dans ces derniers temps les conceptions prématurées,
peu raisonnées, inefficaces et dangereuses, d'un
« Musée central d'Art et d'Industrie », qui ne peut
être (Rapport M. Vachon, p. 80) que « le complé-
ment des Écoles spéciales encore à créer » — musée
évidemment imaginé plutôt en vue des satisfactions
d'un public esthétisant et amateur, qu'en vue des
besoins urgents de la production, des études, et des
consultations incessantes, immédiates, indispensables
aux ouvriers industriels, artisans, manufacturiers,
commerçants et artistes ;

8° Par le dédain général dans lequel on a laissé
tomber le travail manuel, dédain aujourd'hui suffi-
samment affirmé par la compétition universelle et
hors de toute mesure aux emplois administratifs —
d'où un développement considérable du népotisme,
un abaissement des caractères et un sensible déclin
des mœurs ;

9° Enfin, par l'inertie générale et l'état de division
des esprits, résultant du développement de « l'indivi-
dualisme » qui rend de plus en plus difficile la solu-
tion des questions urgentes d'intérêt général.

Pour remédier à un état de choses complètement
déséquilibré ;

Pour remettre en honneur le Travail manuel intel-
ligent, source de moralisation en ce qu'il développe
chez l'homme celle capacité si conforme à sa nature,
si émulatrice et si réconfortante de faire œuvre de
ses mains, tout en lui inculquant la forte discipline
de la volonté assouplie aux règles du devoir ;

Afin de réaliser ce but multiple,

Il est de toute urgence de constituer un Organisme
approprié aux besoins et aux conditions nouvelles de
la société contemporaine, et de nature à créer une
source de prospérité et de richesse nationales, en
indiquant à l'activité sociale une direction plus natu-
relle et plus honorable, pleine de sécurité pour
l'avenir de tous et de chacun, et ouvrant une vaste
carrière au développement des aptitudes les plus
diverses dans les innombrables branches de l'Indus-
trie désormais mise à la hauteur des grands progrès
réalisés par la Science tant en France qu'à l'étranger.

VOIES ET MOYENS : A ces fins, et pour
faire nettement ressortir le côté éminemment
national, pratique, technique, manuel, profes-
sionnel, effectif et agissant de l'Institution nou-
velle :

Art. I. — Il doit être immédiatement procédé,
dans nos Manufactures nationales, à la réorga-
nisation des anciens « Séminaires de Métiers »
de Colbert, en les complétant: 1° d'après le
plan primitif; 2° en vue des nécessités actuelles ;
3° conformément aux progrès modernes.

Art. II. — L'Institution nouvelle prendra le
nom d'Institut national des Ateliers-mo-
dèles. Elle a pour but de fournir couramment à
notre Industrie d'art une élite d'ouvriers ha-
biles, de contremaîtres intelligents et de Direc-
teurs de manufacture éminents. Une instruction
artistique solide, essentiellement pratique, sera

placée à la base de son enseignement. Tout
élève portera, à n'importe quel degré de son
instruction, le titre d'Elève de l'Institut natio-
nal ; et à sa sortie de l'École il lui sera délivré
un diplôme constatant ce degré.

Art. III. — Indépendamment de la formation
constante de ce personnel d'élite, l'Organisme
nouveau comporte la Création continue de Mo-
dèles fabriqués, véritables types de l'Art français
contemporain, produits par les professeurs et
les élèves dans ces Ateliers-modèles, établis
dans les conditions les plus parfaites de la
technique et de l'art, et destinés à être mis, en
vue delà reproduction en nombre, gratuitement
à la libre disposition des diverses industries du
territoire. L'induslrie pourra, en s'adressant au
Directeur de l'Institut, formuler les programmes
des objets les plus demandés parla consomma-
tion.

Nota. Il est à remarquer ici que ces Modèles-types, ou
« Modèles nationaux » devront, contrairement aux erre-
ments anciens, être établis dans des prix abordables au
public, et avoir aussi surtout en vue l'exportation de leurs
similaires, établis par l'industrie privée.

Art. IV.—Les conditions de bon marché qui

s'imposent ainsi, nécessitent, dans ces Ateliers-
modèles développés et réorganisés, l'introduc-
tion de la machine à vapeur, de l'électricité, de
tous les procédés modernes de multiplication
par voie de moulage perfectionné, d'estampage
mécanique, galvanoplastie, photoglyplie, photo-
gravure, impression mécanique, etc. Les Labo-
ratoires centraliseront et expérimenteront sans
désemparer tous les brevets nouveaux pris en
France et à l'étranger : nolamment les décou-
vertes chimiques s'appliquant aux teintures fixes,
emplois des terres, émaux, procédés de vitrifi-
cation, etc. Ils analyseront avec le plus grand
soin les produits (tissus, etc.) introduits par le
commerce de l'étranger, afin de constater les
contrefaçons auxquelles les produits français
pourraient donner lieu au dehors. Les expé-
riences seront reproduites dans les salles de
cours et ateliers des élèves, et finalement par
ceux-ci mêmes, qui devront aussi être mis au
courant des pratiques nouvelles de multiplica-
tion par voie de moulage, galvanoplastie,
photographie, etc.

Art. V. — Un Atelier de Dessins et de Compo-
sitions pour toutes les branches de l'Industrie
d'art sera adjoint à chacune de nos Manufac-
tures d'état. Placé sous la direction des artistes
les plus éminents, il satisfera à toutes les de-
mandes. Le chef de l'atelier de Dessins et Com-
positions pourra, comme au temps de Le Brun,
remplir l'office de Directeur général, chargé de
la haute surveillance de la fabrication, jusqu'à
l'exécution finale. Cet atelier devra aussi exa-
miner au point de vue des conditions d'art,
annoter et corriger à titre gratuit tous les plans,
projets et tracés qui lui seraient soumis par l'in-
dustrie privée. Des professeurs-inspecteurs fai-
sant partie du personnel enseignant de la Manu-
facture-modèle, pourront être détachés pour
surveiller l'exécution ati dehors, et donner, le
cas échéant, des conseils efficaces en vue du
maintien de la correction et de l'unité de style de
notre production nationale.

Art. VI.— Une Bibliothèque, riche en ouvrages
d'art industriel et décoratif, sera adjointe à ces

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N° 8.
 
Annotationen