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57

MINIATURES IMPÉRIALES (s. HENItl).

(311 question. Nous n’avons donc pas à préciser une date bien claire au moyen de ce
personnage allégorique. Othon 1er lui-même, comme duc de Saxe, avait affaire à des tribus
slaves dans son propre État patrimonial; et l’on sait de reste que la liante et basse Saxe
conservent encore des traces évidentes du long séjour des Esclavons 1 (à prendre ce mot
dans un sens qui n’est plus tout .à fait celui d’aujourd’hui). Peut-être aussi triom-
phait-on à la cour germanique pour l’écrasement des Slaves du midi par les Magyars,
et pour les cris de désespoir que le vaincu adressait aux Allemands. La Sclavinia que
l’on nous montre ici ne fait pas mine d’avoir pris en coutume le rôle de solliciteuse
ou de tributaire. Son geste de la main gauche ressemble un peu .à cette admiration
du doge de Gênes obligé de visiter Versailles, et n’y trouvant rien de si curieux que
sa propre présence. Que tient-elle de sa main droite? Je n’oserais point gager que ce
ne soit pas un fromage ; et que cette pauvre province incapable de payer en espèces,
n’apportât son tribut en nature, comme il convient à toute population qui n’a guère
dépassé l’âge pastoral.
M. Ch. Lenormant1 2 croyait trouver une certaine ressemblance entre cette miniature
et le feuillet d’un manuscrit d’Epternach3, où l’empereur figure en manière d’apothéose,
entouré de l’auréole en amande. Il se scandalisait beaucoup de voir la transfiguration
de Notre-Seigneur mise quasi au compte d’un prince saxon. Pour moi, qui n’ai aucune
raison de glorifier ou d’abaisser particulièrement la dynastie saxonne , j’imagine tout
bonnement que le grand méfait appartient à un pauvre artiste monastique dont le crime
se réduirait à ceci. Ne se sentant pas très-fort sur la composition, et voulant néan-
moins que son frontispice eût un caractère quelque peu grandiose, il aura métamor-
phosé de son mieux en glorification impériale quelque scène sacrée dont il avait le
modèle sous la main, .le n’affirmerais pas que ce fût une transfiguration proprement
dite; cela se peut, mais n’aurait-ce pas été plutôt ce que j’appelle le Christ législateur ?
sujet fréquemment représenté dans le tympan des églises romanes et sur des couver-
tures d’évangéliaires d’ivoire ou d’orfèvrerie.
A mon avis, la transfiguration est bien réellement et tout autrement peinte sur le
feuillet 13 du manuscrit de M. de Horsbach, qui (comme le chapitre ix de saint Luc) associe
ce miracle à la multiplication des pains.
N’allons donc pas porter une querelle d’Allemand dans un pays où nous pourrions
nous faire appliquer le proverbe ancien : Spéculer sur les chouettes à Athènes. Nous trou-
verons du reste tout à l’heure (page 61) que même un saint se laissait introduire tout
vivant dans la cour céleste.

III. — S. HENRI IL

(Page 58.)

Voici de nouveau une preuve du peu de scrupule que se faisaient les miniateurs
allemands, lorsqu’il fallait exécuter quelque bel œuvre dont ils trouvaient le modèle

1. Le nom même de Leipzig n’a de sens qu’en slave.
2. Ubi suprà, p. 186, sv.
o. Copié à Aix-la-Chapelle par le P. A. Martin, et portant

Ce semble être la page publiée par le Moyen âge et la

« Hoc, Auguste, libro tibi cor Deus induat, Otto,
Quem de Liuthario te suscepisse memento. »

ces deux vers :

Renaissance, t. Il, Miniatures, pl. F.

i. —
 
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