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Bulletin de l' art pour tous — 1886

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No 12 (Décembre 1886)
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https://doi.org/10.11588/diglit.23171#0045
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BULLETIN DE L'ART POUR TOUS

N° 12

lution d'ensemble et de rehausser ses diplômes.

Voici comment on pourrait procéder: on éla-
borerait un plan général d'Enseignement com-
mercial. Sans appliquer à toutes les écoles, sans
exception, un programme uniforme, sans enlever
à chacune d'elles le caractère particulier à la
contrée clans laquelle elle est établie, il faudrait
fixer, pour l'admission des élèves, des condi-
tions d'âge identiques, adopter des programmes
qui seraient imposés aux établissements de
même nature.

Dans une première série d'écoles, les enfants
de douze à quinze ans recevraient l'Enseigne-
ment primaire du commerce ; dans une seconde
série, ils aborderaient, de quinze à dix-huit ans,
l'Enseignement commercial secondaire ; enfin,
ils compléteraient leur éducation, de dix-huit à
vingt et un ans, en suivant les cours de l'Ensei-
gnement commercial supérieur, lequel n'aurait
qu'une école, à Paris.

On couronnerait cette organisation en créant
un Diplôme commercial dont les possesseurs
jouiraient d'avantages analogues à ceux que con-
fèrent les diplômes de bachelier.

Les écoles de commerce seraient, par consé-
quent, des écoles de l'Etat, et dépendraient clu
Ministère de Commerce et de l'Industrie.

J'ai dit que les écoles de commerce actuelles
végètent ; il faut faire une exception, toutefois,
pour l'Ecole supérieure de commerce de Paris,
fondée en 1820, sous les auspices de MM. Casimir
Périer, Ternaux, Chaptal, Jacques Laffitte, etc.

Successivement dirigée par Blanqui et par
Gervais de Caen, elle est administrée, depuis
1869, par la Chambre de commerce.

Les élèves ne sont actuellement qu'au nombre
de quatre-vingt-seize, tant internes que demi-
pensionnaires. Eh bien! l'établissement s'ali-
mente par ses propres ressources.

Il est vrai que l'installation de l'École supé-
rieure de commerce ne laisse rien à désirer,
sous le double rapport du confort matériel et de
l'exécution clu programme des études.

C'est de ce dernier cjue je vais m'occuper.

Les élèves sont admis à l'âge de quinze ans
révolus et suivent les cours pendant trois années.

La première année est employée à la réforme
de l'écriture, à l'étude de l'histoire, de la géogra-
phie, de l'arithmétique, des éléments de physique
et de chimie, du droit usuel et clu dessin, des
premiers principes des langues étrangères. Les
étrangers y apprennent la langue française ; les
Français en approfondissent les règles.

La seconde année comprend la continuation
de quelques-unes des études précédentes ; des
essais relatifs à la correspondance commerciale;
la littérature française ; l'application de l'arith-
métique et de l'algèbre à toutes les opérations
du commerce et de la banque ; la comptabilité
théorique et pratique dans toutes ses parties; la
géographie commerciale et l'histoire du com-
merce ; les langues étrangères; la chimie; la
physique ; l'étude des matières premières, à
l'aide des échantillons déposés au musée ; le
dessin linéaire et l'ornement ; la sténographie.

Dans le cours de la troisième année, les appli-
cations multiples de la comptabilité au com-
merce, à la banque et à l'industrie; les changes
et les arbitrages ; les éléments de la mécanique
appliquée aux besoins du commerce et de l'in-
dustrie, au matériel des ports de commerce,
des chemins de fer et des docks ; la technologie
ou description des principales industries ; le droit
commercial et maritime ; l'économie politique ;
l'histoire littéraire. Enfin les élèves se perfec-
tionnent dans l'usage des langues étrangères.

L'enseignement est complété par des visites
clans les usines de Paris et de ses environs ; par
une excursion, vers le mois d'avril, dans le nord
delà France et en Belgique.

Après trois années de travail fructueux, un bon
élève est capable d'entrer dans une importante
maison de commerce, avec la certitude d'y tenir
convenablement sa place, et de pouvoir la diri-
ger un jour, si les circonstances le favorisent.

Je me suis appesanti sur l'École supérieure de
commerce, parce qu'elle est l'intermédiaire entre
l'École de commerce pure et simple, où l'on re-

çoit le premier degré de l'enseignement, et l'Ecole
des hautes études commerciales, où l'éducation
spéciale atteint son niveau le plus "élevé.

Qu'une loi règle les conditions de l'Enseigne-
ment commercial, garantisse aux diplômés les
mômes bénéfices qu'aux bacheliers ès lettres ou
bien ès sciences, et l'on verra bien vite les pères
de famille renoncer pour leurs fils aux Huma-
nités, dont ne peuvent se passer un avocat, un
médecin, un professeur, mais qui ne sont pas in-
dispensables à de futurs négociants, obligés de
travailler le plus tôt possible et de penser à
celte œuvre de plus en plus pressante et difficile :
Gagner sa vie.

Thomas Crimm.

LES PRÉCURSEURS

-o-

A ceux qui disent : « Il nous faudrait un Colbert, un
Le Brun, un Turgot. pour réaliser les vastes réformes
artistiques, industrielles, économiques, que réclame
l'Evolution sociale actuelle », on peut répondre que ces
grandes individualités ne se sont mises en évidence
qu'à la suite d'une sorte de longue incubation, dont
les facteurs principaux sont : la lente transformation
des mœurs, le développement graduel des idées;
enfin, et surtout, le rôle quelquefois obscur, latent, des
précurseurs qui, les premiers, surent résumer les
tendances et les aspirations d'une époque, et en tracer
plus ou moins nettement les nouvelles directions.

La Rénovation des Arts en Italie eut ses précur-
seurs : Cimabue, Giotto, Arnolfo di Lapo. Celle qui
se produisit en France, au retour des Croisades, eut
les siens. Il en fut de même au Siècle de Louis XIV.
Sully, Letellier, Mazarin, furent les précurseurs de
Colbert, qui n'eut qu'à mettre en pratique leurs grands
principes, dont il s'était constitué le dépositaire.
Le Brun lui-même ne fut que le continuateur de
Simon Vouet qui, sous Sully et Richelieu, avait pré-
paré la voie.

Aujourd'hui, la voie nouvelle où s'engage l'activité
sociale doit, pour aboutir, tout d'abord être marquée
par le groupement des compétences : c'est là, et non
ailleurs, que se formeront et se produiront les hommes
que réclame la situation actuelle.

Volland-Sayet.

Erratum. — Le Tympan en sculpture de Notre-Dame de Paris,
page 2629, appartient, non à la façade, mais au transept Sud, qui
est du XIV' Siècle.

VI

Propositions pour un Enseignement d'Art
largement généralisé

Deux causes se sont mises en évidence, qui (principale-
ment pour l'Angleterre) expliquent la situation défavorable
des arts à notre époque. Ni l'une ni l'autre ne sont, d'après
leur principe, en contradiction avec ceux-ci : elles ne
semblent pas môme tout d'abord être en corrélation avec
eux. L'un de ces « moments » c'est la Hiérarchie de la
Science, si je puis me permettre, pour abréger, une ex-
pression qui a été expliquée plus haut; le second, c'est le
droit inaliénable de la décision, qui revient, dans les choses
de goût aussi, à l'homme isolé ou collectif, sur ce qu'il
commande ou achète.

Ce droit est inaliénable, et le palladium de l'Art à venir.
En conséquence il ne peut être question de propositions
qui mettraient en jeu un aréopage d'artistes, et des insti-
tutions de tutelle du goût public, ni de cette séparation
dualiste du grand art et de l'art industriel : encore moins
d'une police esthétique et d'un conseil secret des bâtiments
civils.

Il faut agir en vue du développement du goût populaire,
ou plutôt le peuple doit agir pour cela. Mieux vaut que
pendant quelque temps encore son jugement soit désor-
donné, que de se laisser prescrire son goût.

Que l'Angleterre continue donc, sans s'inquiéter, d'em-
prunter aux autres nations, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus
besoin de leur assistance. Un peuple qui a eu son Inigo
Jones, son Christofer Wren, son Flaxman, n'a été momen-
tanément dévoyé des arts que par l'effet des circonstances.
Les Italiens aussi ont, dans le temps, appelé les Grecs et
les Allemands, et conquirent, sans académies et sans pro-
fesseurs officiels, les arts dans lesquels ils surpassèrent
bientôt tout le monde.

Si l'on trouve nécessaire d'introduire une réforme plus
systématique des conditions actuelles, il faut que cela
arrive par un enseignement général et populaire du gout.

Ici l'exemple et l'instruction pratique restent naturelle-
ment la chose essentielle, et l'enseignement oral la chose

secondaire. C'est pour cela qu'il nous faut avant tout des
collections et des ateliers, peut-être réunis autour d'un
foyer ou d'un point central, où se ferait la distribution des
prix des concours entre artistes, et où le jugement des
œuvres d'art serait rendu par le peuple.

A. — Un Enseignement populaire du Goût. — Collections.

Les Collections (musées) et les Monuments publics sont
les vrais instructeurs d'un peuple libre. Ils ne sont pas
seulement les instituteurs d'un exercice d'art pratique,
mais encore, et c'est là le point important, les éducateurs
d'un goût populaire, général.

Ceci a déjà été depuis longtemps reconnu en partie,
mais a commencé par être appliqué au rebours de la ques-
tion d'art qui nous occupe. On n'a fondé que des collec-
tions savantes, que le peuple est incapable de comprendre
dans l'état actuel de son éducation artistique, et dont le
contenu est même souvent inintelligible pour les connais-
seurs en art, puisqu'il se compose en partie de fragments
qui ont été arrachés à un ensemble harmonique préexis-
tant. Pour les former, on a pillé les monuments publics,
qui, dans leur intégrité et leur pleine cohésion, sont les
véritables musées du grand art.

A cela vient s'ajouter que dans l'organisation et le ran-
gement des objets dans ces musées et galeries, il n'appa-
raît aucune attache avec un système d'enseignement quel-
conque, ni aucun effort vers l'obtention d'une impression
générale, imposante, et de nature à donner satistaction au
sentiment d'un Art monumental.

Bien plus appropriés à constituer des collections, sont
ces objets d'art qui, dès l'origine, n'ont jamais appartenu à
un lieu déterminé. C'est sur ceux-là qu'il faudra d'abord
que le goût public se repose de nouveau, parce qu'ils
représentent les applications les plus anciennes du sentiment
artistique de l'homme. Parmi ces objets se distinguent
deux catégories très répandues, dont chacune se divise en
de nombreuses classes et familles : je veux parler des
œuvres de la Céramique et des Arts textiles.

Combien serait indispensable l'organisation de collec-

tions céramiques dans les centres principaux de la vie
populaire et de l'industrie! Mais il ne faudrait pas qu'elles
se bornassent à de simples ouvrages de terre, mais qu'elles
embrassassent également les produits connexes du verre,
de la pierre et du métal, précisément pour faire ressortir
les parentés et différences de style de toutes ces espèces
d'une seule et même grande famille. Le plan d'une telle
collection devrait être conçu à la fois au point de vue his-
torique, ethnographique et technologique,

Je connais deux collections de ce genre, qui toutes deux
ne comprennent que des groupes isolés de l'art céramique,
et qui, pour cela, n'atteignent qu'imparfaitement leur but :
l'une à Dresde, l'autre à Sèvres; cependant celle-ci, créée
par M. Riocreux, qui a bien mérité en la constituant, peut
compter dans son genre comme un petit musée modèle.
Sa grande utilité a éclaté à tous les yeux dans les der-
nières productions de la Manufacture de Sèvres.

Les conférences sur l'art et sur l'industrie doivent être
en quelque sorte l'explication des collections ci-dessus, et
être tenues dans le même local. L'un des thèmes les plus
importants de ces conférences, celui qui jusqu'ici n'a été
traité du haut des chaires savantes des philosophes de
l'art que d'une façon très obscure et très imparfaite, et
comme le petit côté de l'esthétique, c'est la connaissance
des exigences du style. A cet enseignement se rattache en
quelque sorte d'elle-même toute la Technologie.

Son domaine s'étend encore plus loin et ne peut être
défini en peu de mots. Cet enseignement nécessite un cycle
particulier de conférences qui est, à un certain point, le
contrepied de celui qu'on a maintenu jusqu'ici dans les éta-
blissements de l'Enseignement technique.

B. — Ecoles de Dessin.

On a presque partout cherché, dans ce qu'on appelle les
« Écoles de Dessin », un moyen efficace d'enseignement
d'art, mais on les a fort inopportunément divisées en divers
degrés et hiérarchies, ainsi qu'il a été dit plus haut.
L'expérience a prouvé qu'elles ne suffisaient pas.

(A suivre.)

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