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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

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de deux scènes formées chacune par la réunion des deux tableaux qui se font face
à droite et à gauche de la plaque centrale. Au sommet, sainte Hélène (à gauche du
spectateur) menace les Juifs de les faire brûler s’ils ne lui indiquent pas le lieu où la
croix a été enfouie1. Ceux-ci lui amènent un des leurs, nommé Judas, qui sait l’en-
droit précis où se devra trouver ce trésor que cherche l’impératrice; et le nouveau
venu, après quelque résistance, se laisse amener à dévoiler le secret des siens.
De là, le second rang (ou registre) de tableaux qui montrent l’impératrice (à droite
du spectateur) présidant aux fouilles que dirige Judas. Mais ce dernier n’y est plus coiffé
du bonnet juif, sans doute pour annoncer qu’il se fit chrétien à la vue des miracles
opérés en cette circonstance.
Dans l’ordre historique, ces représentations auraient demandé à être exposées
avant les victoires d’IJéraclius sur Chosroès ; ce qui paraissait importer davantage,
c’était que le lecteur fût facilement dirigé par le spectacle lui-même, à mesure qu’il
se présentait aux regards. Il n’est sûrement personne qui, maintenant, ne résume
sans peine la pensée de l’artiste. Autour de la relique, est groupé tout ce qui peut
en donner l’idée la plus haute. L’Ancien Testament est invoqué pour rappeler au
chrétien que la croix, associée par Dieu au grand dessein de la Rédemption, a mérité
d’être présentée aux hommes dès longtemps, comme l’instrument de leur salut. Dieu
l’a glorifiée quand l’heure de sa providence est venue; et après avoir partagé les
ignominies du Calvaire, elle a eu part aux triomphes de Notce-Seigneur. On aurait
pu couronner cet ensemble en nou^ la montrant arborée au ciel pour le jour des
justices (Matth. xxiv, 30) ; l’auteur de ce reliquaire ne l’a pas fait, et pourtant son
œuvre, avec toutes ses maladresses d’exécution, ne manque pas de grandeur parce
que sa conception est prise de haut. Pour arriver à cette pensée majestueuse, il n’a fait
que consulter à peu près le catéchisme tel qu’on l’entendait alors. Qu’on imagine seu-
lement une mise en œuvre plus habile, on atteindra, ce me semble, ce qui peut se
réaliser de plus désirable pour la grandeur de l’art et la solidité de l’instruction :
de grandes idées accessibles à tous, et servies par un art digne d’elles.
Puisque l’opportunité s’est offerte de rappeler ce grand parallélisme de l’Ancien
Testament et du Nouveau, si cher au moyen âge comme à tous les SS. PP. 2, il n’y
a pas moyen de laisser passer comme inaperçue cette phrase surprenante du Corres-
pondant (juillet 1868, p. 185) au sujet des peintures d’IJipp. Flandrin, dans la nef de
Saint-Germain des Prés : « Qu’il y a loin..., dans la conception laborieuse et mystique-
ment compassée de cette histoire en partie double de la Rédemption.... au glorieux
poème du triomphe de la foi, que déroule la frise de Saint-Vincent de Paul! »
Que la santé fort compromise de M. Hippolyte Flandrin ait nui à l’exécution en
plus d’un tableau, soit. Mais, 1° il ne s’agissait point du tout, à Saint-Vincent de Paul,
du triomphe de la foi ; le peintre n’y songeait pas même, j’en sais quelque chose,
et nous avons ri ensemble des hautes conceptions qui lui étaient prêtées (ou à nous
deux) pour ce programme. 2° La prétendue histoire en partie double de la Rédemption

1, L’inscription liégeoise (à gauche du spectateur), lui
lait tenir à peu près le même langage que l’antiphonaire
contemporain.
2. Pour ne pas revenir sur tout ce qui en a été dit dans
]es Vitraux de Bourges à diverses occasions (et surtout à

propos de la planche Ire), citons au moins cette inscription
d’un calice roman de Wilten en Tyrol :
« In Testamento veteri, quasi sub legumento,
Clausa latet nova Lex, novus in cruce quam reserat Rex. »
 
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