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La chronique des arts et de la curiosité — 1878

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Nr. 21 (25 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26617#0171
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ET UE LA CURIOSITE

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de peinture. Ce portrait, dit 1 ’Athenœum belge,
est. bien connu des amateurs. Non-seulement
il faisait autrefois partie d’une collection célè-
bre, la galerie Van Saceghem, mais il a été
gravé, ainsi que son pendant, —- un portrait de
femme, — par le graveur Spruyt. Les deux
toiles ont été décrites par Smith sous les nos
889 et 890 de son Catalogue raisonné. La
femme fait actuellement partie du cabinet
Wilson.

Le personnage représenté dan-> la toile du
musée d’Anvers semble âgé d’une quarantaine
d’années. Il est blond et porte une barbe lé-
gère. Il est vu presque de face et complète-
ment vêtu de noir. Le pourpoint est de satin
broché, le manteau de drap, et ce manteau,
ramené horizontalement à la hauteur de la
poitrine, est serré au corps par le bras gauche
allongé, qui tient le chapeau, visible seulement
en partie.

La main droite repliée repose sur la hanche.
La tête ressort vigoureusement sur une large
draperie rouge; elle est d’un admirable mo-
delé.

Une large collerette plissée recouvre le haut
du buste et touche à l’emmanchure du pour-
point.

Nous avons constaté, au sujet de cette col-
lerette un détail curieux. Le personnage por-
tait d’abord une fraise à tuyaux, et par l’elfet
perspectif, la tête se détachait sur cette partie
du costume dont le bord extrême gagnait la
crête de l'oreille. Mais la mode changea et la
fraise à tuyaux perdit de sa raideur, pour dis-
paraître, comme on sait, vers le milieu du dix-
septième siècle. Sans doute par un caprice de
son modèle, Rubens fut contraint de modifier
la collerette primitive en la rabattant. Mais les
traces de la première version sont encore vi-
sibles.

Le portrait dont il s’agit et son pendant
avaient été adjugés à la vente Van Saceghem
à M. le comte de Gorneiissen au prix de 11.100
francs les deux. Il y a vingt-sept ans de cela.
Nous croyons savoir que l’homme seul a été
payé plus du double par le musée d’Anvers, et
c’est peu de chose assurément.

CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE

Les autorités du South Kensington Muséum
ont été bien inspirés en choisissant leur succur-
sale à Bethnal Green comme le siège de l’exposi-
tion du mobilier ancien qu’elles avaient préparée.
Bethnal Green Muséum est placé au beau milieu
du quartier des travailleurs, — c’est le faubourg
Saint-Antoine de Londres, — et, dans son voisi-
nage immédiat, se trouve le chef-lieu des ébénis-
tes, des sculpteurs eu bois, et des fabricants de
meubles établis dans la capitale. L’idée de faire
connaître à cette colonie mdusti ielle les chefs-
d’œuvre du mobilier du moyen âge et de la Re-
naissance pourrait bien porter des fruits dans son
industrie. Sans prétendre lutter avec les splen-
deurs du musée de Cluny, ni même rappeler

les attraits de l’exposition « Alsace-Lorraine »,
les objets empruntés par les autorités du South
Kensington aux différents châteaux du pays, ou
puisés dans les collections des amateurs, sont di-
gnes d’attirer le monde fasliionable de Londres
dans ce quartier peu aristocratique; bien que ce soit
pour les ouvriers surtout que cette collection ait
été formée.

La distribution du mobilier est faite par natio-
nalité, tout en conservant, autant que possible,
la suite chronologique.

A voir les premiers exemples de l’art italien du
xive siècle, on serait tenté de croire que l’inva-
sion des Barbares avait eu pour résultat de dé-
truire presque entièrement l’idée même du con-
fort, pour lequel les Romains de l’empire avouaient
un culte sincère. A voir les sièges, les sellettes,
les fauteuils qu’on fabriquait en Italie au xve siè-
cle, on dirait que, même depuis le temps du roi
Dagobert, l’idée d’être à son aise était de-
venue de moins en moins importante. Du reste,
la beauté de la sculpture, surtout en bois de
châtaignier, rachète bien des désagréments phy-
siques qu’occasionne le mobilier italien de cette
époque.

L’art allemand qui, à son début, se distingue
peu de l’art flamand, est représenté à Bethnal
Green par de nombreux objets qui nous frappent
plutôt par leur bizarrerie que par leur beauté,
et cette impression ne se dissipe pas, si ce n’est
imperceptiblement, avant la fin du xvuie siè-
cle.

La France ayant subi, avec Marie de Médicis,
l’influence italienne, répand aussitôt ses propres
lumières sur les pays voisins, quoique sans doute
les intimes relations qu’avaient les Tudors avec
les princes et les papes italiens entrassent pour
quelque chose dans le goût pour les meubles
sculptés que les Anglais développaient de si
bonne heure. On suivra bien ici la transition du
style lourd et empésé qui trouvait sa dernière
expression dans les meubles de la reine Anne,
aux délicatesses de forme et à la pureté des li-
gnes de l’époque de Chippendale et de ses com-
temporaius à la fin du dernier siècle. Et l’on peut
également tracer le contre-coup de l’influence de
Boule et de Gouthière sur l’art français. En spé-
cimens des mobiliers chinois, indiens, japonais et
persans, l’exposition .est extrêmement riche, et je
compte revenir plus en détail sur ce sujet.

Les amateurs delà porcelaine japonaise, connue
sous le nom de Nankin, pourront voir en ce
moment chez M. Masks la belle collection de sir
Hemv Thompson, chirurgien distingué et artiste
de mérite. Il serait difficile de trouver, même en
Hollande, où depuis le seizième siècle le goût du
« bleu et blanc » a été si vif, une collection supé-
rieure à celle-ci en objets à la fois rares et
superbes. Rien ne saurait donner une meilleure
idée de la place qu’occupe l’art japonais dans
l’histoire esthétique que ces trois cents exemples
réunis par sir Henry Thompson. Ceux qui connais-
sent le livre de Stanislas Julien apprécieront le
goût et la science qui ont également inspiré sir
Henry Thompson. Ils lui sauront gré d’avoir
coopéré avec M. Whistler à répandre par le
moyen d’un catalogue illustré la connaissance de
ses chefs-d’œuvre. Suivant l’exemple de M. Albert
Jacquemart, ces deux artistes, également enthou-
siastes pour le « bleu et blanc », ont reproduit
 
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