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25e Année ^^^^^-^^-^^ JuiIlet 1886

BULLETIN DE JUILLET 1886

RE OR G AN ISA TION D U TRA VAIL

Le Fonctionnarisme

j

jugé par un Conservateur
-o-

II n'est pas, à mon sens, de réforme plus ur-
gente el plus féconde que de débarrasser l'État
de ces parasites qui le dévorent et tarissent en
même temps, par leur stérilité volontaire, les
sources de la richesse et de la production. 11 faut
être aveugle pour ne pas voir que la France se
meurt de la manie des fondions. Il n'est plus
d'écolier un peu dégourdi que ses parents ne
destinent à un emploi public. On le met au
collège au lieu de lui mettre un outil à la main,
et dès qu'il en sort, toute sa famille se pend aux
basques d'un député ou d'un sénateur pour j
qu'ils lui dénichent une place. Il n'est plus de j
sous-oiïicier qui consente à retourner dans son
village: il lui faut tenir une place d'expédition-
naire dans une administration quelconque ; et le {

FEUILLETON DU BULLETIN DE JUILLET 1886

Science, Industrie et Art "

PROPOSITIONS POUR FAVORISER

le Développement du Goût public
Par G. Semper, Architecte
-O-

A. — Comment le Grand Art peut se régénérer (Suite).

Là dehors au contraire, dans la grande galerie centrale,
se donnaient en montre des torses solides et bien décou-
plés, dans toutes les attitudes gymnastiques, clinopaliques,
équestres, et tous autres exercices imaginables. Entre
temps, quelques réminiscences meilleures, des déborde-
ments lyriques, et quelques motifs nouveaux, vrais, bien
circonscrits.

Cependant on ne peut s'empêcher de se demander quelle
est la signification de la plupart d'entre eux.

Cette signification, un objet d'art destiné au marché ne
peut l'avoir, bien moins encore qu'un objet de l'industrie :
car dans celui-ci l'expression artistique trouve au moins \
un point ferme dans l'usage auquel on l'a préalablement
destiné, tandis que le premier ne se soutient que par lui-
même, et ne trahit autre chose que le désir de plaire, et
d'attirer l'acheteur d'une façon en général plus ou moins
réjouissante.

Le Buste et la Statue en pied sont encore la partie la
plus saine de la plastique contemporaine • mais pour qui
voit les choses de plus près, on a appris à savoir comment
ici encore les choses sont à rebours et toutes corrompues. }
Par affection pour les artistes anémiques, on peuple les
places publiques de statues d'hommes célèbres: —il faut
bien proléger les arts ! Un culte des héros analogue à celui j
des Grecs n'existe chez nous ni parmi ceux qui dressenl
les statues, ni parmi le peuple. On finit par ne plus les

(I) Voir les Bulletins 2, 4, 5, (i.

BULLETINS DE L'ART POUR TOUS — N° 7.

soldat lui-même préfère la livrée de garçon de j
bureau à la sainte charrue.

lit l'on se plaint que l'agriculture manque de
bras, que l'industrie se dessèche, que le com-
merce languisse, que les forces productrices de
la France s'éteignent, tandis que nos rivaux
triomphants nous devancent ou nous évincent
sur tous les marchés du monde ! N'en cherchez
pas plus loin la cause : elle est là. Tout homme
qui s'enferme dans une fonction publique est
une force perdue pour le pays. Obligez-le à ga-
gner sa vie ; il fera quelque chose, et tout ce
qu'il fera sera un élément de plus dans la ri-
chesse commune. Si le travail lui manque en
France, il ira le chercher à l'étranger, et là-bas
encore son industrie, en quelque forme qu'elle
s'exerce, profitera à la métropole. Il y fera con-
naître et rechercher la France, il nouera des re-
lations qui devront s'étendre, il sera peut-être
le noyau de ces colonies libres, fondées par l'ini-
tiative intéressée des chercheurs, qui, loin de
coûter à la mère-patrie de l'or et du sang, l'ho-
norent, la fortifient et l'enrichissent. Et peut-être j
alors le vieux peuple que nous sommes, paralysé j
par la routine, abêti par la politique, immobile
comme une bête poussive, et l'œil perdu sur j
le râtelier de l'État, verra-t-il refleurir, avec
la vigueur des anciens jours, sa couronne de j

regarder: pareillement l'habitude de savoir un espace vide
a fait place à cette autre d'y voir un piédestal. Si je ne
fais erreur, il s'est trouvé parmi les statues ressemblantes
d'hommes célèbres du temps passé, du présent — et de
l'avenir — qui faisaient l'ornement de cet « Exhibition-
building », un nombre respectable faites pour la réclame et
pour la pure spéculation. — Toujours est-il que la forme
« en portraiture » reste peut-être le point d'attache le
plus sérieux pour nous amener à quelque chose de mieux.

La Peinture avait été exclue de l'Exposition : sans cela le
marché se serait distingué par un aspect plus bigarré
encore. Que ce qui a ôlé dit s'y applique, cela n'a pas be-
soin d'un grand étalage de preuves. Les Cercles, les Expo-
sitions d'Art n'ont-elles pas abouti à un marché annuel
complètement réglé, noté dans les almanachs, d'images
exposées périodiquement ou d'une façon permanente ?

« Mais, me dira-t-on, nos monuments avec leurs fres-
ques, leurs vitraux, leurs statues, leurs frontons et frises
restent pourtant toujours le refuge de l'art véritable ! »

Oui, si tout cela n'était absolument emprunté de droite et
de gauche, et manifestement acquis par voie de soustrac-
tion. Ils ne nous appartiennent pas le moins du monde. De
tous les éléments encore mal digérés dont ils se com-
posent, il ne s'est encore formé rien de nouveau, que nous
puissions réclamer comme nous appartenant en propre.
Il ne s'est encore rien transfusé de tout cela, ni dans
notre sang, ni dans notre chair. L'époque présente les a
soigneusement recueillis, mais ne les a pas encore suffi-
samment décomposés.

C'est la Décomposition des types d'art existants que l'In-
dustrie, la Spéculation et la Science appliquée au problème
de l'existence, devront parachever tout d'abord, avant
qu'il puisse s'ensuivre quelque chose de bon et de nouveau.

B. — L'Architecture.

Il ne se passe rien de nouveau dans le monde : tout a
déjà existé une fois ! D'après les philosophes, la société se
meut (si en général elle progresse) suivant une ligne

gloire, de richesse, de puissance et de fécondité.

Mais il faut, pour mériter un pareil avenir,
couper dans leurs racines toutes les verrues du
présent, toutes les excroissances parasites, tou-
tes les fonctions inutiles. Il faut promener la
hache dans cet arbre aux rameaux monstrueux
qu'on appelle l'Etat, et sabrer d'une main impla-
cable tous les crédits superflus, puisqu'on n'a
pu obtenir encore et qu'on n'obtiendra jamais
d'un ministre quelconque qu'il supprime de lui-
même les fonctions qu'ils alimentent... Il faut
que l'exécution s'étende à toutes les administra-
tions : il y a presque partout trois fonctionnaires
à supprimer sur quatre. On criera, sans doute;
toute opération chirurgicale fait crier ; mais c'est
au prix de ces amputations qu'on sauve le corps,
et la F'rance ne sera sauvée de la plaie qui la ronge
que le jour où elle aura compris que l'homme qui
fait pousser un chou est plus utile à la pairie
et mérite plus de considération qu'un sous-chef
adjoint au. cabinet d'un sous-secrétaire d'État.

C'est tant pis pour la République si ses repré-
sentants répugnent à ces nécessités. Il y a des
républicains qui croient que la République suffit
à tout, dès qu'elle a rempli le cadre des institu-
tions de l'an VIII ; ils se prennent sérieusement
pour les héritiers et les continuateurs de Napo-
léon ; ils n'entendent pas qu'on touche, après

spirale ; et, selon certains points de vue, le commencement
d'une période finit par coïncider avec son point final.

11 y a plusieurs milliers d'années, le luxe habitait des
tentes sans art, les enceintes des pèlerinages, les châteaux
forts et les camps. L'architecture n'existait pas encore,
mais bien une riche manufacture d'art. Le marché et le
négoce (el aussi le brigandage) alimentaient le ménage
d'articles de luxe, de tapis, de tissus, d'ustensiles, de vases
et d'ornements. Il en est ainsi aujourd'hui encore dans les
tentes arabes : il en est presque ainsi, dans ces temps de
haute civilisation, chez nous, qui nous estimons si près de
la limite de la perfection humaine. Quel contraste entre la
demeure américaine décrite ci-dessus et celle de la fin du
moyen âge ! Celle-ci est comme l'enveloppe du limaçon, la
coquille cl l'empreinte de l'organisme qui l'habile. La pre-
mière convient au premier venu qui veut y bâtir son nid.
Ce n'est pas une maison : c'est l'échafaudage d'un établis-
sement. Voilà où ont conduit la science avancée el l'in-
dustrie spéculatrice !

Nous voyons pourtant bien nettement ce qui autrefois,
au commencement du cycle, a suivi les temps préarchi-
tectoniques. La pensée s'empara du motif créé par l'ins-
tinct constructeur des races, et le traita plastiquement
pour le convertir en une forme architectonique à l'usage de
la société.

En Egypte, par exemple, la bourgeoisie héréditaire des
Nômcs, dans les faubourgs desquels un pèlerinage célèbre
s'élail lentement développé, prit possession de ce motif el
drapa la puissance désormais constituée de ses prêtres
dans le vêlement architectural du temple égyptien. Sa
domination ne souffrit en rien quand, aux lieu et place du
Dieu de la localité, elle institua un roi qui élail dans sa
dépendance, comme dernière incarnation du premier.

En Assyrie, c'est le camp qui servit de modèle à l'archi-
tecture. II prit l'aspect d'un château royal couronné de
murailles el s'élevant en une suite de terrasses. En haut,
l'incommensurable ville des souverains, en bas, le château
du plus infime vassal ; ce n'étaient là que des développe-

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