DOI Heft:
No 11 (1903)
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DES ARTS DECORATIFS ET INDUSTRIELS
83
l’ornemaniste a mis en scène, sur la face gauche,
les habitants d’Alexandrie offrant les clefs de leur
ville en même temps que des présents au vainqueur
de Pharsale. A l’époque de la Renaissance, César
et Pompée étaient les héros à la mode, et l’idée de
les mettre « en pendant » des deux côtés du casque
sera venue tout naturellement à l’esprit de l’artiste,
d’autant plus que ce triomphe, d’une part, cette
triste fin, de l'autre, avaient pu le séduire par
leur émouvant contraste.
Sur la crête du cas-
que on remarque des
armes et des instru-
ments de musique,
ainsi que des bustes
d’empereurs dans des
médaillons. Deux tro-
phées d’armes ornent
le couvre-nuque.
Ce casque est donc
remarquable au point
de vue non seulement
du travail, mais aussi
de l’iconographie. La
composition n’a rien de
commun avec les re-
cueils de pon-
cifs qui, à cette
époque, traî-
naient d’ate-
lier en atelier,
apportant des
modèles tout
faits aux ar-
dant le nom de l’auteur eût été digne, à l’égal de
tant de maîtres, que le temps a réduits à l’ano-
nymat, de prendre rang parmi les grands artistes
de la Renaissance.
Quoi qu’il en soit, le casque est si intéressant
par lui-même que, nonobstant les lacunes de son
histoire, ses mérites artistiques suffisent à en faire
une partie d’armure de tout premier ordre.
F,, de Prelle de la Nieppe.
mûriers, aux
ébénistes, aux
orfèvres, aux ciseleurs du cuir, etc. Elle échappe
donc à la critique qu’a formulée Maurice Maindron
dans la Gazette des Beaux Arts : « Quant aux élé-
ments décoratifs, ils pèchent tous, dans ces casques
à petits décors, par leur manque d’originalité, leur
uniformité fatigante de dessin, la pauvreté de leurs
sujets.Toujours des petits bonshommes nus, armés
à l’antique, s’escrimant, avec des coutelas et des
rondaches, contre des cavaliers aussi peu vêtus,
montés sur des chevaux d’un dessin uniformément
déplorable » (i).
Quel est l’artiste à qui l’on doit cette belle orne-
mentation ? Quel est le ciseleur qui a si magistrale-
ment exécuté ces dessins, et à quel grand seigneur
cette coiffure fut-elle destinée ? Autant de points
qu’il serait assurément du plus haut intérêt de
pouvoir élucider, mais qui sont vraisemblablement
destinés à rester un éternel mystère. Et cepen-
BOURGUIGXOTE DE PAREMENT. XVIe SIECLE. FACE GAUCHE.
(i) M. Maindron, Gazette des Beaux Arts, 1894, p. 400.
ACQUISITIONS
VASES et FIGURINES
DE TERRE CUITE
PARMI les récentes
entrées de la Section
des Antiquités nous si-
gnalerons les pièces sui-
vantes :
Un alabastron d'ancien
style corinthien (Inv. A,
1071, haut. 0.25). Tech-
nique habituelle(peinture
en noir lustré
rehaussé de
rouge , les
contours et
tous les dé-
tails inté-
rieurs sont
incisés soi -
gneusement ;
dans le
champ sont semées des rosaces).
Sur la panse se trouve une représentation inté-
ressante : une femme, avec de grandes ailes recour-
bées, la tête surmontée d’une haute coiffure, serre
de chaque main le cou d’un grand cygne.
Cette représentation se retrouve sur des vases
de même classe. Louvre A, 468 (Rhodes. Voir
Pottier, vases du Louvre, pl. 16); Carthage, musée
Lavigerie (voir Delattre, Nécropole de Douïmès,
fig. 32 et 38). Berlin, n° 1009 ; Londres, Brit.
Mus., A. 1351 ; Oxford, Ashm. Mus., aryballe. —
Puis sur un coffret béotien en terre cuite (Berlin,
n° 306 ; voir Jahrbuch des Arch. Inst., III,
P- 357); °h les oiseaux ne sont pas nettement
déterminables. Un plat rhodien, sans doute fabri-
qué à Milet, nous montre le même sujet, mais
traité avec un art différent (Journal of Hellen.
studies, XV, 1885, pl. 29). Enfin, ce motif se voit
encore sur une antefixe de terre cuite trouvée à
Cumes (Londres, South Kens. 820-70. Nous ne
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l’ornemaniste a mis en scène, sur la face gauche,
les habitants d’Alexandrie offrant les clefs de leur
ville en même temps que des présents au vainqueur
de Pharsale. A l’époque de la Renaissance, César
et Pompée étaient les héros à la mode, et l’idée de
les mettre « en pendant » des deux côtés du casque
sera venue tout naturellement à l’esprit de l’artiste,
d’autant plus que ce triomphe, d’une part, cette
triste fin, de l'autre, avaient pu le séduire par
leur émouvant contraste.
Sur la crête du cas-
que on remarque des
armes et des instru-
ments de musique,
ainsi que des bustes
d’empereurs dans des
médaillons. Deux tro-
phées d’armes ornent
le couvre-nuque.
Ce casque est donc
remarquable au point
de vue non seulement
du travail, mais aussi
de l’iconographie. La
composition n’a rien de
commun avec les re-
cueils de pon-
cifs qui, à cette
époque, traî-
naient d’ate-
lier en atelier,
apportant des
modèles tout
faits aux ar-
dant le nom de l’auteur eût été digne, à l’égal de
tant de maîtres, que le temps a réduits à l’ano-
nymat, de prendre rang parmi les grands artistes
de la Renaissance.
Quoi qu’il en soit, le casque est si intéressant
par lui-même que, nonobstant les lacunes de son
histoire, ses mérites artistiques suffisent à en faire
une partie d’armure de tout premier ordre.
F,, de Prelle de la Nieppe.
mûriers, aux
ébénistes, aux
orfèvres, aux ciseleurs du cuir, etc. Elle échappe
donc à la critique qu’a formulée Maurice Maindron
dans la Gazette des Beaux Arts : « Quant aux élé-
ments décoratifs, ils pèchent tous, dans ces casques
à petits décors, par leur manque d’originalité, leur
uniformité fatigante de dessin, la pauvreté de leurs
sujets.Toujours des petits bonshommes nus, armés
à l’antique, s’escrimant, avec des coutelas et des
rondaches, contre des cavaliers aussi peu vêtus,
montés sur des chevaux d’un dessin uniformément
déplorable » (i).
Quel est l’artiste à qui l’on doit cette belle orne-
mentation ? Quel est le ciseleur qui a si magistrale-
ment exécuté ces dessins, et à quel grand seigneur
cette coiffure fut-elle destinée ? Autant de points
qu’il serait assurément du plus haut intérêt de
pouvoir élucider, mais qui sont vraisemblablement
destinés à rester un éternel mystère. Et cepen-
BOURGUIGXOTE DE PAREMENT. XVIe SIECLE. FACE GAUCHE.
(i) M. Maindron, Gazette des Beaux Arts, 1894, p. 400.
ACQUISITIONS
VASES et FIGURINES
DE TERRE CUITE
PARMI les récentes
entrées de la Section
des Antiquités nous si-
gnalerons les pièces sui-
vantes :
Un alabastron d'ancien
style corinthien (Inv. A,
1071, haut. 0.25). Tech-
nique habituelle(peinture
en noir lustré
rehaussé de
rouge , les
contours et
tous les dé-
tails inté-
rieurs sont
incisés soi -
gneusement ;
dans le
champ sont semées des rosaces).
Sur la panse se trouve une représentation inté-
ressante : une femme, avec de grandes ailes recour-
bées, la tête surmontée d’une haute coiffure, serre
de chaque main le cou d’un grand cygne.
Cette représentation se retrouve sur des vases
de même classe. Louvre A, 468 (Rhodes. Voir
Pottier, vases du Louvre, pl. 16); Carthage, musée
Lavigerie (voir Delattre, Nécropole de Douïmès,
fig. 32 et 38). Berlin, n° 1009 ; Londres, Brit.
Mus., A. 1351 ; Oxford, Ashm. Mus., aryballe. —
Puis sur un coffret béotien en terre cuite (Berlin,
n° 306 ; voir Jahrbuch des Arch. Inst., III,
P- 357); °h les oiseaux ne sont pas nettement
déterminables. Un plat rhodien, sans doute fabri-
qué à Milet, nous montre le même sujet, mais
traité avec un art différent (Journal of Hellen.
studies, XV, 1885, pl. 29). Enfin, ce motif se voit
encore sur une antefixe de terre cuite trouvée à
Cumes (Londres, South Kens. 820-70. Nous ne