MINIATURES IMPÉRIALES (oTHOn) . 53
Le fondateur de l’empire latin 1 savait fort bien que l’appui prêté à l’Eglise romaine par sa
famille et par lui-même n’avait pas nui à son couronnement dans Rome ; mais que pourtant
c’était le successeur de saint Pierre qui lui avait bel et bien transmis cette dignité oubliée
par les Latins trop longtemps asservis aux prétentions byzantines2. Après lui et ses
premiers successeurs gâtés par des charges plus fortes que leurs épaules, mais où il
loisirs? Peut-être visait-on un ruban vert qui aura semblé
valoir cette preuve de zèle. Simple supposition que je ne
garantis nullement, mais qui ne manque pas de probabilité.
1. Qui étudiera Charlemagne, sans même tenir compte
de ses pères, verra qu’il ressemblait assez peu au César
moderne qui a bien voulu l’appeler notre auguste prédé-
cesseur. Si germanique encore que fût le grand empereur
du ix° siècle, on ne voit pas d’arrière-pensée dans son en-
thousiasme vraiment français pour la chaire apostolique ;
et nos trouvères du haut moyen âge ne se sont trompés
qu’à demi, quand ils en ont fait l’initiateur des croisades.
Austrasienne, soit ! Cette race était française tout de bon.
Nous ne la répudions pas, malgré la triste figure qu’ont
faite ses héritiers en face des Norrains. Aussi voyez les
peines que nos ancêtres ont prises pour lui rattacher la
dynastie capétienne ! Ces funérailles-là font honneur aux
morts, et en même temps à la nation qui s’y cramponne
durant des siècles, en dépit de titres bien clairs.
2. L’empire, comme l’entendait l’Église, avait surtout
pour charge de refouler ou de convertir les ennemis de la
Le fondateur de l’empire latin 1 savait fort bien que l’appui prêté à l’Eglise romaine par sa
famille et par lui-même n’avait pas nui à son couronnement dans Rome ; mais que pourtant
c’était le successeur de saint Pierre qui lui avait bel et bien transmis cette dignité oubliée
par les Latins trop longtemps asservis aux prétentions byzantines2. Après lui et ses
premiers successeurs gâtés par des charges plus fortes que leurs épaules, mais où il
loisirs? Peut-être visait-on un ruban vert qui aura semblé
valoir cette preuve de zèle. Simple supposition que je ne
garantis nullement, mais qui ne manque pas de probabilité.
1. Qui étudiera Charlemagne, sans même tenir compte
de ses pères, verra qu’il ressemblait assez peu au César
moderne qui a bien voulu l’appeler notre auguste prédé-
cesseur. Si germanique encore que fût le grand empereur
du ix° siècle, on ne voit pas d’arrière-pensée dans son en-
thousiasme vraiment français pour la chaire apostolique ;
et nos trouvères du haut moyen âge ne se sont trompés
qu’à demi, quand ils en ont fait l’initiateur des croisades.
Austrasienne, soit ! Cette race était française tout de bon.
Nous ne la répudions pas, malgré la triste figure qu’ont
faite ses héritiers en face des Norrains. Aussi voyez les
peines que nos ancêtres ont prises pour lui rattacher la
dynastie capétienne ! Ces funérailles-là font honneur aux
morts, et en même temps à la nation qui s’y cramponne
durant des siècles, en dépit de titres bien clairs.
2. L’empire, comme l’entendait l’Église, avait surtout
pour charge de refouler ou de convertir les ennemis de la