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50

MÉLANGES D’ARCIIÉOLOGIE.

gyristes emphatiques, que nous avons là deux provinces; et que la Gotliie se donne comme
contrée montagneuse.
Quiconque s’est un peu familiarisé avec les personnifications si fréquentes dans Fart
antique, sait très-bien que les provinces et meme les villes y prenaient l’aspect de
femmes différenciées entre elles par quelque attribut particulier (autant que possible) qui
spécifiait les produits locaux. Ainsi la Palestine ou la Phénicie avec son palmier ; l’Afrique
avec une tête d’éléphant pour coiffure, ou une couronne d’épis ; Rome avec son casque et
le costume d’Amazone, etc. La poésie se mettait à l’avenant de Part. Claudien nous peint
l’Afrique troublée par la guerre de Gildon 1 et venant se plaindre dans l’Olympe2 :
« Et contusa gênas, mediis apparet in astris
Africa : rescissæ vestes, et spicea passim
Serta jaccnt ; lacero crinales verticc dentes,
Etfractum pendebat ebur, etc. »
Ou {De laudib. Stüichonis, II, 250) :
« Tum spicis et dente comas illustris eburno,
Et calido rubicunda die, sic Africa fatur, etc. »

Corippus, dans sa Johannide, n’a pas eu le loisir ou l’habileté de nous faire des proso-
popées aussi plastiques ; mais Mme la princesse de Belgiojoso, alors Christine Trivulzio,
a dessiné pour l’édition de Mazzuchelli une pierre gravée où l’Afrique couronne l’un
de ses libérateurs 3, et porte la coiffure convenue.
Quand les artistes de la décadence comprirent que l’appauvrissement de verve et de
main ne leur permettait plus d’individualiser vigoureusement les personnifications ou l’art
grec avait prodigué tant d’attributs souvent choisis avec une rare finesse et traités avec
goût, ils se contentèrent de deux ou trois lieux communs. Les têtes demeurent cou-
ronnées de quelque chose comme des créneaux ou des tours; les autres emblèmes
deviennent ce qu’ils peuvent, vaille que vaille4; et ce qu’on maintient le plus fidèlement,
c’est surtout le plateau plein de monnaies, qui constate les inextinguibles injonctions

1. De bell. Gildonic., v. 135, etc.
2. Ailleurs (De laud. Stüichonis, 11, 241), c’est la Gaule
belliqueuse et opiniâtre dont la blonde chevelure se re-
dresse sous le peigne, ou se roidit malgré les artifices
de coiffure ; et dont le cou porte son vieil insigne militaire
des temps celtiques :
«.tum flava repexo
Gallia crine ferox, evinctaque torque decoro,
Binaque gæsa tenens, animoso pectore fatur. Etc. »
C’est aussi l’Espagne avec son
diadème de feuilles d’olivier, et
montrant dans les pans de sa robe
les riches produits de ses nom-
breuses mines. (Ibid., Il, 228-230.
— Laus Serenœ, 54. — Etc.) La
Grande-Bretagne tatouée, drapée
du manteau barbare que lui forme
la dépouille du phoque, du morse
ou de la baleine (De laudib. Stili-
chonis, II, 247) ; comme dans cer-

taine pierre gravée où l’on n'a voulu voir qu’un pécheur
quelconque, car à semblable toilette il fallait un homme
qui portât cet habit en queue de morue :
« Inde caledonio velata Britannia monstro,
Ferro picta gênas, etc. »
Cf. C. Cavedoni, Memorie di lleligione, etc. (Modena),
sérié IIa, t. XVI (1843), p. 280-286 ; 289, sg.; et t. XV, p. 100.
— Eckhel, et E. Q. Visconti, passim. — Museo borbonico,
t. III, tav. 57, sg.; t. IV, tav. 38.
3. Milan, 1820, frontispice, et p. Iv, sqq.
4. La couronne tourrelée y devient souvent un appen-
dice inexplicable, où l’on croirait deviner je ne sais
quel enjolivement de coiffure qui surmontait le front des
demoiselles de Saint-Cyr dans la pragmatique fixée par
Mme de Maintenon. (Cf. Magasin pittoresque, 1842, p. 57.)
A la page 52 nous allons trouver mieux que cela, mais
on semble y avoir cru que les tours désignaient particuliè-
rement un pays frontière (l’Esclavonie).
 
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