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MÉLANGES D AllCIIÉOLOGIE.
de même les autres ont mis à mort les prophètes et le Sauveur Jésus-Christ, avec
leur mère terrestre, qui est Jérusalem. » C’est à peu près le langage des textes grecs
et arméniens1. Voyez aussi Gervaise (.Romania, t. I, p. /j33), sous le mot Vuiore.
N’omettons pourtant pas ce qui n’est point du tout un hors-d’œuvre, comme on va
le voir tout à l’heure. Quand Jésus-Christ répète aux Pharisiens les malédictions de
Jean-Baptiste (Matth. xxiii, 13-37), il leur adresse en outre ce reproche : « Vous
élevez des sépulcres aux prophètes, et vous ornez leurs monuments; comme pour
protester contre les attentats de vos pères. Mais comblez vous-mêmes la mesure de
leur iniquité. Car je vous enverrai des prophètes aussi, avec des docteurs; et vous
les crucifierez, vous les chasserez... Ainsi retombera sur vos têtes le sang, de tous les
justes mis à mort depuis Abel, etc. »
Dès lors nous ne rencontrons plus de difficulté pour comprendre ce que vient faire
le saint Précurseur au chapiteau C. C’était de lui qu’on s’autorisait pour interpréter le
sens spirituel de la wivre 2. Il maudit les Pharisiens et leur annonce la vengeance
céleste. Or, nous le trouvons ici baptisant Notre-Seigneur dans le Jourdain, et s’humi-
liant toutefois en présence de celui qui est proclamé Fils de Dieu par la voix d’en
haut. Dans la scène voisine, du même chapiteau, il serait fort tolérable devoir accourir
les pénitents qui viennent écouter Jean-Baptiste dans le désert. Je crois néanmoins
qu’il s’agit plutôt d’une autre prédication faite par lui aux patriarches qui attendaient
la venue de Jésus-Christ dans les limbes. Ainsi s’expliquerait mieux, si je ne me
trompe, la croix que Jean-Baptiste arbore devant ses auditeurs. Elle voudrait dire :
Le grand mystère de votre délivrance va s’effectuer prochainement, ou même est
accompli déjà. Cette narration se trouve très-développée par l’Évangile apocryphe
de Nicodème3. Les trois personnages qui entendent cette bonne nouvelle ont la tête
1. Spic. Sol., t. III, p. 3Zi7 ; et 379, sq.— Supra, p. 12Zi, sq.
2. Luc. in, 7-9 —Cf. Matlh. xxiii, 27-39.
3. Cf. J.C.Thilo, Cod. apocryph. Novi Testamenti, p. 674-
698 (.Evangel. Nicodemi, cap. xvm, sq.). Les notes du docle
éditeur allemand méritent d’être consultées. Donnons un
abrégé du récit développé un peu au long dans son pseudo-
Évangile.
Une lumière merveilleuse pénètre dans les limbes à l’in-
stant où le corps du Sauveur vient d’être déposé au tom-.
beau. Isaïe reconnaît toud d’un coup que c’est l’accomplis-
sement des paroles qui lui avaient été inspirées (Isai. ix, 2).
Alors le vieillard Siméon s’empresse de raconter que lui-
même a reçu entre ses bras et reconnu l’enfant béni qui
doit éclairer toutes les nations (Luc. ii, 27-32). Mais
Jean-Baptiste s’approche et rappelle la descente du Saint-
Esprit, qu’il a vu s’arrêter sur le Sauveur. Là-dessus Adam
appelle son fils Setb, et lui fait redire la prophétie qui avait
consolé les derniers moments de notre père à tous. Etc.
En conséquence, il serait permis de reconnaître Adam,
Setli et Isaïe dans ceux qui écoutent Jean-Baptiste.
MÉLANGES D AllCIIÉOLOGIE.
de même les autres ont mis à mort les prophètes et le Sauveur Jésus-Christ, avec
leur mère terrestre, qui est Jérusalem. » C’est à peu près le langage des textes grecs
et arméniens1. Voyez aussi Gervaise (.Romania, t. I, p. /j33), sous le mot Vuiore.
N’omettons pourtant pas ce qui n’est point du tout un hors-d’œuvre, comme on va
le voir tout à l’heure. Quand Jésus-Christ répète aux Pharisiens les malédictions de
Jean-Baptiste (Matth. xxiii, 13-37), il leur adresse en outre ce reproche : « Vous
élevez des sépulcres aux prophètes, et vous ornez leurs monuments; comme pour
protester contre les attentats de vos pères. Mais comblez vous-mêmes la mesure de
leur iniquité. Car je vous enverrai des prophètes aussi, avec des docteurs; et vous
les crucifierez, vous les chasserez... Ainsi retombera sur vos têtes le sang, de tous les
justes mis à mort depuis Abel, etc. »
Dès lors nous ne rencontrons plus de difficulté pour comprendre ce que vient faire
le saint Précurseur au chapiteau C. C’était de lui qu’on s’autorisait pour interpréter le
sens spirituel de la wivre 2. Il maudit les Pharisiens et leur annonce la vengeance
céleste. Or, nous le trouvons ici baptisant Notre-Seigneur dans le Jourdain, et s’humi-
liant toutefois en présence de celui qui est proclamé Fils de Dieu par la voix d’en
haut. Dans la scène voisine, du même chapiteau, il serait fort tolérable devoir accourir
les pénitents qui viennent écouter Jean-Baptiste dans le désert. Je crois néanmoins
qu’il s’agit plutôt d’une autre prédication faite par lui aux patriarches qui attendaient
la venue de Jésus-Christ dans les limbes. Ainsi s’expliquerait mieux, si je ne me
trompe, la croix que Jean-Baptiste arbore devant ses auditeurs. Elle voudrait dire :
Le grand mystère de votre délivrance va s’effectuer prochainement, ou même est
accompli déjà. Cette narration se trouve très-développée par l’Évangile apocryphe
de Nicodème3. Les trois personnages qui entendent cette bonne nouvelle ont la tête
1. Spic. Sol., t. III, p. 3Zi7 ; et 379, sq.— Supra, p. 12Zi, sq.
2. Luc. in, 7-9 —Cf. Matlh. xxiii, 27-39.
3. Cf. J.C.Thilo, Cod. apocryph. Novi Testamenti, p. 674-
698 (.Evangel. Nicodemi, cap. xvm, sq.). Les notes du docle
éditeur allemand méritent d’être consultées. Donnons un
abrégé du récit développé un peu au long dans son pseudo-
Évangile.
Une lumière merveilleuse pénètre dans les limbes à l’in-
stant où le corps du Sauveur vient d’être déposé au tom-.
beau. Isaïe reconnaît toud d’un coup que c’est l’accomplis-
sement des paroles qui lui avaient été inspirées (Isai. ix, 2).
Alors le vieillard Siméon s’empresse de raconter que lui-
même a reçu entre ses bras et reconnu l’enfant béni qui
doit éclairer toutes les nations (Luc. ii, 27-32). Mais
Jean-Baptiste s’approche et rappelle la descente du Saint-
Esprit, qu’il a vu s’arrêter sur le Sauveur. Là-dessus Adam
appelle son fils Setb, et lui fait redire la prophétie qui avait
consolé les derniers moments de notre père à tous. Etc.
En conséquence, il serait permis de reconnaître Adam,
Setli et Isaïe dans ceux qui écoutent Jean-Baptiste.