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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
1er ont figuré différentes fois dans des expositions
d’art rétrospectif. Il est heureux que leur distin-
gué collectionneur en ait assuré la conservation
définitive; sous son nom , dans les musées de l’Etat;
empêchant ainsi de se disperser un ensemble dont
la formation lui avait coûté tant de soins et de
recherches patientes.
En. de P. DE T.a N.
UNE STATUETTE DU TEMPLE DE
WAZMOSE A THÈBES.
AU cours de mon voyage en Égypte; pendant
l’hiver 1900-190I; j’ai acquis à Thèbes; pour
nos musées; un fragment important d'une statuette
qui semblait provenir de la chapelle funéraire du
prince Wazmose; fils de Thoutmosis Ier (XVIIIe
■dynastie).
L’examen des inscriptions a montré tout l’in-
térêt de ce petit monument. L’étude que j’en ai
faite; avec la collaboration du professeur Spiegel-
berg de Strasbourg, vient d’être publiée dans les
Annales de la Société d’archéologie de Bruxelles (1.).
Voici ce qui en ressort principalement: En l’an XX
de son règne, Amenophis III se trouvait à Memphis
et y rendit un décret nommant un personnage du
nom de Neb-nefer, de l’emploi de chef des mesu-
reurs des greniers des biens de mainmorte; à
l’emploi de chef des mesureurs d'Amon, qui em-
brassait probablement un ressort plus étendu.
Suppléant à la vacance, un nommé Huy est mis à
la place de Neb-nefer. Ce décret royal est transmis
au grand-prêtre d’Amon par son intendant Kha-
em-pet, qui porte en même temps le titre de
scribe royal. Au reçu du décret, l’installation de
Neb-nefer dans sa charge nouvelle se fait en pré-
sence du collège des prêtres d’Amon, assisté du
scribe royal, chargé vraisemblablement de rédiger
l’acte dont notre inscription est peut-être la copie.
Si cette façon de considérer l’ensemble du texte
est correcte nous voyons — et la chose n’est pas
sans intérêt — que, sous le règne d’Amenophis III,
même les hauts fonctionnaires du puissant collège
des prêtres d’Amon de Thèbes étaient nommés
par le roi. Cela n’a plus duré longtemps et les
grands-prêtres prirent de plus en plus d’indépen-
dance au point que, quelques siècles plus tard, ils
devinrent les véritables souverains de l’Egypte.
Nous assistons dans l’histoire égyptienne à une vé-
ritable querelle des investitures qui ne présente pas
moins d’intérêt que celle qui troubla une grande
partie de l’histoire de notre moyen âge.
La phrase d’une des inscriptions latérales dans
laquelle il est dit que Wazmose « combattra par la
littérature » qüiconque ne fera pas de libation à
la statue de Neb-nefer est curieuse et indique que
Wazmose avait acquis auprès des Egyptiens une
réputation de haute sagesse et de science profonde,
comme Amenophis fils de Hapi, Hardadaf, Kha-
muas, etc.
Pourquoi Neb-nefer aurait-il consacré cette sta-
tue dans la chapelle de Wazmose ? Peut-être
attribuait-il à la protection du prince déifié son
élévation au grade élevé qu’il occupait dans l’admi-
nistration En signe de reconnaissance il aurait
consacré la statue après avoir fait graver sur le
socle l’inscription que nous venons d’étudier.
Jean Capart.
es*
(1) Annales de la Société d’archéologie de Bruxelles,
tonie XVI, 1902, pp. 160-169.
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
1er ont figuré différentes fois dans des expositions
d’art rétrospectif. Il est heureux que leur distin-
gué collectionneur en ait assuré la conservation
définitive; sous son nom , dans les musées de l’Etat;
empêchant ainsi de se disperser un ensemble dont
la formation lui avait coûté tant de soins et de
recherches patientes.
En. de P. DE T.a N.
UNE STATUETTE DU TEMPLE DE
WAZMOSE A THÈBES.
AU cours de mon voyage en Égypte; pendant
l’hiver 1900-190I; j’ai acquis à Thèbes; pour
nos musées; un fragment important d'une statuette
qui semblait provenir de la chapelle funéraire du
prince Wazmose; fils de Thoutmosis Ier (XVIIIe
■dynastie).
L’examen des inscriptions a montré tout l’in-
térêt de ce petit monument. L’étude que j’en ai
faite; avec la collaboration du professeur Spiegel-
berg de Strasbourg, vient d’être publiée dans les
Annales de la Société d’archéologie de Bruxelles (1.).
Voici ce qui en ressort principalement: En l’an XX
de son règne, Amenophis III se trouvait à Memphis
et y rendit un décret nommant un personnage du
nom de Neb-nefer, de l’emploi de chef des mesu-
reurs des greniers des biens de mainmorte; à
l’emploi de chef des mesureurs d'Amon, qui em-
brassait probablement un ressort plus étendu.
Suppléant à la vacance, un nommé Huy est mis à
la place de Neb-nefer. Ce décret royal est transmis
au grand-prêtre d’Amon par son intendant Kha-
em-pet, qui porte en même temps le titre de
scribe royal. Au reçu du décret, l’installation de
Neb-nefer dans sa charge nouvelle se fait en pré-
sence du collège des prêtres d’Amon, assisté du
scribe royal, chargé vraisemblablement de rédiger
l’acte dont notre inscription est peut-être la copie.
Si cette façon de considérer l’ensemble du texte
est correcte nous voyons — et la chose n’est pas
sans intérêt — que, sous le règne d’Amenophis III,
même les hauts fonctionnaires du puissant collège
des prêtres d’Amon de Thèbes étaient nommés
par le roi. Cela n’a plus duré longtemps et les
grands-prêtres prirent de plus en plus d’indépen-
dance au point que, quelques siècles plus tard, ils
devinrent les véritables souverains de l’Egypte.
Nous assistons dans l’histoire égyptienne à une vé-
ritable querelle des investitures qui ne présente pas
moins d’intérêt que celle qui troubla une grande
partie de l’histoire de notre moyen âge.
La phrase d’une des inscriptions latérales dans
laquelle il est dit que Wazmose « combattra par la
littérature » qüiconque ne fera pas de libation à
la statue de Neb-nefer est curieuse et indique que
Wazmose avait acquis auprès des Egyptiens une
réputation de haute sagesse et de science profonde,
comme Amenophis fils de Hapi, Hardadaf, Kha-
muas, etc.
Pourquoi Neb-nefer aurait-il consacré cette sta-
tue dans la chapelle de Wazmose ? Peut-être
attribuait-il à la protection du prince déifié son
élévation au grade élevé qu’il occupait dans l’admi-
nistration En signe de reconnaissance il aurait
consacré la statue après avoir fait graver sur le
socle l’inscription que nous venons d’étudier.
Jean Capart.
es*
(1) Annales de la Société d’archéologie de Bruxelles,
tonie XVI, 1902, pp. 160-169.