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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

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Le prince trône sous un tho lus ou espèce de ciborium, et prend des airs de communica-
tions avec le Ciel. Aussi une main divine donne à croire que Dieu lui parle quasi-familiè-
rement, et deux anges semblent prêts à veiller sur lui sans cesse ou à lui transmettre
les ordres d’en haut1. Conformément au style de cour mis en vogue par l’empire romain,
et dont les traditions subsistent entières chez les jurisconsultes, tout prend ici un air
presque sacré. Des couronnes de lumières pendent aux voûtes2, comme s’il s’agissait du
lieu où s’offre le saint sacrifice. Les inscriptions s’accordent de leur mieux avec cette
pompe auguste :

« Ilic residet Ivarolus, divino munere fultus,
Ornât quem pietas et bonitatis amor.
Hludwig justus erat quo rex non justior altcr,
Qui genuit prolem hanc 3 tribuente Deo.
Alma viro peperit Judith de sanguine claro,
Gum genitor regnis jura dabat propriis.
Ilic nomen magni Karoli de nomine sumpsit,
Nomen et indicium; sceptra tenendo sua.
Ilic David vario fulgescit slemmate regis,
Atque salomonica jura docentis habet.
Istius irnperio hic codex resplendet et auro,
Qui bona construxit multa, fa vente Deo. »

Qui ne comprendra pas très-bien tous ces éloges, n’y perdra qu’un peu d’amphigouri ;
et l’amphigouri de cour se ressemble plus ou moins de siècle en siècle. Ici, comme ce
sont des moines qui parlent, le prince est comparé aux grands rois de la Bible. Voilà toute
la différence qui s’aperçoive entre les apothéoses anciennes et modernes.
Si l’on veut comparer celte espèce de salle du trône carlovingienne avec l’aspect donné
par d’autres peintres à la cour impériale, on peut consulter, soit les gravures citées précé-
demment, soit celles que nous allons publier tout à l’heure, soit la Bible de Saint-Paul
(de saint Calixte), dont parle d’Agincourt *, soit les diptyques qui rappellent le luxe des
grands magistrats romains au temps de la décadence. Le trône byzantin était sans doute
jalousé par les empereurs d’Occident3, ainsi que le costume chargé d’or et de broderies ;
d’autant que les souverains de Constantinople accordaient volontiers les ornements consu-
laires aux princes qui avaient la bonté d’y tenir c.
A droite et à gauche de l’empereur, se tiennent les grands écuyers, qui sont là pour lui

" 1. Les grandes baguettes données aux anges assez fré-
quemment seraient-elles un emprunt fait à la cour byzan-
tine (huissiers de la chambre, huissiers à verge, etc.)?
— Cf. Ad Constantin. Porphyrogen. Commentar. — Caracté-
ristiques des saints, p. 107, 126, etc.
2. Sur les couronnes de lumières et les lampes suspen-
dues dans les palais carlovingiens, on peut consulter la
Ire série de ces Mélanges, t. III, p. 12-3A.
3. On pourrait absolument se méprendre sur l’objet
véritable de ce pronom démonstratif, si l’on ne fait pas
attention au souvenir de Louis le Débonnaire et de Judith
qui s’intercalent après le premier distique. Il n’y a donc
pas à chercher près du trône la descendance de Charles
le Chauve; c’est lui-même et lui seul qu’on nous montre

comme rejeton du mariage de Judith de Bavière avec le
fils de Charlemagne.
Peut-être que la mémoire de la princesse bavaroise
(de sanguine claro) aura occasionné le voyage de ce ms.
français à Ratisbonne et sa perte pour nous depuis di\
siècles.
/j. Peinture, pl. XL, sv. — Cf. XVillemin et Pottier, Monu-
ments français inédits, 1.1, pl. 6-15.
5. La description du luxe qui environnait Justin le
Jeune mérite d’être lue dans Corippus, De laudibus Jus-
tini, lib. III, v. 157-259; et lib. IV, v. 90-165; etc.—
Reiske, Ad Const. Porphyr. (ed. Bonn), t. II, p. 202, 22/q
sq.; 2/j7.
6. Reiske, ibid., t. II, p. 105-107, et 158.
 
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