DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
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sont si gracieusement rehaussés par des motifs
en filigrane.
Quant à l’emploi si original du cristal de roche.
FIG. 4. FLEUROX (revers).
il ne constitue pas un fait unique. Il convient, en
effet, de mentionner à ce propos une croix médié-
vale d’une ordonnance analogue conservée dans le
département du moyen âge au Musée national de
Munich (1).
J. Destrke.
MAITRE PHILIPPE (2)
(Suite et fin.)
DANS la suite de l’Histoire de saint Jean
appartenant à la couronne d’Espagne, il
y a encore deux pages intéressantes, à savoir la
Prédication dn Précurseur et le Baptême de J.-C.
Ces deux compositions offrent, il est vrai, certaines
inégalités, mais qui sont compensées par la beauté
de plusieurs têtes admirablement dessinées. Citons
■ensuite VHistoire de David qui a figuré, en partie,
(1) La croix reproduite dans le présent aiticle a été
munie, à une époque relativement récente, d’un pied
en laiton que nous nous faisons un devoir de ne pas
reproduire, tant il dénature par sa lourdeur cette œuvre
d’art remarquable.
(2) Voir Bulletin des Musées royaux, 2° année, n° 7,
avril 1903.
au pavillon d’Espagne à l’exposition universelle de
Paris, en 1900. La scène de Bethsabée à la fontaine
est la même, à part certaines particularités, que
celle reproduite sur une tapisserie de la collection
de Somzée. A cette dernière œuvre il convient de
joindre les deux tapisseries de l'Histoire de Aies -
tra. Ces trois pages d’un grand intérêt ont été
publiées dans le catalogue de vente de cette collec-
tion. Nous y faisions déjà la remarque que l’au-
teur des cartons de ces œuvres ne s’astreint pas
à suivre de programme déterminé : il agit en quel-
que sorte au gré de sa fantaisie. Qu’il commente le
texte de la bible ou qu’il interprète une métamor-
phose d’Ovide, il vise avant tout à faire des œuvres
décoratives, attrayantes par des contrastes, par la
noblesse et la distinction des types et, enfin, par la
beauté, l’abondance et la richesse des draperies.
Fait digne de remarque, on ne découvre pas, dans
les diverses scènes, la moindre trace de réminiscen-
ces de l’antiquité. Il donne à David, à Erésichthon,
à Bethsabée et à Mestra les riches et élégants cos-
tumes de l’époque de Philippe le Beau et de Maxi-
milien.
Parmi les compositions du maître que nous étu-
dions il en est une qui représente le Passage de la
mer Rouge. Cette tapisserie ne nous est connue
que par une phototypie, car nous n’avons pas
réussi à découvrir où était passé ce tableau textile
qui, il y a peu d’années encore, faisait partie de la
collection de feu M. de Salverte (3). Elle est très
belle et très imposante la figure de Moïse, vieillard
à barbe blanche, qui, par un curieux caprice d’ar-
tiste, a la même physionomie que Pharaon que l’on
voit s’abîmer dans les flots, entouré d’une suite bril-
lante. Tous les détails de l’armement de l’époque
de transition du xv-xvL siècle sont traités avec un
soin remarquable. Du côté du législateur des Hé-
breux, on remarque un groupe de femmes avec un
jeûne enfant qui se distinguent, comme d’habitude,
par leur grand air et de somptueuses draperies.
Ajoutons que l’ordonnance générale de cette page
paraît avoir été empruntée à une fresque de Ros-
sellini qui se trouve dans la chapelle Sixtine.
Nous n’hésitons pas à donner à cet artiste la tapis-
serie représentant la Délivrance d’Andromède qui
appartient à M. Léopold Goldschmidt, de Paris. Ce
tableau d’une chaude coloration a été reproduit dans
le présent article; il n’y a pas lieu de nous y attar-
(3 j Voir n° 2 1 1 du Catalogue des tableaux de i école fran-
çaise d’objets d’art et de riche ameublement du xvni0 siècle,
tapisseries gothiques et de la Renaissance composant l’impor-
tante collection de fezi M. de Salverte, mai 1887.
Cette pièce, qui est indiquée comme de la fin du
xv° siècle sans mention de provenance ou d école, fut
vendue 8,000 francs.
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sont si gracieusement rehaussés par des motifs
en filigrane.
Quant à l’emploi si original du cristal de roche.
FIG. 4. FLEUROX (revers).
il ne constitue pas un fait unique. Il convient, en
effet, de mentionner à ce propos une croix médié-
vale d’une ordonnance analogue conservée dans le
département du moyen âge au Musée national de
Munich (1).
J. Destrke.
MAITRE PHILIPPE (2)
(Suite et fin.)
DANS la suite de l’Histoire de saint Jean
appartenant à la couronne d’Espagne, il
y a encore deux pages intéressantes, à savoir la
Prédication dn Précurseur et le Baptême de J.-C.
Ces deux compositions offrent, il est vrai, certaines
inégalités, mais qui sont compensées par la beauté
de plusieurs têtes admirablement dessinées. Citons
■ensuite VHistoire de David qui a figuré, en partie,
(1) La croix reproduite dans le présent aiticle a été
munie, à une époque relativement récente, d’un pied
en laiton que nous nous faisons un devoir de ne pas
reproduire, tant il dénature par sa lourdeur cette œuvre
d’art remarquable.
(2) Voir Bulletin des Musées royaux, 2° année, n° 7,
avril 1903.
au pavillon d’Espagne à l’exposition universelle de
Paris, en 1900. La scène de Bethsabée à la fontaine
est la même, à part certaines particularités, que
celle reproduite sur une tapisserie de la collection
de Somzée. A cette dernière œuvre il convient de
joindre les deux tapisseries de l'Histoire de Aies -
tra. Ces trois pages d’un grand intérêt ont été
publiées dans le catalogue de vente de cette collec-
tion. Nous y faisions déjà la remarque que l’au-
teur des cartons de ces œuvres ne s’astreint pas
à suivre de programme déterminé : il agit en quel-
que sorte au gré de sa fantaisie. Qu’il commente le
texte de la bible ou qu’il interprète une métamor-
phose d’Ovide, il vise avant tout à faire des œuvres
décoratives, attrayantes par des contrastes, par la
noblesse et la distinction des types et, enfin, par la
beauté, l’abondance et la richesse des draperies.
Fait digne de remarque, on ne découvre pas, dans
les diverses scènes, la moindre trace de réminiscen-
ces de l’antiquité. Il donne à David, à Erésichthon,
à Bethsabée et à Mestra les riches et élégants cos-
tumes de l’époque de Philippe le Beau et de Maxi-
milien.
Parmi les compositions du maître que nous étu-
dions il en est une qui représente le Passage de la
mer Rouge. Cette tapisserie ne nous est connue
que par une phototypie, car nous n’avons pas
réussi à découvrir où était passé ce tableau textile
qui, il y a peu d’années encore, faisait partie de la
collection de feu M. de Salverte (3). Elle est très
belle et très imposante la figure de Moïse, vieillard
à barbe blanche, qui, par un curieux caprice d’ar-
tiste, a la même physionomie que Pharaon que l’on
voit s’abîmer dans les flots, entouré d’une suite bril-
lante. Tous les détails de l’armement de l’époque
de transition du xv-xvL siècle sont traités avec un
soin remarquable. Du côté du législateur des Hé-
breux, on remarque un groupe de femmes avec un
jeûne enfant qui se distinguent, comme d’habitude,
par leur grand air et de somptueuses draperies.
Ajoutons que l’ordonnance générale de cette page
paraît avoir été empruntée à une fresque de Ros-
sellini qui se trouve dans la chapelle Sixtine.
Nous n’hésitons pas à donner à cet artiste la tapis-
serie représentant la Délivrance d’Andromède qui
appartient à M. Léopold Goldschmidt, de Paris. Ce
tableau d’une chaude coloration a été reproduit dans
le présent article; il n’y a pas lieu de nous y attar-
(3 j Voir n° 2 1 1 du Catalogue des tableaux de i école fran-
çaise d’objets d’art et de riche ameublement du xvni0 siècle,
tapisseries gothiques et de la Renaissance composant l’impor-
tante collection de fezi M. de Salverte, mai 1887.
Cette pièce, qui est indiquée comme de la fin du
xv° siècle sans mention de provenance ou d école, fut
vendue 8,000 francs.