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MÉLANGES DARCHÉOLOGIE.
faut-il voir que l'imitation de quelque édifice attribué à Constantin, et qui aura passé pour un
des constructions élevées par cet empereur ? Cela regarde les historiens de la Palestine
moderne ou des basiliques chrétiennes primitives, et il doit être permis de le leur déférer. *
L'ivoire du roi de Bavière et celui de Bamberg sont aussi les seuls où les soldats aient été
représentés près du sépulcre ; et ils y sont endormis comme le moyen âge les peint presque
toujours 3, par manière de sarcasme contre le récit que firent courir les Juifs afin de cacher
leur honte après la résurrection de notre Seigneur s. Ces deux bas-reliefs suffiraient pour
faire voir que le nombre des gardes n'était point fixé par une pragmatique bien impérative.
Le sculpteur de Bamberg devait tenir beaucoup à ce qu'ils fussent quatre, puisqu'il a quasi
crevé le toit de son édifice pour en loger deux de plus ; quoique dans une belle miniature
du sacramentaire de Drogon le peintre se soit très bien contenté de deux soldats en tout L
Les planches IY et Yïlï laissent apercevoir derrière l'ange, ou dans le tombeau, une dra-
perie isolée qui semble soulevée par le milieu sans que la cause de ce mouvement soit facile à
saisir. C'est une façon de plier les linceuls qui se régularise plus tard, surtout en Allemagne,
où le suaire du saint sépulcre se voit souvent tordu et plié en deux à la manière d'une ser-
viette nouée qui figurerait pour le premier coup d'œil quelque chose d'assez semblable à
une tenaille. On n'y tenait pas seulement par respect pour le récit des évangélistes s, mais
à cause de la preuve qu'en tirent plusieurs écrivains ecclésiastiques c contre la fable payée
aux soldats par les pontifes pour tâcher d'étouffer l'éclat de la résurrection de Jésus-Christ.
boré la croix sur la coupole. Etait ce pourtant parcequ'il
avait donné à l'ange un sceptre au lieu de la croix que plu-
sieurs monuments lui donnent dans cette circonstance, et
qu'il croyait devoir exprimer le triomphe du crucihé en n'o-
mettant pas l'instrument de notre saiut ?
i Cf. Arevalo Prudent., p. 685 (t. n). —Sirmond, tri-
pfea? etc. (Opp. iv, p. 293, sq., 311, sq. )
s Quand if ne s'agit pas de l'instant où notre Seigneur res-
suscita sans être aperçu, mais de ceiui où l'ange vint ren-
verser la pierre du tombeau avec fracas, on pourrait croire
que les gardes sont terrassés par l'effroi plutôt qu'abattus par
le sommeil (Matth., xxvm, 2-4. — Etc. Cf. Juvenc. Eeanye/.
Msf., libr. iv, v. 751, sq.; ed. Arevalo, p. 384) ; toutefois
leur aspect ordinaire, dans les monuments du moyen âge, est
celui d'hommes surpris par l'assoupissement.
^ Cf. Vitraux de Bourges, n°46 (p. 82 svv.). Cela avait
passé de bonne heure dans le langage, puisque l'hymne alpha-
bétique de sainte Madeleine, publiée par M. Édél. Du Méril,
(Pod-sfes. anter. aMdoMzfi/nesiécte, p. 154) fait dire
à l'ange du saint sépulcre :
c Surrexit, inquam, Dominus,
Soporatis custodibus. o
Néanmoins cette manière de peindre les soldats du tombeau
n'est pas sans exception ; et dans un autre chant ( ap. Du
Méril, 4 ci A, p. 298) sur la Terre sainte, nous trouvons :
H Et in sepulcro positus,
Custoditur militibus ;
Tamen surrexit Dominus
Mis aspicientibus. H
4 De même ap. Vettori, iVamm. anr. uett. CArùt. p. 47.
— Gori. cp. cit., tab. 34. Mais ce qui fait bien voir qu'on
n'avait pas de parti pris au sujet de ce nombre, c'est que sur
une autre planche d'ivoire sculpté (iMd., tab. 33) qui paraît
avoir complété cette dernière, quatre soldats sont assis près
du tombeau.
s Luc., xxiv, 12. — Joann., xx, 6, sq.
s Sedul. carat. pa^c/tafe, v. 333, sqq. (ed. Arev.,
p. 3^)8, sq.) :
a . . . . Fare, improbe custos ;
Responde, sceierata cohors ; si Christus, ut audes
Dicere, conciuso furtim productus ab antro
Sopitos iatuit, cujus jacet intus amictus?
Cujus ad exuvias sedet angélus ? Anne beati
Corporis abiator velocius esse putavit
Soivere contectum, quam devectare ügatum ?
Quum mora sit furtis contraria, cautius ergo
Cum Domino potuere magis sua iintea toiii.
Mentita est vox vana sibi. H
Cf. napKxÀn-r., office du dimanche à matines (p. 217) ; et
tisvTuxoç., olïices du mercredi et du jeudi de Pâques : 17?
sLîï, Tt? %XOUTS VSX^OV xLx7rïVTK 7T07S; X. T. S.
MÉLANGES DARCHÉOLOGIE.
faut-il voir que l'imitation de quelque édifice attribué à Constantin, et qui aura passé pour un
des constructions élevées par cet empereur ? Cela regarde les historiens de la Palestine
moderne ou des basiliques chrétiennes primitives, et il doit être permis de le leur déférer. *
L'ivoire du roi de Bavière et celui de Bamberg sont aussi les seuls où les soldats aient été
représentés près du sépulcre ; et ils y sont endormis comme le moyen âge les peint presque
toujours 3, par manière de sarcasme contre le récit que firent courir les Juifs afin de cacher
leur honte après la résurrection de notre Seigneur s. Ces deux bas-reliefs suffiraient pour
faire voir que le nombre des gardes n'était point fixé par une pragmatique bien impérative.
Le sculpteur de Bamberg devait tenir beaucoup à ce qu'ils fussent quatre, puisqu'il a quasi
crevé le toit de son édifice pour en loger deux de plus ; quoique dans une belle miniature
du sacramentaire de Drogon le peintre se soit très bien contenté de deux soldats en tout L
Les planches IY et Yïlï laissent apercevoir derrière l'ange, ou dans le tombeau, une dra-
perie isolée qui semble soulevée par le milieu sans que la cause de ce mouvement soit facile à
saisir. C'est une façon de plier les linceuls qui se régularise plus tard, surtout en Allemagne,
où le suaire du saint sépulcre se voit souvent tordu et plié en deux à la manière d'une ser-
viette nouée qui figurerait pour le premier coup d'œil quelque chose d'assez semblable à
une tenaille. On n'y tenait pas seulement par respect pour le récit des évangélistes s, mais
à cause de la preuve qu'en tirent plusieurs écrivains ecclésiastiques c contre la fable payée
aux soldats par les pontifes pour tâcher d'étouffer l'éclat de la résurrection de Jésus-Christ.
boré la croix sur la coupole. Etait ce pourtant parcequ'il
avait donné à l'ange un sceptre au lieu de la croix que plu-
sieurs monuments lui donnent dans cette circonstance, et
qu'il croyait devoir exprimer le triomphe du crucihé en n'o-
mettant pas l'instrument de notre saiut ?
i Cf. Arevalo Prudent., p. 685 (t. n). —Sirmond, tri-
pfea? etc. (Opp. iv, p. 293, sq., 311, sq. )
s Quand if ne s'agit pas de l'instant où notre Seigneur res-
suscita sans être aperçu, mais de ceiui où l'ange vint ren-
verser la pierre du tombeau avec fracas, on pourrait croire
que les gardes sont terrassés par l'effroi plutôt qu'abattus par
le sommeil (Matth., xxvm, 2-4. — Etc. Cf. Juvenc. Eeanye/.
Msf., libr. iv, v. 751, sq.; ed. Arevalo, p. 384) ; toutefois
leur aspect ordinaire, dans les monuments du moyen âge, est
celui d'hommes surpris par l'assoupissement.
^ Cf. Vitraux de Bourges, n°46 (p. 82 svv.). Cela avait
passé de bonne heure dans le langage, puisque l'hymne alpha-
bétique de sainte Madeleine, publiée par M. Édél. Du Méril,
(Pod-sfes. anter. aMdoMzfi/nesiécte, p. 154) fait dire
à l'ange du saint sépulcre :
c Surrexit, inquam, Dominus,
Soporatis custodibus. o
Néanmoins cette manière de peindre les soldats du tombeau
n'est pas sans exception ; et dans un autre chant ( ap. Du
Méril, 4 ci A, p. 298) sur la Terre sainte, nous trouvons :
H Et in sepulcro positus,
Custoditur militibus ;
Tamen surrexit Dominus
Mis aspicientibus. H
4 De même ap. Vettori, iVamm. anr. uett. CArùt. p. 47.
— Gori. cp. cit., tab. 34. Mais ce qui fait bien voir qu'on
n'avait pas de parti pris au sujet de ce nombre, c'est que sur
une autre planche d'ivoire sculpté (iMd., tab. 33) qui paraît
avoir complété cette dernière, quatre soldats sont assis près
du tombeau.
s Luc., xxiv, 12. — Joann., xx, 6, sq.
s Sedul. carat. pa^c/tafe, v. 333, sqq. (ed. Arev.,
p. 3^)8, sq.) :
a . . . . Fare, improbe custos ;
Responde, sceierata cohors ; si Christus, ut audes
Dicere, conciuso furtim productus ab antro
Sopitos iatuit, cujus jacet intus amictus?
Cujus ad exuvias sedet angélus ? Anne beati
Corporis abiator velocius esse putavit
Soivere contectum, quam devectare ügatum ?
Quum mora sit furtis contraria, cautius ergo
Cum Domino potuere magis sua iintea toiii.
Mentita est vox vana sibi. H
Cf. napKxÀn-r., office du dimanche à matines (p. 217) ; et
tisvTuxoç., olïices du mercredi et du jeudi de Pâques : 17?
sLîï, Tt? %XOUTS VSX^OV xLx7rïVTK 7T07S; X. T. S.