74
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
porte une double marque, on peut conclure à peu
près certainement que cette pièce fait partie d'une
armure ayant subi l’épreuve complète.
Les défenses de corps portant la marque de la
double épreuve sont assez rares dans les collections.
Nous avons la bonne fortune de posséder au mu-
sée de la Porte de Hal un casque qui a subi la
double épreuve, et la considération de la rareté
CASQUE AYANT SUBI LA DOUBLE ÉPREUVE.
des défenses rentrant dans cette catégorie nous
engage à en donner une reproduction par la pho-
togravure. C’est une salade vénitienne de piéton, de
la seconde moitié du XVe siècle (série II, n° 115).
Il nous a paru intéressant de placer, en regard du
casque qui nous occupe, un casque béotien des
hoplites (série I, n° 26), ou fantassins grecs pesam-
ment armés, qui présente avec le premier une assez
CASQUE BOÉTIEN DES HOPLITES.
curieuse analogie. Celle-ci serait-elle purement
accidentelle, ou bien la salade vénitienne aurait-
elle été inspirée par quelque casque grec rapporté
de l’une ou l’autre expédition ? Il serait difficile de
le dire; mais en tout cas le rapprochement, pensons-
nous, mérite d’être fait.
La salade vénitienne du musée de Bruxelles
porte au sommet de son timbre le poinçon figuré
ci-contre étampé deux fois, une fois à droite et
une fois à gauche de l’arête médiane. Les ^
deux empreintes sont placées symétri- y P
quement l’une par rapport à l’autre. //\
C’est l'un des sigles d’Antonio Missaglia, ( (((10)
de Milan. J1J ^ U
Au côté gauche du timbre on distingue la trace
d’un coup de carreau d’arbalète ; celui-ci a-t-il été
reçu à la guerre ou l'empreinte du projectile est-
elle le résultat de l’opération d’épreuve ?
Les plus célèbres des armuriers milanais de la
belle époque sont, comme on sait, les membres de
l’illustre famille des Missaglia, connue au XVe siè-
cle sous ce nom, et au XVIe siècle, sous le nom de
Negroli (1).
Dans cette phalange de batteurs de plates du
nord de l’Italie, ceux de Milan, et en particulier la
dynastie des Missaglia, brillaient d’un vif éclat.
C’est à juste titre qu’on s’enorgueillit mainte-
nant de posséder l’une des œuvres sorties de ces
ateliers fameux et qui étaient recherchées dans toute
l’Europe, à partir de la fin du XIVe siècle. Le nom
que porta cette famille, pendant le XVe siècle, lui
vint du nom du village de Missaglia d’où elle était
originaire. Au XVIe siècle, elle fut connue sous le
nom de Negroli.
Les Negroli étaient les fournisseurs de Charles-
Quint et de Philippe II.
La salade vénitienne dont nous venons de par-
ler offre donc ce double intérêt de nous faire voir
d abord un spécimen de défense de tête ayant subi
la double épreuve ou, autrement dit, « l’épreuve »
tout court, et d’être ensuite un des produits sortis
des mains d’un des membres de la célèbre lignée
des Missaglia.
En. DE pRELLE DE LA NlEPPE.
UN BÉNITIER APPLIQUE
EN TERRE CUITE VERNISSÉE.
CETTE pièce a été acquise, il y a quelques
mois, en vente publique à Bruxelles. Le
catalogue de vente ne donnait aucun renseigne-
ment quant à la provenance.
(1) Cf. Sur la communauté d’origine des Missaglia et
des Negroli :
Col. Robert, Le Musée d’artillerie de Paris t. III,
p. 422.
M. Maindron, Gazette des Beaux-Arts, 1894, p. 255.
Ch. Buttin, A propos d’un casque à trois crêtes, p. 3.
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
porte une double marque, on peut conclure à peu
près certainement que cette pièce fait partie d'une
armure ayant subi l’épreuve complète.
Les défenses de corps portant la marque de la
double épreuve sont assez rares dans les collections.
Nous avons la bonne fortune de posséder au mu-
sée de la Porte de Hal un casque qui a subi la
double épreuve, et la considération de la rareté
CASQUE AYANT SUBI LA DOUBLE ÉPREUVE.
des défenses rentrant dans cette catégorie nous
engage à en donner une reproduction par la pho-
togravure. C’est une salade vénitienne de piéton, de
la seconde moitié du XVe siècle (série II, n° 115).
Il nous a paru intéressant de placer, en regard du
casque qui nous occupe, un casque béotien des
hoplites (série I, n° 26), ou fantassins grecs pesam-
ment armés, qui présente avec le premier une assez
CASQUE BOÉTIEN DES HOPLITES.
curieuse analogie. Celle-ci serait-elle purement
accidentelle, ou bien la salade vénitienne aurait-
elle été inspirée par quelque casque grec rapporté
de l’une ou l’autre expédition ? Il serait difficile de
le dire; mais en tout cas le rapprochement, pensons-
nous, mérite d’être fait.
La salade vénitienne du musée de Bruxelles
porte au sommet de son timbre le poinçon figuré
ci-contre étampé deux fois, une fois à droite et
une fois à gauche de l’arête médiane. Les ^
deux empreintes sont placées symétri- y P
quement l’une par rapport à l’autre. //\
C’est l'un des sigles d’Antonio Missaglia, ( (((10)
de Milan. J1J ^ U
Au côté gauche du timbre on distingue la trace
d’un coup de carreau d’arbalète ; celui-ci a-t-il été
reçu à la guerre ou l'empreinte du projectile est-
elle le résultat de l’opération d’épreuve ?
Les plus célèbres des armuriers milanais de la
belle époque sont, comme on sait, les membres de
l’illustre famille des Missaglia, connue au XVe siè-
cle sous ce nom, et au XVIe siècle, sous le nom de
Negroli (1).
Dans cette phalange de batteurs de plates du
nord de l’Italie, ceux de Milan, et en particulier la
dynastie des Missaglia, brillaient d’un vif éclat.
C’est à juste titre qu’on s’enorgueillit mainte-
nant de posséder l’une des œuvres sorties de ces
ateliers fameux et qui étaient recherchées dans toute
l’Europe, à partir de la fin du XIVe siècle. Le nom
que porta cette famille, pendant le XVe siècle, lui
vint du nom du village de Missaglia d’où elle était
originaire. Au XVIe siècle, elle fut connue sous le
nom de Negroli.
Les Negroli étaient les fournisseurs de Charles-
Quint et de Philippe II.
La salade vénitienne dont nous venons de par-
ler offre donc ce double intérêt de nous faire voir
d abord un spécimen de défense de tête ayant subi
la double épreuve ou, autrement dit, « l’épreuve »
tout court, et d’être ensuite un des produits sortis
des mains d’un des membres de la célèbre lignée
des Missaglia.
En. DE pRELLE DE LA NlEPPE.
UN BÉNITIER APPLIQUE
EN TERRE CUITE VERNISSÉE.
CETTE pièce a été acquise, il y a quelques
mois, en vente publique à Bruxelles. Le
catalogue de vente ne donnait aucun renseigne-
ment quant à la provenance.
(1) Cf. Sur la communauté d’origine des Missaglia et
des Negroli :
Col. Robert, Le Musée d’artillerie de Paris t. III,
p. 422.
M. Maindron, Gazette des Beaux-Arts, 1894, p. 255.
Ch. Buttin, A propos d’un casque à trois crêtes, p. 3.