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MÉLANGES D ARCHÉOLOGIE.
le sens de la Sagesse (Prov. xviii, 22; — Eccli. vii, 21; xxvt, 1-21 ; etc.); mais elle est
pins puissante, en bien comme en mal, que ne l’imaginent les âmes désertées par la con-
science. L’histoire du christianisme surtout en fait foi pour quiconque sait lire; et un
coup d’œil attentif sur l’intérieur des familles l’apercevrait chaque jour. On y voit sans
cesse quelque reflet de cette toute-puissance par sollicitation (omnipotentia supplex)
que les SS. Pères reconnaissent à la Reine des Vierges. Ainsi notre ancien proverbe
avait un sens plus profond que certains ne le soupçonnent, en disant : « Ce que
femme veut, Dieu le veut ». Si en effet elle veut avec Celui qui doit régler nos
volontés à nous tous, son atteinte est comme inévitable tôt ou tard. Et voilà pour-
quoi l’Esprit-Saint vante la femme forte (Prov. xxxi, 10), tout en regrettant qu’on
ne la rencontre guère. Forte contre elle-même avant tout, elle vaincrait peu à peu
n’importe quelle résistance. Ce qui la rend très-particulièrement périlleuse pour elle-
même comme pour autrui, c’est qu’elle agit par une fascination dont l’ivresse en-
traîne trop de fois la charmeuse toute la première, en lui faisant prendre un goût égoïste
et lâche à son rôle où du moyen on fait le but. En pareil cas, influence et perversion
déshonorantes sont fort bien résumées par le nom de maîtresse, qui ruine et détruit
l’esclave; précisément le contraire des fonctions d’une épouse, qui doit être aide,
honneur et décharge quotidienne des sollicitudes domestiques (Gen. n, 18, 20; — Prov.
xxxi, 25, et xiv, 1).
Toute cette suite d’enseignements se clôt par une rencontre armée entre l’homme
et la femme (groupe X), sous forme de paladins semi-animaux L L’homme porte des
armes défensives et offensives; mais la femme n’a l’air de tenir qu’un petit bouclier2,
comme pour masquer son visage ou le montrer au besoin. Ses pattes sont celles
d’une harpie, et sa queue annoncerait un quadrupède. C’est le cas de citer avec
M. llippeau 3, d’après M. Achille Jubinal, ces vers d’un jongleur que je puis bien
transcrire, puisque j’ai fait précédemment mes réserves aux malédictions contre la
descendance féminine d’Eve :
0 Famé est serpens, por gramment poindre.
Famé est chevaus de grant ardure,
Famé est dragons d’autre nature.
Famé est gorpil, por tout deçoivrc,
Famé est orse, por tout reçoivre.
Famé est rate, por tout confondre,
Famé est soris, por soi repondre,
Famé est le jor comme mauvis,
Famé est la nuit chauve-souris,
Famé est huans, famé est fresaie. »
Selon l’ordre adopté par le P. A. Martin, l’avant-dernier groupe Y serait la lutte de
l’homme (centaure) avec un lion. Je me trompe fort si cela 11e veut pas dire que
1. Les photographies de Ch. Winter intervertissent ici
l’ordre suivi par le P. Martin; je suis très-porté à croire
que celui-ci a dû voir mieux. La série des idées semble
établie avec un ordre plus naturel dans la disposition de
mes gravures.
2. La photographie (A 10), d’après l’édition strasbour-
geoise de Ch. Winter, permet de supposer que la femme
tient une lance ou un javelot, qui est peut-être perdu dans
l’ombre sur l’arrière-plan.
3. Le Bestiaire, divin, p. 53, sv.
MÉLANGES D ARCHÉOLOGIE.
le sens de la Sagesse (Prov. xviii, 22; — Eccli. vii, 21; xxvt, 1-21 ; etc.); mais elle est
pins puissante, en bien comme en mal, que ne l’imaginent les âmes désertées par la con-
science. L’histoire du christianisme surtout en fait foi pour quiconque sait lire; et un
coup d’œil attentif sur l’intérieur des familles l’apercevrait chaque jour. On y voit sans
cesse quelque reflet de cette toute-puissance par sollicitation (omnipotentia supplex)
que les SS. Pères reconnaissent à la Reine des Vierges. Ainsi notre ancien proverbe
avait un sens plus profond que certains ne le soupçonnent, en disant : « Ce que
femme veut, Dieu le veut ». Si en effet elle veut avec Celui qui doit régler nos
volontés à nous tous, son atteinte est comme inévitable tôt ou tard. Et voilà pour-
quoi l’Esprit-Saint vante la femme forte (Prov. xxxi, 10), tout en regrettant qu’on
ne la rencontre guère. Forte contre elle-même avant tout, elle vaincrait peu à peu
n’importe quelle résistance. Ce qui la rend très-particulièrement périlleuse pour elle-
même comme pour autrui, c’est qu’elle agit par une fascination dont l’ivresse en-
traîne trop de fois la charmeuse toute la première, en lui faisant prendre un goût égoïste
et lâche à son rôle où du moyen on fait le but. En pareil cas, influence et perversion
déshonorantes sont fort bien résumées par le nom de maîtresse, qui ruine et détruit
l’esclave; précisément le contraire des fonctions d’une épouse, qui doit être aide,
honneur et décharge quotidienne des sollicitudes domestiques (Gen. n, 18, 20; — Prov.
xxxi, 25, et xiv, 1).
Toute cette suite d’enseignements se clôt par une rencontre armée entre l’homme
et la femme (groupe X), sous forme de paladins semi-animaux L L’homme porte des
armes défensives et offensives; mais la femme n’a l’air de tenir qu’un petit bouclier2,
comme pour masquer son visage ou le montrer au besoin. Ses pattes sont celles
d’une harpie, et sa queue annoncerait un quadrupède. C’est le cas de citer avec
M. llippeau 3, d’après M. Achille Jubinal, ces vers d’un jongleur que je puis bien
transcrire, puisque j’ai fait précédemment mes réserves aux malédictions contre la
descendance féminine d’Eve :
0 Famé est serpens, por gramment poindre.
Famé est chevaus de grant ardure,
Famé est dragons d’autre nature.
Famé est gorpil, por tout deçoivrc,
Famé est orse, por tout reçoivre.
Famé est rate, por tout confondre,
Famé est soris, por soi repondre,
Famé est le jor comme mauvis,
Famé est la nuit chauve-souris,
Famé est huans, famé est fresaie. »
Selon l’ordre adopté par le P. A. Martin, l’avant-dernier groupe Y serait la lutte de
l’homme (centaure) avec un lion. Je me trompe fort si cela 11e veut pas dire que
1. Les photographies de Ch. Winter intervertissent ici
l’ordre suivi par le P. Martin; je suis très-porté à croire
que celui-ci a dû voir mieux. La série des idées semble
établie avec un ordre plus naturel dans la disposition de
mes gravures.
2. La photographie (A 10), d’après l’édition strasbour-
geoise de Ch. Winter, permet de supposer que la femme
tient une lance ou un javelot, qui est peut-être perdu dans
l’ombre sur l’arrière-plan.
3. Le Bestiaire, divin, p. 53, sv.