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Bulletin de l' art pour tous — 1892

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No 74 (Février 1892)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24421#0006
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BULLETTN DE L'ART POUR TOUS

N° 74

gueur et une sûreté de main remarquables, I
existe tout entier ou à très peu de chose près.

La coupole ouest, de 16 métrés de diamètre
et de forme ovoïde — comme celle de Test — est
divisée par la composition picturale en huit sec- ]
teurs, séparés par de larges bandes formées de
rinceaux de fleurs et de fruits fortement des-
sinés, dont la figure 2 donne une idée exacte.
Les figures de huit prophètes, de dimensions co-
lossales, qui varient de 4m,70 à 4m,90 de hauteur,
forment le point capital de chaque secteur. Le
prophète-roi David et les quatre grands pro-
phètes : Daniel, à gauche de David, puis Jérémie,
Isaïe, Ézéchiel à droite, vers le chœur de l'é-
glise, ainsi que trois parmi les douze petits pro-
phètes: Jonas, Esdras et Abacuc, sont peints de
divers tons modelés, sertis par un trait sur un
fond variant du rouge orangé au rouge foncé et
encadré dans un motif d'architecture tracé en
ligne fermes. Le motif se détache en gris sur un
fond d'appareildontles assises sontindiquéespar
un double trait brun sur un ton général d'ocre
clair. Chacun des personnages tient un phylac-
tère, banderole ou rouleau, portant son nom
écrit en belles lettres du xme siècle.

Les bandes divisant les secteurs aboutissent
à une frise circulaire entourant le sommet de la
coupole, formant un ciel étoilé au milieu duquel
est représentée l'apothéose de saint Etienne,
patron de la cathédrale; la frise est composée de
personnages grandeur nature, figurant, en des
attitudes diverses et toutes très vivement expres-
sives, les scènes du jugement et de la lapidation
du saint martyr. Ces peintures montrent une
phase de l'évolution vers le naturalisme; si les
figures des prophètes sont encore hiératiques
dans certaines de leurs parties, leur pose, leur
tête et les détails dénotent une recherche évi-
dente de la physionomie. Cette recherche est
poussée très loin dans les personnages de la frise
par le dessin des mains qui résulte d'une étude
d'après nature.

Au point de vue technique, les peintures delà
coupole ne sont point des fresques : « Le pro-
cédé employé paraît être la peinture à l'œuf,
blanc et jaune mélangés, procédé analogue à la
peinture à l'aquarelle... Les tons rouges ont été
posés sur une assiette de mine orange, ce qui
leur donne une vigueur et un éclat étonnants,
relativement aux matières employées; l'usage j
des dessous était systématique et il apparaît loutes
les fois qu'on a voulu obtenir une certaine inten-
sité de tons ou des effets de coloration. On a
modelé autant qu'on a pu, mais sans direction
unique de la lumière, et si ce n'était le gros trait
de redessiné ou serti, en beaucoup d'endroits ces
peintures auraient des points de ressemblance
avec les recherches d'éclairage diffus qui, sous
le nom de plein air, caractérise la peinture mo-
derne. La tonalité générale est celle des pein-
tures simples du xme siècle, c'est-à-dire de j
celles où l'on n'a pas employé l'or. L'aspect est
chaud, brillant, orangé, avec des intensités
rouges de plusieurs nuances (1). »

D'après les renseignements archéologiques
recueillis en divers ouvrages des historiens du
Quercy, les peintures de la coupole ouest de j
Cahors auraient été faites par les soins desévê-
ques Raymond de Cornil, 1280-1293, Sicard de
Montaigu, 1294-1300, Raymond Pânchelli (2), 1300-
1312, ou Hugo Geraldi, 1312-1316, l'ami du pape
Clément V et du roi de France Philippe IV, et
qui fut brûlé vif à Avignon, ou bien encore Guil-
laume de Labroa, 1316-1324, qui, résidant à Avi-
gnon, ne gouverna le diocèse de Cahors que par
procuration. Après cette période il n'est plus
question de travaux décoratifs, les successeurs
de ces évêques ayant à soutenir la lutte contre
les Anglais.

Il est donc permis de croire que les peintures
de Cahors sont de la fin du xme siècle ou du pre-
mier quart du siècle suivant ; mais ce qui est cer-
tain, c'est que la décoration de la coupole ouest

(1) D'après les notes techniques de M. Gaîda, arlisle peintre.

(2) Raymond Pânchelli, ou Raymond II, fit commencer en 1303
le pont de Valentré à Cahors.

de la cathédrale de Cahors est d'un très grand
caractère el qu'elle présente un exemple unique
en France de l'art décoratif au plus beau temps
du xui° siècle — à l'apogée de l'architecture dite
gothique — dont les exemples ont été suivis par
les artistes contemporains et surtout dans les
premières années du xive siècle.

L'administration des cultes, gardienne vigi-
lante de nos belles cathédrales — nos principaux
monuments historiques, — a pris, avec l'esprit
d'ordre et de méthode qui lui fait honneur, toutes
les mesures nécessaires non pour restaurer, mais
pour conserver ces curieuses peintures telles
qu'elles existent encore, afin de laisser touteleur
valeur archéologique à ces précieux documents
qui attestent le talent de nos peintres français du
moyen âge. Ed. Corroyer.

Statuette en bois peint et doré (0"',.j0 de hauteur) (xiv« siècle).
Ateliers de Munich. (L'Archilecture gothique, par M. Ed. Corroyer.
— La sculpture.)

Concours

Décoration de la salle des mariages
de la mairie de Montreuil.

Un concours est ouvert entre tous les arLisles
français pour la décoration de la salle des
mariages de la mairie de Montreuil-sous-Bois.

Celte décoration comprend quatre panneaux
verticaux présentant une surface verticale de
54 mètres superficiels environ.

Les concurrents produiront des esquisses
peintes à l'huile au dixième d'exécution; ils
déposeront ces esquisses, le vendredi 10 juin
1892, à l'Hôtel de Ville de Paris, où ils peuvent,
dès à présent, se procurer les renseignements.
Le jugement sera rendu pendant l'exposition
publique, qui durera quinze jours et commen-
cera le 16 juin.

Beaux-Arts

Le Salon du Champ de Mars. — La délé-
gation de la Société nationale des beaux-arts
a procédé à l'élection de son bureau.

Ont été élus : président, M. Puvis de Cha-
vannes; président de la section de peinture,

M. Carolus Duran ; président de la section de
sculpture, M. Dalou; président de la section
de gravure, M. Bracqueinond; secrétaires,
MM. Jean Béraud et René Billotte, artistes
peintres; trésorier, M. Guillaume Dubufe.

Quatre nouveaux membres délégués sta-
tuaires ont pris part à la séance et aux votes:
MM. Aubé, Injalbert, Lanson, Tony Noël.

L'ouverture du prochain Salon du Champ de
Mars a été fixée au 7mai; le vernissage, au ven-
dredi 6.

-O-

Société des artistes français. — Le

jury de la section de peinture du Salon des
Champs-Elysées sera porté, cette année, d'après
le nouveau règlement du Salon, au chiffre de
cent cinquante membres. C'est, par conséquent,
dix-neuf membres en plus qui seront élus par
les artistes français hors concours. L'élection
aura lieu le 10 mars. On sait que les vingt
membres qui fonctionneront au jury du prochain
Salon doivent être tirés au sort sur la liste des
cent cinquante.

La Commission, instituée récemment par le
Comité des 90 pour étudier les moyens de
faciliter la participation des artistes industriels
aux Salons, et qui comprend un certain nombre
de peintres, de sculpteurs et d'architectes, a
tenu sa première réunion.

La discussion y a été des plus vives. Bon
nombre d'assistants ont montré que, depuis
longtemps déjà, l'art décoratif avait ses grandes
entrées au Salon des Champs-Elysées ; ils ont
cité des exemples connus et se sont déclarés,
en somme, opposés à toute modification au
règlement. Aucune décision n'a été prise.

-0-

Le Salon ds Arts libéraux. — Le groupe
d'artistes qui organisa l'an passé, au Champ de
Mars, le Salon des Arts libéraux, est définitive-
ment constitué cette année. Autorisée par arrêté
préfectoral du 12 janvier 1892, l'Union libérale
ouvrira régulièrement tous les ans des exposi-
tions où les artistes seront admis sans jury.

L'exposition de 1892 aura lieu, comme celle
de 1891, au palais des Arts libéraux.

Dépôt des ouvrages, du 25 mars au 5 avril.

Vernissage, le 20 avril.

-©--

L'Académie des beaux-arts a procédé
à l'élection d'un membre, en remplacement
de M. Alphand.

Les candidats étaient : MM. Lafenestre,
conservateur du département de la peinture au
musée du Louvre; Berger, député; Michel,
publicisle ; Corroyer, architecte ; Yriarte, con-
servateur des beaux-arLs ; Gonse, Philippe
Cille, publicistes, et Roger Ballu, inspecteur
des beaux-arts.

M. G. Lafenestre a été élu, au second tour de
scrutin, par 20 voix sur 38 votants.

—G—

Conseil supérieur d'enseignement de
l'École des beaux-arts. — M. Roll, artiste
peintre, a été désigné pour faire partie du
conseil supérieur de l'enseignement de l'Ecole
nationale des beaux-arts, en remplacement de
M. Gustave Moreau, nommé professeur chef
d'atelier de peinture.

M. Dutert, architecte du gouvernement, est
nommé membre du même conseil, en rempla-
cement de M. Bailly, décédé.

-O-

Professeurs à l'École des Beaux-Arts.

— M. Bœswillwald, architecte du gouvernement,
membre de la commission des monuments his-
toriques, est nommé professeur d'histoire de
l'architecture française au moyen âge et à la re-
naissance à l'Ecole des beaux-arts.
 
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