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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

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parois des appartements. Les pages historiées
sont empruntées à l’Ancien et au Nouveau Tes-
tament, à la mythologie, à l’histoire et aux inci-
dents de la vie courante. D’autres tentures sont
revêtues d’armoiries, de chiffres ou d’emblèmes,
et on sait aussi, grâce aux spécimens qui sub-
sistent encore et aux témoignages des anciens
inventaires, que les verdures ont joué jadis un
rôle considérable.

On peut diviser ce genre de tapisserie en deux
catégories bien distinctes. L’une où les feuillages
et les fleurs constituent l’élément prépondérant,
tel est le cas
de cette pièce
que nous
avons décrite
naguère dans
le présent bul-
letin (i) et qui
procède peut-
être d’un
atelier d’En-
ghien. L’autre
catégorie con-
siste plutôt en
paysages pro-
prement dits.

Elle est repré •
sentée dans
les collections
du Cinquante-
naire par une
suite de ver-
dures du xvne
siècle. On y
voit des bosquets ombreux qui se continuent par
des jardins de plaisance entourant des résidences
princières. Et la présence de nymphes gracieuses
impriment un cachet de vie élégante à ces com-
positions. Parfois les personnages sont des pay-
sans courtauds empruntés à l’œuvre de Teniers
ou dessinés par des imitateurs plus ou moins
serviles de ce maître. Il convient encore de citer
ces tentures procédant des ateliers d’Audenarde :
ce sont des clairières avec des étangs qui enca-
drent des perspectives ensoleillées avec des ruines,
des villas.

Et, pour animer ces paysages décoratifs, l’artiste
exclut systématiquement la présence de l’homme :
on recourt aux chiens, aux renards, à des volatiles
très divers, souvent à un brillant oiseau, tel qu’un

(i) Voir Bulletin des Musées Royaux, 5e année, igo5-
1906, pp. 3o-3i. (Fig.)

ara, qui jette dans tout le décor une note vive
et joyeuse.

Ce sont des feuillages dont la stylisation décon-
certe les botanistes de profession. Aussi hésitent-
ils à se prononcer sur la nature de ces feuillages
si curieusement déchiquetés. Peut-être, nous
disait tout récemment l’un deux, faudrait-il en
voir l’origine dans le pavot somnifère, le papaver
somniferum d’Orient, qui atteint de 1 à 2 mètres
de haut. Il y a aussi des fraises, mais avec des
feuilles qui n’appartiennent pas au fraisier. Dans
les bordures on remarquera des feuilles d’iris —

et des grena-
des. L’analyse
ne donnera
pas de grands
résultats : tout
est un décor
de fantaisie,
mais d’une
fantaisie vi-
vante.

Par contre
il y a des
tapisseries
où, en dépit
de la stylisa-
tion, on re-
connaît sans
peine, par
exemple, des
fleurs, des iris,
etc. Telle est
cette tapisse-
rie, que nous
reproduisons ici et qui provient d’Enghien.

Quelques mots suffisent à décrire cette pièce :
un oiseau au milieu de grands feuillages. Dans les
bordures, on remarque, quant à l’emploi des feuil-
lages et des fruits, telles dispositions propres à
Van Orley et à son école.

Ce qui caractérise la nouvelle tapisserie du
Musée, ce n’est pas seulement le dessin hardi et
le contour énergique des feuillages, mais aussi la
richesse du coloris qui donne un aspect si déco-
ratif à ce tissu. Tels verts profonds, veloutés,
obtenus uniquement par un tramé de laine, pour-
raient même supporter sans désavantage le voisi-
nage de tapis persans du plus beau teint. Ici, ils
servent d’accompagnement puissant et harmo-
nieux à un oiseau superbe, dont le plumage d’or
est ponctué de quelques taches de rouge.

Qu’il nous soit permis, néanmoins, d'insister
sur le mérite du coloris. Trop souvent, les verts

VERDURE-TAPISSERIE FLAMANDE DU XVIe SIÈCLE

(Musées Royaux du Cinquantenaire.)
 
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