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MÉLANGES d’aRCIIÉOLOG 1E.
Selon J. Schweighæuser 1 et Grandiclier 2, les trois groupes consacrés au lion signi-
fieraient Daniel dans la fosse de Babylone. J’y admettrais tout au plus le souvenir de
Samson et de David; pourvu que le lion du Bestiaire (groupe F) y eût aussi son rôle
(cf. supra, p. 97, médaillon 12). Mais le lion étant donné comme
symbole de Notre-Seigneur, ou de son Père qui le ressuscite,
nous ne voyons pas le grand honneur qui serai t revenu à Samson
et à David pour avoir exterminé un animal de si haut rang
dans le mysticisme.
Quanta la licorne attirée par une vierge (groupe G), nous en
savons l’histoire et l’interprétation (cf. supra, p. 132; et Caractéris-
tiques des saints dans l’art populaire, p. 45, sv.). — Jouas vient après
(groupe 11, p. 155) ; il est rejeté par le monstre marin, et c’est
peut-être lui encore qui pénètre dans la petite tour destinée à
représenter une porte de Ninive. — Le serpent du désert (groupe I)
élevé par Moïse aux yeux du peuple israélite (Num. xxi, 9), est
assez connu pour ne pas exiger de commentaire (cf. supra, h. t.,
p. 93, 95, 97). Ce sont des types bibliques destinés à montrer
d’avance Notre-Seigneur, et qui rehaussent d’autant plus les em-
prunts faits à un livre (le Bestiaire) de valeur beaucoup moindre.—
Le pélican sur sa piété (K) n’a pas besoin d’explication nouvelle,
si l'on veut bien se référer à ce que nous en avons dit trois ou
quatre fois précédemment3 (cf. supra, p. 97, médaillon 11). —
Le sens du phénix dans les flammes (L) n’est pas moins clair, après
les détails tant de fois accordés à ce merveilleux animal4. N’écou-
tons pas les prétextes qui pousseraient à redites abusives, ou à
montre de science plus encombrante qu’opportune.
Il manque vers cet endroit, dans les gravures du P. A. Martin,
une scène qui correspond peut-être à ce que Jos. Schweighæuser
et Grandidier5 prenaient pour les ours du prophète Elisée (Il
Reg. h, 24). Pour moi, je ne réussis pas à y découvrir autre
chose qu’une chasse à l’ours (ou à la licorne) et au sanglier. Si
l’on prétendait que ce n’est plus là du symbolisme, ce serait bien-
tôt dit; encore faudra-t-il le prouver. Qui n’a vu sur les vieux
sarcophages chrétiens les nombreux bas-reliefs consacrés à des
scènes de vénerie! Toutes n’avaient pas été sculptées sur la com-
1. Description nouvelle de la cathédrale de Strasbourg (1780), p. 98, sv.
2. Essais historiques et topographiques sur l'église cathédrale de Strasbourg (î 782),
p. 222.
3. Cf. supra, h. t., p. 121. On trouve une série passablement analogue à celle de Stras-
bourg, dans l’église des Cisterciens de Neuberg en Styrie (xve siècle) ; mais en manière
de consoles sous des retombées d’arceaux.
Zi. Cf. supra, h. t., p. 123; et nos Mélanges, Ire série, t. IV, p. A8, sv.
5. Ces deux auteurs ont bien l’air de répéter l’un après l’autre quelque leçon trans-
mise de père en fils par des ciceroni ou suisses de la cathédrale, aux visiteurs bonnes
personnes; et l’origine importe assez peu, si 1 explication est évidemment fausse. Or, je
ne saurais mettre en doute l’erreur du guide strasbourgeois, à la vue du dessin fait
sur place avec une assez bonne lorgnette, ou de la photographie numérotée B 9 et B 10.
MÉLANGES d’aRCIIÉOLOG 1E.
Selon J. Schweighæuser 1 et Grandiclier 2, les trois groupes consacrés au lion signi-
fieraient Daniel dans la fosse de Babylone. J’y admettrais tout au plus le souvenir de
Samson et de David; pourvu que le lion du Bestiaire (groupe F) y eût aussi son rôle
(cf. supra, p. 97, médaillon 12). Mais le lion étant donné comme
symbole de Notre-Seigneur, ou de son Père qui le ressuscite,
nous ne voyons pas le grand honneur qui serai t revenu à Samson
et à David pour avoir exterminé un animal de si haut rang
dans le mysticisme.
Quanta la licorne attirée par une vierge (groupe G), nous en
savons l’histoire et l’interprétation (cf. supra, p. 132; et Caractéris-
tiques des saints dans l’art populaire, p. 45, sv.). — Jouas vient après
(groupe 11, p. 155) ; il est rejeté par le monstre marin, et c’est
peut-être lui encore qui pénètre dans la petite tour destinée à
représenter une porte de Ninive. — Le serpent du désert (groupe I)
élevé par Moïse aux yeux du peuple israélite (Num. xxi, 9), est
assez connu pour ne pas exiger de commentaire (cf. supra, h. t.,
p. 93, 95, 97). Ce sont des types bibliques destinés à montrer
d’avance Notre-Seigneur, et qui rehaussent d’autant plus les em-
prunts faits à un livre (le Bestiaire) de valeur beaucoup moindre.—
Le pélican sur sa piété (K) n’a pas besoin d’explication nouvelle,
si l'on veut bien se référer à ce que nous en avons dit trois ou
quatre fois précédemment3 (cf. supra, p. 97, médaillon 11). —
Le sens du phénix dans les flammes (L) n’est pas moins clair, après
les détails tant de fois accordés à ce merveilleux animal4. N’écou-
tons pas les prétextes qui pousseraient à redites abusives, ou à
montre de science plus encombrante qu’opportune.
Il manque vers cet endroit, dans les gravures du P. A. Martin,
une scène qui correspond peut-être à ce que Jos. Schweighæuser
et Grandidier5 prenaient pour les ours du prophète Elisée (Il
Reg. h, 24). Pour moi, je ne réussis pas à y découvrir autre
chose qu’une chasse à l’ours (ou à la licorne) et au sanglier. Si
l’on prétendait que ce n’est plus là du symbolisme, ce serait bien-
tôt dit; encore faudra-t-il le prouver. Qui n’a vu sur les vieux
sarcophages chrétiens les nombreux bas-reliefs consacrés à des
scènes de vénerie! Toutes n’avaient pas été sculptées sur la com-
1. Description nouvelle de la cathédrale de Strasbourg (1780), p. 98, sv.
2. Essais historiques et topographiques sur l'église cathédrale de Strasbourg (î 782),
p. 222.
3. Cf. supra, h. t., p. 121. On trouve une série passablement analogue à celle de Stras-
bourg, dans l’église des Cisterciens de Neuberg en Styrie (xve siècle) ; mais en manière
de consoles sous des retombées d’arceaux.
Zi. Cf. supra, h. t., p. 123; et nos Mélanges, Ire série, t. IV, p. A8, sv.
5. Ces deux auteurs ont bien l’air de répéter l’un après l’autre quelque leçon trans-
mise de père en fils par des ciceroni ou suisses de la cathédrale, aux visiteurs bonnes
personnes; et l’origine importe assez peu, si 1 explication est évidemment fausse. Or, je
ne saurais mettre en doute l’erreur du guide strasbourgeois, à la vue du dessin fait
sur place avec une assez bonne lorgnette, ou de la photographie numérotée B 9 et B 10.