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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

Jeur plaisait de ne voir que des honneurs dus à ce rang suprême, une race neuve
obtenait le premier rôle dans l’Europe germanisée. Mais, à la façon de Y ours que
la Fontaine met au service d’un amateur de jardins, les princes saxons protégèrent
si lourdement la papauté, que peu s’en fallut qu’ils ne l’écrasassent.
Au cas où nous aurions vraiment Othon III dans cette miniature, et quand même
ce serait Othon II, ce peut être le fameux Gerhert (Silvestre II) qui figure en façon de
chancelier à droite du prince. Son pallium rappelle-t-il le siège métropolitain de la
province rémoise, ou la dignité d’archevêque de Ravenne ? S’il s’agit vraiment d’un
chancelier, cet office 11e lui appartenait que pour la couronne de France; mais il était
bien homme à en conserver les insignes, tout en passant au service de la cour germa-
nique. Du reste, quoi qu’on ait dit de ce prélat, l’époque n’était pas commode pour fixer
les consciences en fait de légitimité. La maison de France (capétienne) 11e faisait guère
que débuter au premier rang, et les empereurs germaniques pouvaient se donner
comme successeurs de Charlemagne. Dans les compétitions qui résultaient du nouvel
état de choses, un Auvergnat n’était pas tenu à voir clair en loyauté politique comme
l’eussent exigé Richelieu ou Louvois (rudes casuistes) sept siècles plus tard.
En somme, nous voyons ici les gens d’église occuper le premier rang au palais,
tandis que les deux écuyers (spatharius et scutifer) sont relégués à la gauche du
souverain. Malgré ce qu’il devait y avoir de particulièrement byzantin chez les Othons,
à cause de la princesse Théophano, le costume impérial n’est plus celui que portait
Charles le Chauve. Le trône s’écarte de la forme usitée dans les dyptiques et res-
semble beaucoup plus à ce que nous avons depuis dans un grand nombre de sceaux
latins. Il rappelle un peu les pliants analogues à la sella ou subsellium des anciens L
Le sceptre aussi a l’air d’indiquer un retour aux coutumes romaines 2 ; sauf que
l’oiseau qui surmonte la hampe a beaucoup plus la mine d’un épervier que d’un
aigle. Je ne pense pas néanmoins que le césar germanique ait le moins du monde
voulu constater ainsi sa parenté avec Henri l’Oiseleur. La couronne qu’il porte semble
carrée, avec charnières ; comme celles des rois mages dans un manuscrit de Brême
à la Bibliothèque royale de Bruxelles, ou ce que l’on montre encore .à Namur en bon
souvenir du comte Baudouin devenu empereur de Constantinople. Resterait à prouver
que cette forme ait duré plusieurs siècles. Le disque ou globe soutenu par la main
gauche est marqué d’une croix, signe que nous n’avions pas vu dans la miniature de
Charles Je Chauve ; quoique la croix 3 depuis Constantin figurât dans les ornements
de la dignité souveraine. Ce disque crueigère 11e paraît pas devoir être confondu

foi; à la façon de l’ancien Ordre Teutoniqne. Citons le
missel romain (Feria VI, in Parasceve) pour qu’on ne nous
prête pas des théories personnelles nées d’hier :
« ... Deus in cujus manu sunt omnium potestates...,
»respice ad romanum benignus imperium ; ut gentes quæ
» in sua feritate coniidunt, potentiæ tuæ dextera compri-
» mantur; etc. »
11 faut avouerque depuis longtemps cette mission n’était
guère accomplie ; et ne nous étonnons pas, en conséquence,
si le saint-empire romain a disparu au commencement de
ce siècle. Ce n’est pourtant pas que le pape (Pie Vil, sur-
tout) se soit beaucoup mêlé de cette suppression.

1. Divers détails curieux à ce sujet ont été donnés par
M. Ch. Lenormant, dans la Ire série de nos Mélanges, t. I,
p. 157-190 ; et 239-2Ali. Mais cela demande cà être com-
plété par un mémoire de M. Henri de Longpérier (Revue-
archéologique, juillet, août, etc., 1868 ; p. 63-92, et 101,
svv.; etc.). Les recherches fines et nettes de ce jeune anti-
quaire, sur divers points, montrent suffisamment ce qu’il
resterait encore à faire pour donner enfin une bonne
édition de la Notitia dignitatum.
2. Mélanges, ibid., p. 205.— Cf. Edél. du Méril, Etudes...
d’archéologie, etc., p. Zi2ii, sv.; AU-
3. Cf. Arevalo, Ad Prudent., p. 7/jO, t. II, nolt. ZiS
 
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