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MANUSCRIT DU NIEDERMUENSTER, PL. T.

19

Ici les personnifications un peu rustiques des astres du jour et de la nuit ont l’air
de se voiler la face, pour exprimer l’éclipse qui signala les derniers moments de la vie
humaine du Verbe incarné.
La miniature prétend éclaircir ces deux petits tableaux accessoires au moyen de
deux textes que voici, et que je ne panégÿrise pas :
A droite du crucifix,
(i Igneus sol obscuratur in æthere, quia Sol justitiæ patitur in cruce. »
A gauche,
« Eclypsin (sic) patitur et luna, quia de morte Christi dolet Ecclesia. »
r
Ce 11e sont pas tout à fait les grands enseignements qui nous semblent avoir dicté
la pragmatique des vieux calvaires au moyen âge ; mais la ligne principale subsiste
conformément à la tradition de l’art chrétien, et l’interprétation 11’est pas tellement
dévoyée, qu’il faille chercher chicane à la religieuse bénédictine qui nous a laissé
ce sujet grandiose, malgré certaines singularités.
Au bas du cadre général, deux autres petits carrés représentent, à gauche du
crucifix, le temple de Jérusalem où le voile du sanctuaire se déchire violemment ; et
l’inscription nous dit fort bien, comme saint Paul (II Cor. m, 13-16; — Hebr. vi,
19, 20; ix, 3, 25, etc.), que les obscurités de la Loi Ancienne sont enfin mises au jour
par le sacrifice de Celui qu’elle représentait sans bien le comprendre :
« Vélum templi scissum est, quia obscuritas Legis ablata est. »
De l’autre côté, nous voyons les morts qui ressuscitent en ouvrant leurs tombeaux,
lors du tremblement de terre qui accompagna le dernier soupir du Fils de Dieu fait
homme. Là 011 nous dit que ces morts rendus au jour annoncent la lumière de la foi
qui va se répandre sur les nations païennes;
« Terra est jussa mortuos reddere, quia Gentilitas cuncta per fidem viyere cœpit. »
Parmi les ornements plus ou moins rudes qui servent de cadre à toute la peinture,
on aperçoit à diverses reprises un petit monument byzantin que coiffe une coupole à
fuseaux presque découpés par leur convexité extérieure. Ce doit être un souvenir du
saint Sépulcre et de l’église élevée à Jérusalem sur ce saint lieu, car bien des rotondes
construites durant le moyen âge en Occident paraissent s’être proposé ce modèle
auguste, tout en le copiant avec plus ou moins de liberté1. On prétend même que
les Templiers reproduisirent volontiers ce type général pour rappeler leur point de
départ.
Plus d’un lecteur se consolera facilement, sans doute, de ne pas voir exposer tout
au long les inscriptions diverses de notre peinture. Il est certain que les vers léonins
du moyen âge, avec leur double rime, se trouvent souvent conduits à torturer un

1. Cf. G. B. de Rossi, Bulletino di archeologia cristiana, 1869, p. 58.
 
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