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AVANT-PhOPOS.

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» travail; car je 11e connais personne à Paris qui ait une manière si franche en pareil style.
» Quoi qu’il en soit, au cas où l’on ne vous aurait point demandé plus de 300 francs, vous
» n’avez certainement pas lieu de vous plaindre.—Alors, reprit l’auteur, je vois que je puis
» employer ce graveur-là; car il a été moins exigeant que vous ne le supposez.» Il continua,
en etfet, Dieu merci ! moins pourtant que je ne l’aurais désiré. Dans le fait, cette gravure
cotée à 300 francs lui avait pris tout au plus cinq heures2. Mais il ne se souciait pas de
dire ou de laisser croire qu’il gravât. Dessiner, passe encore; et c’est ce qui lui fit adopter
ensuite la gravure sur bois pour une foule d’objets où son trait au crayon était moins
facile à dénaturer. Cependant le graveur peut aussi de la meilleure foi du monde
traduire l’original qu’on lui a livré. C’est affaire d’intelligence, où personne ne se tient
pour mal loti. Puis, ce travail d’un burin emprunté, s’il ne tombe en très-heureuses
mains, manque presque toujours de l’entrain et de la personnalité qu’un auteur met dans
son propre œuvre.
II essaya aussi de la pierre lithographique, mais cela nécessitait un attirail qui faisait
trop ressembler sa chambre à un atelier; chose dont il se gardait très-particulière-
ment avec une susceptibilité presque maladive. En définitive, le plus grand nombre
de ses dessins sur pierre furent effacés, et le public en a vu tout au plus cinq ou six
où je puisse affirmer qu’il avait eu seul part. Ce sont les planches IX-XIV et XXXIV du
tome IV des Mélanges (lre série).
Quelques personnes voyant la multitude de dessins qu’il a laissés en mourant, et dont
j’ai fait une cinquantaine de volumes, concluent qu’il devait être doué d’une patience
inépuisable. On ne peut pas se tromper davantage, car la patience n’était nullement son
fait. Il poussait activement le travail, et n’était guère oisif à aucun instant du jour; mais
c’était avec une précipitation continuelle qui avait besoin d’être aiguillonnée sans cesse par
battrait du changement. En quoi il était merveilleusement servi par la fougueuse agilité
de son crayon. M. W. Pugin ayant eu occasion de le voir à Paris, le P. Arthur se trouva
conduit, dans une explication, à lui ébaucher une esquisse rapide pour mieux rendre sa

1. Aussi durant les émeutes ou troubles accessoires de
ISZiS, fut-il crié sous nos fenêtres : « 11 y a là un homme
qui ruine les graveurs ! » Je veux croire que cet ami des
ouvriers (ou des artistes) n’était pas l’un de ceux que le
P. Arthur payait pour retoucher ses planches, soit à la
mécanique dans les fonds, soit au burin dans les contours
insuffisamment accusés. Néanmoins, si ce n’étaitcela, d’où
lui seraient venues ses informations ?
Par le fait, il s’en fallait de beaucoup que le P. Martin
affichât son habileté en ce genre ; il la déguisait plutôt avec
une affectation presque comique ; n’y songeant qu’à rendre
exécutables des travaux archéologiques où des planches
nombreuses étaient nécessaires, et dont les frais n’eussent
jamais été couverts sans ce dévouement continuel d’un
auteur qui embrasse sa besogne par pur amour de l’art.

Faute de cette ressource quasi désespérée, mettons qu’il
se fut croisé les bras pour faire oraison, et je ne comprends
pas ce qu’y aurait gagné le graveur qui se tenait pour
lésé dans cette prétendue concurrence. Était-il homme, lui,
à travailler par simple zèle, ou bien le P. Arthur se faisait-
il compter chez notre éditeur un argent que ce citoyen
économiste eût empoché en l’absence d’un tel rival? On
peut voir sur les comptes du libraire si nous avons fait
de gros gains à pareille besogne. Ce n’était assurément pas
spéculation productive, du moins pour nous. Que si typo-
graphie et librairie ne s’en sont pas mal trouvées du reste,
où est le grand malheur industriel ? De trois professions,
une pouvait à toute force se croire en souffrance; les deux
autres qui eussent chômé avec le plaignant l’auraient
peut-être consolé en partageant son loisir?

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