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Bulletin de l' art pour tous — 1886

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No 2 (Février 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.23171#0005
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L'ART*POUR - TOUS

ENCYCLOPEDIE BF L ART INDUSTRIEL ET DECORATIF
-paraissant to'us Us m-ots

EMILE REIBER

Z)-ir>e cfe ur-Fon da. te up

Lit raine des Imprimeries réunies

25e Année ^ ^ Février 1886

BULLETIN DE FÉVRIER 1886

COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF

sur

nos anciennes Industries d'art
-o-

Extrait de ta déposition de E. REIBER devant la Commission
d'Enquête sur la situation des Ouvriers et des Industries d'art.
Séance du 14, février 1S82. Présidence de M. Corbon. sénateur.

« Je viens de vous expliquer, Messieurs, comment l'in-
suffisance de l'instruction professionnelle et de l'éducation
artistique faisait courir de graves dangers à notre indus-
trie contemporaine. Il est urgent de remédier à cet état
de choses. Je ne fais pas le procès à ce temps-ci, car on
peut constater qu'à différentes autres époques, si l'indus-
trie d'art n'avait pas été soutenue dans notre pays, elle
serait souvent tombée. Elle était comme un corps lourd,
mal équilibré, chancelant, auquel il fallait constamment
fournir un point d'appui : à chaque instant les divers

Gouvernements ont dû la soutenir, l'encourager. De plus,
les commotions politiques que nous avons eu à subir à
différentes dates de notre histoire ont encore entravé le
lent développement de notre industrie. Elles ont fait que
des familles intelligentes et laborieuses ont quitté la patrie
et s'en sont allées, portant leur activité et leur intelligence
à l'étranger. A la suite des massacres de la Saint-Barthé-
lemy, un grand nombre de familles industrieuses ont
émigré : il en a été de même lors de la révocation de
l'Edit de Nantes, et aussi dans d'autres circonstances.

11 faut noter ici le mouvement, très instructif pour nous,
qui s'est produit en Italie sous les Médicis ; car les Valois
avaient amené d'Italie, à leur suite, des artistes dont
l'influence s'est fortement fait sentir chez nous.

Les républiques italiennes, Messieurs, nous donnent une
grande leçon. Elles avaient trouvé le moyen de faire naître les
aptitudes et de les développer par un enseignement appro-
prié, de manière à donner à chaque vocation son maximum
d'énergie et de productivité ; or on ne peut prétendre
qu'une telle direction ait jamais, sauf du temps de Colbert,
existé chez nous.

La méthode italienne a produit beaucoup d'artistes, des
praticiens d'une grande valeur: et il faut bien croire que
les nôtres n'étaient pas à la hauteur des circonstances,
puisqu'on faisait venir d'Italie, à cette époque, des équipes

entières qui se chargeaient de la décoration des monu-
ments royaux, des châteaux, des églises, etc.

C'est à ce contact des ateliers ilaliens que se formèrent,
c.he/. nous, des hommes comme Jean Goujon, Pierre Lescot,
Jean Cousin, Jean Bullant, Androuet du Cerceau, qui
s'assimilèrent merveilleusement l'art italien et. les procédés
de ses décorateurs. On ne peut pas dire que ces hommes
n'ont rien laissé comme enseignement; nous avons leurs
œuvres imprimées, précieuses pour notre éducation artis-
tique.

Mais aussitôt après la disparition de ces praticiens illus-
tres, il se produisit immédiatement une nouvelle décadence,
à tel point que Sully fut obligé de faire venir de l'étranger
des artistes capables de maintenir la prééminence de nos
arts et de nos industries. Il fit venir des haut-lissiers, des
orfèvres, des ébénistes fabricants de mobiliers d'art. Il les
installa au Louvre. Ils ont laissé des mémoires, des ou-
vrages où ils indiquent comme domicile de l'auteur: « Ga-
lerie du Louvre ». Ils étaient installés chez le Roi, qui leur
faisait une pension.

Les efforts de Sully produisirent les meilleurs résultats.
Après lui, Colbert et d'autres ministres s'appliquèrent
constamment, par des pensions accordées à des étrangers
distingués, et par des institutions spéciales, à' soutenir
notre industrie nationale et à la maintenir à son rang.

FEUILLETON DU BULLETIN DE FÉVRIER 1886

VARIÉTÉS

Un Incunable0

de la Réorganisation des Industries d'Art

-O-

On a pris chez nous l'habitude de faire remonter à l'Ex-
position universelle de Paris, 1855, les premières idées
d'une rénovation de l'Industrie d'Art. On oublie que la
nécessité d'une réorganisation s'imposa dès la première
Exposition universelle, celle de Londres 1851, — alors (pie,
vivement émus de l'éclatante supériorité de la production
française, nos voisins d'Angleterre reconnurent qu'il fallait
se hâter de remédier, par un ensemble de mesures éner-
giques, à l'état d'infériorité manifeste, au point de vue du
goût, des produits de leurs industries.

A cet effet, ils eurent l'excellente pensée — pensée émi-
nemment pratique — de consulter tout d'abord, non les
académiciens, mais les spécialistes, les hommes compé-
tents eu ces matières, dussent-ils même, en ces circons-
tances pressantes, s'adresser à des étrangers.

Nous avons eu la bonne fortune de mettre la main sur
un écrit daté de Londres, octobre 1851, et qui fut publié
en Allemagne dans les premiers mois de 1852 sous la forme
d'une brochure de 76 pages in-8» (Brunswick, Vieweg et fils).
L'auteur est M. G. Semper, architecte distingué, que ses
travaux sur les questions du « Style dans les Arts » avaient
aussi fait connaître comme un publiciste éminent. Il avait
fait ses éludes à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris; il avait
construit le grand Théâtre de Dresde, et était devenu le
directeur de l'Ecole d'Architecture de celte ville.

C'est de cette consultation autorisée qu'est sortie en
réalité toute l'organisation du célèbre South Kensington
Muséum, qui fonctionne depuis trente ans, et dont l'action
puissante pourra être constatée à nouveau lors de la pro-
chaine Exposition du Centenaire de 89.

(1) Du latin incunabula, berceau. En bibliographie on désigne
sous ce nom les premières productions de l'art typographique

Au moment où. chez nous on commence — et l'on sait
avec quelle regrettable lenteur — à s'occuper des questions
qui intéressent la vitalité de nos industries aujourd'hui
sérieusement menacées par la concurrence étrangère, nous
avons pensé qu'il y aurait un grand intérêt à répandre, par
l'organe de l'Art pour Tous, les enseignements topiques
contenus dans le remarquable travail de l'architecte
Semper.

Nous commençons donc ici-bas la traduction in extenso
de cet écrit substantiel, en réclamant toute l'indulgence
des lecteurs pour une interprétation que nous avons tenu
à rendre aussi littérale que possible, afin de lui conserver
son goût de terroir, au risque de rencontrer çà et là cer-
taines obscurités dues à la phraséologie scientifique alle-
mande, mais qui, nous l'avons vérifié, disparaîtront à
mesure que le lecteur attentif s'initiera à la « manière » de
l'auteur.

Nous devons faire ressortir, en terminant, la pensée
dominante d'un travail qui a pour ainsi dire servi de base
et de point de départ à toutes les institutions créées autour
de nous (et contre nous) à l'étranger depuis ces trente der-
nières années. Elle a un caractère éminemment pratique,
effectif et réel. Elle fait reposer l'enseignement profes-
sionnel non pas sur de pures amplifications littéraires (1),
sur des cours professés dans des amphithéâtres, sur des
conférences présentées dans quelque « Musée central des
Industries d'art » — mais bien sur la remise en honneur
du travail manuel intelligent dans des Ateliers modèles, où
l'éducation du goût s'acquiert à la suite d'un exercice per-
manent, d'une pratique constante, et l'outil a la main. Elle
est, en un mot, la traduction moderne de la pensée de Col-
bert, qui, au moment où nos industries périclitaient, sut
créer aux Gobelins son « Séminaire royal des Arts et
Métiers » dans les Ateliers duquel se formaient ces admi-
rables artisans, contremaîtres et chefs d'industrie, qui ont
établi en réalité la suprématie du goût français. C'est à ces
institutions qu'il nous faut revenir sous peine de déchéance
irrémédiable, en les ajustant aux nécessités de notre
époque, en les développant à l'aide des admirables con-
quêtes de la science moderne.

Nous nous attacherons dans nos Bulletins, comme dans
notre Recueil de planches, à fournir au lecteur les docu-
ments probants qui lui feront partager, nous en sommes

(1) Le Rapport de M. le comte de Labordc sur l'Exposition de
Londres 1851, forme un volume de 1039 pages, qu'assurément, peu
(le personnes ont trouvé le temps de tire en entier.

certain, noire conviction à l'égard de la véritable orienta-
tion d'une Réforme qui s'impose, et qui s'appuierait ainsi
sur des précédents historiques d'une autorité incontestable,
puisqu'ils ont fourni les preuves marquantes de leur
efficacité.

E. Reiber.

Science, Industrie et Art

ou . "

Propositions pour favoriser le développe-
ment du gout public, présentées lors de la

clôture de l'Exposition de l'Industrie, Lon-
dres '1851, par Gottfried Semper, Ancien Direc-
teur de l'École d'Architecture de Dresde. —
Londres, 11 octobre 1851.

-O-

AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR
\u Lecteur (allemand).

Ce mémoire n'a rien d'officiel : il s'est produit à la suite
d'une invitation privée (1) faite à l'auteur de « rédiger quel-
ques propositions tendant à améliorer l'instruction des
Apprentis des Métiers, et à l'organiser principalement en
vue du perfectionnement du goût. »

Ses aperçus ne portent en général que sur des objets
anglais et américains. La connaissance imparfaite de la
langue anglaise a empêché l'auteur de le rédiger immédia-
tement en cette langue, et c'est dans sa forme originale
qu'il met au jour ce travail préparatoire, et qu'il le pré-
sente, sur le conseil de ses amis, avec peu de modifications
à ses compatriotes, espérant que pour le juger, on tiendra
compte de sa première destination.

(1) Quelques membres de la Commission anglaise, sans doute, et
peut-être le prince Albert, lui-même.

BULLETINS DE L'ART POUR TOUS — N» 2.
 
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