DU BESTIAIRE : SA FORME ARMÉNIENNE.
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rôles : « Vieilli dans les jours de la perversité », comme on le disait de tes ancê-
tres (aux anciens ?). Tu rajeuniras (tu renaîtras ?) si tu es plongé dans la source éter-
nelle (vivifiante pour toujours?) au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ;
si tu jettes hors de toi l’humanité païenne par tes bonnes œuvres, et si tu te couvres
« de ces nouveaux vêtements faits à l’image de Dieu ».
IX. — LE PHÉNIX L
Le Seigneur a dit : « Je peux conserver ma vie ou la détruire (déposer ?) à mon
gré ».
Il est un oiseau nommé phénix. Tous les cinq cents ans il va aux cèdres du Liban,
et remplit ses ailes d’encens (A aromates ?) ; puis au mois de Barémote ou Parmoude
(Pharmouthi), c’est-à-dire au mois d’Arèque (Ariéki ?), il va porter des nouvelles (.s'an-
nonce, cryj/xajva) au prêtre de la ville d’Arèque (Arouat). Le prêtre alors vient lui présenter
(lui apporte) des sarments de vigne que l’oiseau prend dans ses griffes ; en s’envolant,
il quitte la ville pour se rendre sur l’autel, où il met lui-même le feu aux branches
et se consume. Le jour suivant, le prêtre qui s’est rendu là cherche dans les cendres
et trouve un ver; lequel, après un jour, prenant des ailes, devient petit oiseau. Le troi-
sième jour, il laisse là le prêtre, et se rend à sa demeure ordinaire.
Que si l’oiseau a le pouvoir de se tuer (de se survivre?), ô insensés, comment
reprochez-vous au Christ d’avoir dit : « Je peux reprendre ma vie, aussi bien que la
déposer. » Le phénix est l’image du Christ ; car il est venu du ciel, ses deux ailes
remplies des parfums odoriférants de la vertu (sainteté ?) et des dons célestes. Levons
nos bras vers le ciel, et répandons par nos œuvres la bonne odeur (ïencens ?) de la
vertu2.
X. — LE VANNEAU 3.
Il est un oiseau appelé vanneau (huppe). Lorsque ses petits voient leur père ou leur
mère vieillis, et que leur vue s’est obscurcie, ils se mettent à leur arracher les plumes,
«ontraire de grands secrets divins qui se dévoileront mieux
dans un ordre supérieur. Déjà l’Ancien Testament {Can-
tique) et les commentateurs chrétiens ouvrent de hauts
aperçus que je ne puis pas développer en quelques lignes.
1. Cf. Mélanges, ibid., p. 183, sv. — Spic. Solesm., ibid.,
p. 3à5, sq. — Petr. Damian., ibid., cap. xi {Opp. t. III,
p. 812, sq.) — Zenon. Veron., Serm. de resurrect. (1739,
p. 129; et Bibl. PP., t. III, p. Zil3). — Cyrill. Iiierosol.
Cateches. xvm, 8 {ibid., t. IV, p. 532). — Petr. Vener.,
Contra Petrobrusian. {ibid., t. XXII, p. 1062).
Le Spéculum Ecclesiæ ne se fait pas faute de rappeler
notre indestructible oiseau, à l’occasion du jour de Pâques
(fol. 122). Mais quant aux origines reculées de ce symbole
étrange, le Wennou des Égyptiens a été mis récemment
en lumière par M. E. de Rougé (cf. Nouv. Revue archéol.),
qui nous y fait voir Osiris-soleil, ne devant sa naissance
qu’à lui-même. A ce titre, l’oiseau Wennou figure dans les
peintures funéraires comme symbole du renouvellement
des existences.
Le phénix du Mantic uttair (trad. française, p. 126) est
relégué dans l’Inde parles Persans, et gratifié de nouvelles
prérogatives inconnues aux anciens. Mais comme signifi-
cation, il ne figure plus que le mépris de la vie et de la
mort.
Je ne me rends pas bien compte de ce que prétendait
le chroniqueur syriaque Michel (traduit de l’arménien par
M.V. Langlois, p. 60), lorsqu’il fait reprocher par Salomon,
à la reine du Midi (de Saba), l’adoration du phénix.
2. Cette addition, un peu hétérogène, se retrouve dans
quelques mss. grecs.
3. Ce nom donné à la huppe des Bestiaires n’est proba-
blement dû qu’au traducteur rencontré par M. le comte
Charles de l’Escalopier dans le collège Mourad, et qui
n’était pas tenu de savoir tout ce que recèle de pièges un
texte du Physiologus. N’y voyant, peut-être, |qu affaire de
version d’une langue à l’autre, il a pu se fier à auelque
vocabulaire ; et Dieu sait où l’on peut être conduit par un
lexique, comme par les formulaires, quand on s’y aban-
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rôles : « Vieilli dans les jours de la perversité », comme on le disait de tes ancê-
tres (aux anciens ?). Tu rajeuniras (tu renaîtras ?) si tu es plongé dans la source éter-
nelle (vivifiante pour toujours?) au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ;
si tu jettes hors de toi l’humanité païenne par tes bonnes œuvres, et si tu te couvres
« de ces nouveaux vêtements faits à l’image de Dieu ».
IX. — LE PHÉNIX L
Le Seigneur a dit : « Je peux conserver ma vie ou la détruire (déposer ?) à mon
gré ».
Il est un oiseau nommé phénix. Tous les cinq cents ans il va aux cèdres du Liban,
et remplit ses ailes d’encens (A aromates ?) ; puis au mois de Barémote ou Parmoude
(Pharmouthi), c’est-à-dire au mois d’Arèque (Ariéki ?), il va porter des nouvelles (.s'an-
nonce, cryj/xajva) au prêtre de la ville d’Arèque (Arouat). Le prêtre alors vient lui présenter
(lui apporte) des sarments de vigne que l’oiseau prend dans ses griffes ; en s’envolant,
il quitte la ville pour se rendre sur l’autel, où il met lui-même le feu aux branches
et se consume. Le jour suivant, le prêtre qui s’est rendu là cherche dans les cendres
et trouve un ver; lequel, après un jour, prenant des ailes, devient petit oiseau. Le troi-
sième jour, il laisse là le prêtre, et se rend à sa demeure ordinaire.
Que si l’oiseau a le pouvoir de se tuer (de se survivre?), ô insensés, comment
reprochez-vous au Christ d’avoir dit : « Je peux reprendre ma vie, aussi bien que la
déposer. » Le phénix est l’image du Christ ; car il est venu du ciel, ses deux ailes
remplies des parfums odoriférants de la vertu (sainteté ?) et des dons célestes. Levons
nos bras vers le ciel, et répandons par nos œuvres la bonne odeur (ïencens ?) de la
vertu2.
X. — LE VANNEAU 3.
Il est un oiseau appelé vanneau (huppe). Lorsque ses petits voient leur père ou leur
mère vieillis, et que leur vue s’est obscurcie, ils se mettent à leur arracher les plumes,
«ontraire de grands secrets divins qui se dévoileront mieux
dans un ordre supérieur. Déjà l’Ancien Testament {Can-
tique) et les commentateurs chrétiens ouvrent de hauts
aperçus que je ne puis pas développer en quelques lignes.
1. Cf. Mélanges, ibid., p. 183, sv. — Spic. Solesm., ibid.,
p. 3à5, sq. — Petr. Damian., ibid., cap. xi {Opp. t. III,
p. 812, sq.) — Zenon. Veron., Serm. de resurrect. (1739,
p. 129; et Bibl. PP., t. III, p. Zil3). — Cyrill. Iiierosol.
Cateches. xvm, 8 {ibid., t. IV, p. 532). — Petr. Vener.,
Contra Petrobrusian. {ibid., t. XXII, p. 1062).
Le Spéculum Ecclesiæ ne se fait pas faute de rappeler
notre indestructible oiseau, à l’occasion du jour de Pâques
(fol. 122). Mais quant aux origines reculées de ce symbole
étrange, le Wennou des Égyptiens a été mis récemment
en lumière par M. E. de Rougé (cf. Nouv. Revue archéol.),
qui nous y fait voir Osiris-soleil, ne devant sa naissance
qu’à lui-même. A ce titre, l’oiseau Wennou figure dans les
peintures funéraires comme symbole du renouvellement
des existences.
Le phénix du Mantic uttair (trad. française, p. 126) est
relégué dans l’Inde parles Persans, et gratifié de nouvelles
prérogatives inconnues aux anciens. Mais comme signifi-
cation, il ne figure plus que le mépris de la vie et de la
mort.
Je ne me rends pas bien compte de ce que prétendait
le chroniqueur syriaque Michel (traduit de l’arménien par
M.V. Langlois, p. 60), lorsqu’il fait reprocher par Salomon,
à la reine du Midi (de Saba), l’adoration du phénix.
2. Cette addition, un peu hétérogène, se retrouve dans
quelques mss. grecs.
3. Ce nom donné à la huppe des Bestiaires n’est proba-
blement dû qu’au traducteur rencontré par M. le comte
Charles de l’Escalopier dans le collège Mourad, et qui
n’était pas tenu de savoir tout ce que recèle de pièges un
texte du Physiologus. N’y voyant, peut-être, |qu affaire de
version d’une langue à l’autre, il a pu se fier à auelque
vocabulaire ; et Dieu sait où l’on peut être conduit par un
lexique, comme par les formulaires, quand on s’y aban-