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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

temps de la rentrée des récoltes, représente la vigilance du propriétaire sur ses moisson-
neurs ; mais aussi ses aumônes pour moyenner dans un plus lointain avenir des ressources
qui dépassent la fortune présente, et fassent un placement accepté au ciel. Car les vues
ultérieures doivent s’emparer alors de l’esprit, sous peine de n’être jamais réalisées. — En
effet, septembre est un gueux qui cherche sa vie au jour le jour; parce que passé cinquante
ans, il faut presque renoncer à l’amélioration du sort fixé par cet âge. — Octobre peint le
père et la mère assis à une table que garnissent leurs fils et filles déjà grands. On jouit
alors (soixante et quelques années) du fruit de ses soins antérieurs ; le temps ne se prêtant
plus guère à l’activité qui accroît, mais seulement à la sagesse qui maintient. —A partir
de novembre, tout n’est plus jouissance, tant s’en faut. Le maître de la maison s’accoude
dolent sur son fauteuil, ne voulant pas encore s’aliter tout de bon; et le médecin augure
mal de la fiole aux urines 1 qu’il considère magistralement, sans se prononcer sur l’issue de
la crise. — Décembre clôt naturellement la série par la mort, ou peu s’en faut. L’homme est
au lit, exhorté par un prêtre, et tenant en main le cierge qui symbolise la foi de l’agoni-
sant (credidit, comme parle l’Église dans la recommandation de l’âme à Dieu). Les parents
ou serviteurs s’exclament à l’entour, et ne songent probablement pas que même sort
attend bientôt chacun d’eux.
Une autre année s’ouvrira sans que le soleil rompe sa course sur ce tombeau, et pour ce
deuil d’une famille qui ne sera pas inconsolable, quoi qu’en disent les épitaphes. Le monde
ira donc son train comme ci-devant, de sorte qu’il sera toujours utile de lui présenter
constamment ce miroir où reconnaîtra la vie humaine qui voudra. Ce ne sera du moins
pas la faute de la voix qui crie dans le désert, et quelques-uns en feront leur profit à temps.
Toute fleur donne-t-elle son fruit? Cependant Dieu maintient son œuvre, pour valoir jus-
qu’aux temps marqués d’avance.
Plus bas (page 284), pour mieux saisir la direction intérieure que nos pères entendaient
joindre à la théorie des saisons successives, on verra un calendrier portatif qui formait
poignée d’un bâton épiscopal ou abbatial. Le P. A. Martin Lavait introduit dans sa
collection de crosses [Mélanges..., Ve série, t. IV, p. 180, svv.), et sa reproduction peut
ne pas être inutile quand le sujet actuel lui donne un à-propos tout particulier.
Sans faire aucune subtilisation cosmologique dans ce que j’ai à dire ici sur les signes
du zodiaque, classons-les avec nos almanachs populaires en comptes ronds] (comme on
dit) : Verseau, vers la fin de janvier; Poissons, item pour février; Bélier, en mars; Tau-
reau, avril; Gémeaux, mai; Cancer, juin; Lion, juillet; Vierge, août; Balance, septembre;
Scorpion, octobre; Sagittaire, novembre; Capricorne, décembre-janvier.
Sur cette moralisation des mois,’ comme sur celle des âges de la vie humaine, il y
aurait fort à dire si l’on voulait faire étalage d’érudition. Mais il ne s’agit que d’in-
diquer certains aperçus utiles, pour mettre en éveil les esprits qui veulent étudier, et
qui profiteront du simple signal que je leur donne cette fois en passant.
Honorius d’Autun, dans son manuel des prédicateurs [Spéculum Ecclesiœ, fol. 251, sqq.),
parlant de la venue du Maître qui veut que nous soyons toujours prêts à le recevoir
(Matth. xiv ; — Luc. xn ; etc.), compare longuement la vie humaine aux veilles de la nuit.
Ces quatre veilles, dit-il, sont les saisons de l’année ; et les trois heures de chacune repré-
sentent les trois mois du printemps, de l’été, de l’automne et de l’hiver. Les saisons aussi
1. Cf. Caractéristiques des saints, dans l'Art populaire, p. 137, 639, etc., à propos des docteurs en médecine.
 
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