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MINIATURES IMPÉRIALES (PL. Vl) .
remettre ses armes au besoin. Là encore une espèce d’acclamation en un distique rappelle
les chants byzantins qui saluaient le prince aux grands jours. C’est de droite à gauche, en
commençant par le porte-épée (spaihanus) :
« Arma tibi faveant Christi stabilita per ævum,
Muniat et clipeus (sic) semper ab hoste suus1. »
Quant au prince, tout est à peu près civil dans son costume. 11 porte, par exemple, des
jambières (campagia, gambaliaî) rouges, comme celles dont parle longuement Reiske dans
ses notes sur le cérémonial de Constantin Porphyrogénète2 ; et qui, réservées alors aux plus
grands seigneurs, devinrent ensuite communes même aux manants pour la chasse et les
voyages. Ces bas de chausses et la chaussure proprement dite sont expliqués aussi avec
quelques détails un peu mêlés, par Dempster, toujours à propos des Byzantins3.
La tunique de Charles le Chauve est bleue avec semis de points d’or ; quoique le blanc
fût une couleur bien portée à la cour byzantine 4. Mais, par compensation, nous voyons
le manteau blanc et le surtout de même couleur revêtant les épaules de l’écuyer et des
deux femmes dont nous allons bientôt expliquer la présence.
La chlamyde impériale, qu’on pourrait bien appeler un grand manteau, est de couleur
pourpre, et bordée d’une bande que surchargent des pierreries nombreuses. La réunion de
la partie antérieure à celle qui couvre le dos est formée par une grosse fibule où notre
goût actuel trouverait un aspect bien lourd. Mais c’était la mode, et tout ce qui est à la mode
est censé beau, au risque de faire rire la postérité. Nous voyons, du reste, que les Carlovin-
giens n’avaient pas inventé cette bizarrerie. Plusieurs fibules laissées par les Gallo-Romains
sont tellement étranges et massives, que des antiquaires du temps passé ont cru y recon-
naître un stylet à écrire ; tant l’aiguille (ou broche) en est forte et longue *. Cela se portait
à droite ou à gauche, selon l’époque ou le goût personnel des élégants 6.
Les deux femmes qui portent des cornes d’abondance et des couronnes, de chaque côté
du tholus, sont des personnifications où le miniateur ne nous permet point d’embarras.
Elles sont l’une et l’autre désignées par deux vers de droite à gauche, qui montrent leur
signification en même temps que leur ordre hiérarchique :
« Francia grata tibi, rex inclite (sic), munera defert.
Gotia (sic) te pariter cum regnis inchoat altis. <>
Ne querellons pas le calligraphie sur des mots amenés par son langage poétique (ou du
moins versifié) ; il est clair, à travers les paroles sonores puisées au répertoire des pané-

1. Puisque ceci se rédige dans la rue Lhomond, faisons
observer que la règle du bonhomme su rie son, sa, ses, don-
nerait iort au poeta cesareo du ixe siècle. Mais Virgile du
moins plaiderait la circonstance atténuante avec son :
........ nutricem affata Sichæi
Namque suam antiqua patria cinis ater habebat. »
Les Italiens en ont gardé la trace dans l’axiome machia-
vélique : « Chi non ha vergogna, tutto il mondo è suo. »
2. Ed. Bonn., t. II, p. 419, sqq., et 869. Mais je crois
qu’il confond un peu trop cette espèce de guêtres avec les

hosœ ou xap.TTGTouëa, et avec les Izangœ, qui étaient autre
chose. (Cf. Mélanges, lre série, t. I, p.36.)
3. Cf. Corporis hist. byzant. nova Appendix. Romæ, 1777,
in-f°, p. U5U, sq.
lx. Reiske, ibid., t. II, p. 680, sq.
5. Ainsi on confondait une agrafe avec un graphium,
quoique les collecteurs du xvne siècle et du xvme connus-
sent assez bien le grec et le latin, en général ; qualité qui
n’est pas toujours le partage de leurs successeurs.
6. Cf. Reiske, ibid., p. 65, 531, sq.; 827, sq.

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