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La chronique des arts et de la curiosité — 1894

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Nr. 29 (8 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19742#0238
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228

LA CHRONIQUE DES ARTS

fort allongé. Déterminer le nombre des colonnes
des portiques latéraux est un calcul qui ne peut
s’exposer et se justifier sans l’aide d’un plan.
Nous attendons, pour en donner un, l’achève-
ment du déblai, et préférons ne proposer aucune
hypothèse avant d’avoir mis à nu en son entier
le quatrième côté du temple, qui paraît mieux
conservé et nous réserve peut-être quelque indi-
cation décisive sur les entrecolonnements.

Le temple à l’intérieur ne paraît pas avoir ren-
fermé de colonnade ; il présente une disposition
appropriée à son rôle de temple-oracle, conforme
aux descriptions des anciens et analogue à celle
du temple d’Apollon Didyméen. Le dallage est
coupé vers le milieu du monument par une dé-
pression large et profonde, dont la longueur n’est
pas encore déterminée en toute son étendue : ce
n’est pas un éboulement, car les pierres des pa-
rois sont parementées ; et il ne paraît guère dou-
teux que l’adyton ne doive précisément se trouver
sur ce point. On sera fixé quand il sera possible
de dégager complètement cette cavité de tous les
matériaux qui y sont tombés ou y ont été jetés
pêle-mêle :

Inscriptions archaïques : offrande de la dêcatê
par les Kafueis à la suite d’une guerre. — Signa-
ture de l’artiste athénien (?) Diopeithès ;

Inscrip tions grecques et gréco-romaines : dédi-
cace du Lacédémonien [Phijlandridas ; décrets de
proxénie, etc. ;

Fragments de bases de s ta tues ; débris de petits
monuments de marbre ;

Morceaux d’architecture : grandes pièces de
tuf avec marques d’appareillage ; pièces de
marbre.

Quant aux galeries souterraines, que MM. Fou-
cart et Porntow avaient pensé découvrir, et dans
lesquelles ils s’étaient glissés, on les trouve par-
tout d’un bout à l’autre du monument : ce sont
tantôt des corridors étroits, tantôt de véritables
chambres larges de plusieurs mètres ; la hauteur,
après les déblais que nous y avons faits, en dé-
passe de beaucoup 2 mètres; il y en a tout un
réseau extrêmement compliqué. En effet, comme
il était impossible de faire reposer sur un massif
plein cet édifice qui couvre une surface de plus
de 1.200 mètres carrés, on a élevé seulement à
distances convenables une série de piles reliées
entre elles par des traverses de pierre, sur les-
quelles on a assis colonnes, murailles et dallage.
On n’a point trouvé jusqu’ici d’escalier pour y
pénétrer et il est fort douteux que ces interstices
des murs d’appui aient jamais été considérés et
utilisés comme de véritables souterrains. Pas une
pierre ne porte la moindre trace qui indique la
présence de l’homme ou l’affectation à un service
quelconque. Aucun objet n’a été découvert, sauf
quelques poteries grossières, des débris de
bronze sans valeur et deux fragments de terre-
cuite mycéniens.

G’est un problème de déterminer le niveau du
sol antique : les soubassements du temple, cons-
truits en partie de conglomérat grossièrement
taillé et jointoyé, et en partie composés de pierre
de Saint-Elie, de tuf ou de marbre, restes de
divers édifices, à peine alignés vers l’angle Sud-
Ouest, semblent n’avoir pas été destinés à être
vus. Cependant le mur polygonal n’est ni assez
haut ni assez épais pour avoir soutenu un rem-

blai de plain-pied avec le temple ; il ne suppoide-
rait même pas la poussée d’un talus, qui d’ail-
leurs eût offert à l’œil une ligne déplaisante et
veule ; enfin, comme nous l’avons signalé, des
restes de l’époque grecque ou romaine se retrou-
vent au-dessous du niveau supérieur du mur
polygonal ; ce qui force à supposer ou que tel
était le niveau antique de l’esplanade du temple,
ou que le sol a été défoncé soit par des accidents
naturels, soit par le travail des hommes jusqu’à
une profondeur de plus de 5 mètres.

L’aqueduc souterrain, qui va jusque sous le
temple drainer les eaux de la fontaine Cassotis,
a son ouverture précisément au niveau du mur
et la construction est certainement antique.
J’adopterais volontiers une solution mixte, et
supposerais qu’au-dessus du mur polygonal et au
niveau de son chaperon régnait une grande
place allongée; qu’aux obstructions du temple
s’adossait une muraille, portant de hauts em-
marchements, qui cachaient la grossièreté de
l’appareil, pouvaient servir de support à des
offrandes et répondaient peut-être à ces « degrés
du Sud » dont parle Plutarque. Les rochers qui
aujourd’hui font saillie auraient été noyés dans
la maçonnerie. La destruction totale de ce mur
n’a rien de plus étonnant que celle du temple lui-
même, que la disparition complète des offrandes
qui ne pouvaient manquer en cet endroit, l’un
des plus beaux de Delphes, le plus voisin du
temple. L’enlèvement des statues à Delphes
semble avoir eu quelque chose de méthodique et
d’administratif ; il a été complet, bases comprises.
Pour des édifices, la place semble en avoir été
dépourvue; du moins ne trouve-t-on aucune fon-
dation, et le hiéron des Muses doit être cherché
ailleurs.

On voit que de questions se posent, combien
peu de solutions sont encore certaines. Heureu-
sement, à l’Est et au Nord, la voie Sacrée, con-
servée presque intacte, donne aux recherches de
topographie une base assurée. Elle nous avait
conduits l’an dernier jusqu’à l'autel de Chios,
assis sur le mur polygonal, au point où la route
en atteint le sommet, sur l’axe même du temple.
Il semble avoir joué le rôle de principal autel. Il
se dressait au sommet d’une haute base en cal-
caire noir bleu, de plain-pied avec le sommet de
la voie Sacrée et au niveau du temple, auquel il
était réuni par un dallage, aujourd’hui en partie
enlevé, en partie défoncé.

La route, montant en pente rapide, regagne en
quelques mètres de parcours toute la hauteur de
l’autel, atteint le niveau du temple et s’infléchit
alors dans la direction de l’Est à l'Ouest; elle
cesse de monter et devient horizontale.

C’était un endroit magnifique que le sommet
de la voie Sacrée, avec le tournant où elle s’élar-
git et tous ces monuments qui se pressent et do-
minent tout alentour, orientés dans toutes les di-
rections, superposés encore les uns aux autres
sur les pentes de la montagne qui se relève brus-
quement. Les anciens n’avaient pas manqué de
profiter d’une aussi belle situation et quelques-
unes des plus splendides offrandes étaient là réu-
nies.

Nous y avons trouvé encore en place, au tour-
nant même de la route, une énorme base où se
lit une dédicace de Gélon, fils de Deinoménès ;
l’offrande consistait en un trépied d’or et une
 
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