DU BESTIAIRE : STRASBOURG.
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part des animaux qui rappelleront ici le Physiologus, ont dans la Bible quelque fondement
du symbolisme qu’on leur attribue. Ainsi, l’aigle {ibid., B) qui
s’efforce de faire contempler le soleil par un de ses aiglons,
peut à la rigueur être une allusion au cantique de Moïse
{Denier, xxxu, 11): «Comme l’aigle qui encourage ses petits,
etc. » Ce n’est pas du reste la propriété sur laquelle insistent
les vieux Bestiaires, qui parlent surtout du moyen par lequel
l’aigle est censé se remettre en jeunesse. Mais cela même
s’accorde jusqu’à un certain point avec l’espèce d’apprentissage
que l’oiseau impose à ses petits; puisque avant de se plonger
dans la fontaine, on prétend qu’il va brûler ses vieilles ailes
dans la sphère du soleil. Que si pourtant cette éducation de
l’aiglon manque dans jles plus anciens textes q il faut se
remettre en mémoire que la frise alsacienne est de la fin
du moyen âge. Or, déjà Philippe de Thaun (p. 110, sv.) disait
du roi des oiseaux :
« E quant li oiselet
Sunt el nid petitet
Entre ses pez les prent,
Porte les belement
Al soleil, quant est cler,
Si lur fait esguarder;
E celui k’il verad
Ri plus dreit guarderat,
Cel tent de sun linage,
Guarde le. mult est sage;
Al oisel fait grand lai
Ri n’esguarde le rai,
Ne l’tent de sun linage,
Ce lui le fait salvage,
Jà puis ne Tnurrirat;
E grant essample i at.
Iceo que l’egles prent
Ses oisels belement,
E porte les en hait
Al soleil quant est cald,
Nus dune entendement,
Que li angle ensement
Deit noz anmes porter,
Devant Deu présenter;
La digne recevrai.
Etc. »
L’homme qui lutte contre une licorne {ibid., C) se rapporte
sûrement à la scène que nous allons voir tout à l’heure.
Avant de montrer le symbolisme du lion vivifiant ses lionceaux
(groupe F, p. 154), on représente une sorte de chasse (groupes
D, F) qui exprime la grande force de cet animal redoutable.
De même pour la scène suivante (G), on aura voulu faire
entendre ce que disent presque tous les textes, savoir,
que nulle force ne vient à bout de la licorne. Seule, une
pucelle la fait reposer en son giron; et les veneurs abusent
de cette débonnaireté.
1. Voyez ce qui en était dit dans les Vitraux de Bourges,
n° 70 (p. 127, sv.), à propos d’une verrière de Lyon
(Étude VIII). — Item cf. Maxim. Taurin., Homil. LX
(p. 188, sq.). — Petr. Chrysol., Serm. CLXX (ed. August.,
p. 236). — Gregor. M., Homil. XXIX, n° 10 (t. V, p. 285). —
Gervaise publié par P. Meyer dans Romania (t. I, p. 437).
L’auteur quelconque du traité De sacramentis novi sa-
cn/?cü(Biblioth. PP., t. XXIV, p.1277), que le défunt llortu
deliciarum attribuait kPetrus Anshelmi, el dont la propriété
littéraire est fort débattue sans avoir été bien éclaircie, dit
dans son chapitre xxv :
Ara crucis lignum, signatque calix monum )
Hic obit, hic dormit Christus ; dat utrumque mom j eri um
Agnus in hoc, leo fortis in hoc surrexit; et) .
Astra petens, aquilas trahit ad se spiritu j a es'
I. — 20
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part des animaux qui rappelleront ici le Physiologus, ont dans la Bible quelque fondement
du symbolisme qu’on leur attribue. Ainsi, l’aigle {ibid., B) qui
s’efforce de faire contempler le soleil par un de ses aiglons,
peut à la rigueur être une allusion au cantique de Moïse
{Denier, xxxu, 11): «Comme l’aigle qui encourage ses petits,
etc. » Ce n’est pas du reste la propriété sur laquelle insistent
les vieux Bestiaires, qui parlent surtout du moyen par lequel
l’aigle est censé se remettre en jeunesse. Mais cela même
s’accorde jusqu’à un certain point avec l’espèce d’apprentissage
que l’oiseau impose à ses petits; puisque avant de se plonger
dans la fontaine, on prétend qu’il va brûler ses vieilles ailes
dans la sphère du soleil. Que si pourtant cette éducation de
l’aiglon manque dans jles plus anciens textes q il faut se
remettre en mémoire que la frise alsacienne est de la fin
du moyen âge. Or, déjà Philippe de Thaun (p. 110, sv.) disait
du roi des oiseaux :
« E quant li oiselet
Sunt el nid petitet
Entre ses pez les prent,
Porte les belement
Al soleil, quant est cler,
Si lur fait esguarder;
E celui k’il verad
Ri plus dreit guarderat,
Cel tent de sun linage,
Guarde le. mult est sage;
Al oisel fait grand lai
Ri n’esguarde le rai,
Ne l’tent de sun linage,
Ce lui le fait salvage,
Jà puis ne Tnurrirat;
E grant essample i at.
Iceo que l’egles prent
Ses oisels belement,
E porte les en hait
Al soleil quant est cald,
Nus dune entendement,
Que li angle ensement
Deit noz anmes porter,
Devant Deu présenter;
La digne recevrai.
Etc. »
L’homme qui lutte contre une licorne {ibid., C) se rapporte
sûrement à la scène que nous allons voir tout à l’heure.
Avant de montrer le symbolisme du lion vivifiant ses lionceaux
(groupe F, p. 154), on représente une sorte de chasse (groupes
D, F) qui exprime la grande force de cet animal redoutable.
De même pour la scène suivante (G), on aura voulu faire
entendre ce que disent presque tous les textes, savoir,
que nulle force ne vient à bout de la licorne. Seule, une
pucelle la fait reposer en son giron; et les veneurs abusent
de cette débonnaireté.
1. Voyez ce qui en était dit dans les Vitraux de Bourges,
n° 70 (p. 127, sv.), à propos d’une verrière de Lyon
(Étude VIII). — Item cf. Maxim. Taurin., Homil. LX
(p. 188, sq.). — Petr. Chrysol., Serm. CLXX (ed. August.,
p. 236). — Gregor. M., Homil. XXIX, n° 10 (t. V, p. 285). —
Gervaise publié par P. Meyer dans Romania (t. I, p. 437).
L’auteur quelconque du traité De sacramentis novi sa-
cn/?cü(Biblioth. PP., t. XXIV, p.1277), que le défunt llortu
deliciarum attribuait kPetrus Anshelmi, el dont la propriété
littéraire est fort débattue sans avoir été bien éclaircie, dit
dans son chapitre xxv :
Ara crucis lignum, signatque calix monum )
Hic obit, hic dormit Christus ; dat utrumque mom j eri um
Agnus in hoc, leo fortis in hoc surrexit; et) .
Astra petens, aquilas trahit ad se spiritu j a es'
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